Synthèse de la Rédaction internationale Le retard pris en Guinée pour organiser le second tour de l'élection présidentielle, premier scrutin libre dans ce pays qui n'a connu depuis son indépendance que la dictature, suscite des craintes, la société civile parlant de «menace» pour la démocratie. Signe que ces craintes s'étendent aux pays voisins, les présidents burkinabé et sénégalais Blaise Compaoré et Abdoulaye Wade se sont rendus, séparément, à Conakry cette semaine afin d'encourager les acteurs politiques guinéens à s'entendre sur ce second tour. Compaoré, médiateur dans la crise guinéenne, a souhaité qu'il ait lieu «le plus rapidement possible» et Wade l'a comparé à «l'ascension d'une montagne, c'est le dernier pas qui est difficile. Faites un tout petit effort (...) pour arriver au sommet». Le Mouvement social guinéen (syndicats, patronat et société civile), a proposé le 22 août «au plus tard», estimant que «le silence inquiétant sur la date du second tour constitue une menace pour la transition. Les agissements de certains responsables au plus haut niveau de l'Etat démontrent une volonté manifeste de compromettre la poursuite du processus». Organisé le 27 juin dans la liesse et le calme, le 1er tour a cependant été marqué par des fraudes : ses résultats ont donné lieu à plusieurs recours qui ont retardé leur publication officielle au 20 juillet. Restent en lice l'ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo arrivé en tête avec 43,69% des voix et l'opposant de toujours à tous les régimes en place depuis l'indépendance en 1958, Alpha Condé (18,25%). Depuis le 20 juillet, ils ont noué des alliances, Diallo bénéficiant du soutien de Sidya Touré arrivé troisième avec 13,62% des voix et Condé de celui de Lansana Kouyaté, arrivé quatrième avec 7,04%. Selon la loi, le 2e tour aurait dû se tenir 14 jours après la proclamation officielle des résultats du 1er tour, soit le 4 août. Mais pour mieux le préparer et éviter que ne se reproduisent les fraudes et irrégularités du 1er tour, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a demandé un délai, accordé le 3 août par la Cour suprême qui n'a pas fixé de date limite pour le second tour. Depuis la mort en décembre 2008 de Lansana Conté, président autoritaire qui avait succédé en 1984 au «père de l'indépendance», le dictateur Sékou Touré, la Guinée est dirigée par un régime de transition, aujourd'hui présidé par le général Sékouba Konaté qui a organisé le scrutin.