De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Les importations «spécial Ramadhan» de viandes et la constitution de stocks de plusieurs denrées alimentaires par le gouvernement «sur instruction du chef de l'Etat» ne semblent pas rassurer les familles qui craignent de subir (comme d'habitude) les conséquences d'un marché complètement incontrôlé au moment où les organismes censés les protéger se cachent derrière «la loi du marché libre» pour justifier leur inefficacité ou «complicité». Les mesures prises par le gouvernement «pour protéger le consommateur» seraient incapables de lutter contre l'ampleur des ramifications des trafiquants en tout genre qui pullulent dans les marchés et les réseaux de stockage et de distribution à l'échelle de tout le pays. Cette situation est aggravée par le fait que les sanctions ne seraient appliquées que «partiellement et sélectivement» à l'encontre des contrevenants qui seraient à l'abri de la justice. L'impunité. «Quand tout un gouvernement est incapable de contrôler le souk des importations, n'arrive pas à soumettre à la loi des barons de l'import-import, comment voulez-vous que des marchés anarchiques situés dans le fin fond de nos localités obéissent aux normes qui régissent notre profession clochardisée ?» résume un mandataire de fruits et légumes au marché de Tadmaït. «Quand la fraude n'est pas punie, tout peut arriver dans nos marchés», ajoute-t-il, donnant pour exemple des produits de première nécessité qui sont importés spécialement pour juguler la spéculation sur le marché mais n'atterrissent jamais dans l'assiette «des pauvres citoyens» parce que des «charognards de la distribution» jonglent avec la loi de l'offre et de la demande qui se trouve davantage chamboulée durant ce mois de carême. Il prévoit que l'écrasante majorité des Algériens ne connaîtra pas le goût de la viande qui sera importée de l'Inde et du Soudan à l'occasion du Ramadhan. A ce sujet, un boucher qui a pignon sur rue à Tizi Ouzou, où il possède de multiples points de vente et de distribution, nous a déclaré qu'il n'adhérera pas au plan du gouvernement de régulation du marché des viandes rouge et blanche.«Que les responsables de ces importations de viandes ne comptent pas sur moi pour marcher dans leur plan ; je n'achèterai pas un kilo de cette viande qui vient des pays étrangers pour deux raisons : étant moi-même éleveur, je ne vais pas me mettre dans l'embarras de la concurrence et sur un pied d'égalité la qualité de ma viande avec celle de l'Inde ou d'un autre pays ; secundo, si réellement l'Etat pense aux pauvres Algériens, il n'a qu'à baisser le prix des aliments de bétail et aider les agriculteurs pour que les prix de détail des viandes soient accessibles à toutes les bourses. Pour moi, ces mesures ne sont que de la poudre aux yeux, c'est pour surtout jouer avec les émotions du peuple et renforcer la maffia de l'importation ; vous verrez bien que les prix ne baisseront pas durant ce mois de Ramadhan !» soutient-il. Selon des informations rapportées cette semaine par la presse, environ 200 tonnes de poisson congelé seront importées et mises sur le marché dès la première semaine de Ramadhan en plus de l'importation de 5 000 t de viande congelée, de 10 000 t de viande ovine fraîche et de l'achat auprès des producteurs algériens de 4 000 t de viande blanche. Sur les étals des marchands de la wilaya de Tizi Ouzou, les choses sont tout autres pour le moment. Ainsi, en l'espace de quelques heures, le prix de la viande blanche est passé de 240 dinars en moyenne le kilogramme à 300 dinars dans la majorité des boucheries de la région de Kabylie. Cependant, les prix des fruits et légumes (qui demeurent très élevés déjà durant toute l'année) n'ont pas connu une flambée extraordinaire au chef-lieu de wilaya de Tizi Ouzou. L'avenir immédiat reste incertain dans ce domaine en Algérie.