Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad L'agriculture ne va pas bien en Kabylie comme le rappellent à chaque occasion les plaintes des agriculteurs impliqués dans les divers segments du secteur. Des contraintes bureaucratiques d'accès aux aides et avantages fiscaux officiellement destinés aux fellahs en passant par le marché informel et les diverses spéculations qui portent fortement atteinte à la crédibilité de cette activité de première importance pour «la sécurité alimentaire» du pays. Les blocages ne manquent pas et font que beaucoup de professionnels cèdent, abandonnent ou se convertissent «comme tout le monde» à leur tour au étier peinard de spéculateur au moment où seulement une petite minorité de fellahs amoureux de la terre se battent pour faire reconnaître leurs droits et gravir les échelons sociaux par la seule sueur de leur front.Pour «relancer» l'agriculture dans la wilaya de Tizi Ouzou, une enveloppe financière estimée à 1 milliard de dinars pour 2009 a été votée dans ce sens, selon un chiffre disponible au niveau du secteur de wilaya. Une cagnotte cédée dans le cadre du programme du gouvernement qui voudrait redonner sa place au secteur de l'agriculture, comme l'explique un cadre du domaine. Parce que l'Algérie, qui a importé pour 8 milliards de dollars en 2008, a toutes les raisons de s'inquiéter et d'avoir des craintes pour son indépendance vis-à-vis des institutions monétaires internationales et surtout pour sa stabilité et sa sécurité intérieure. Pour le moment, «les individus, dont des sénateurs» qui détournent les aides publiques destinées aux fellahs et «les barons et puissants lobbies» que dénoncent l'union libre des agriculteurs, semblent continuer leur besogne payante de destruction de l'économie algérienne. Cela dit, la wilaya de Tizi Ouzou, qui a connu une baisse de la production céréalière, dispose de potentialités énormes en la matière. Des potentialités qui ont seulement besoin d'encouragement, d'une meilleure exploitation et diversification, mais aussi de «justice» dans le bénéfice des décisions prises à leur égard dans les institutions de l'Etat. A ce propos, récemment, une association d'agriculteurs de la wilaya de Tizi Ouzou a «dénoncé» la politique de «deux poids, deux mesures» appliquée aux agriculteurs de cette wilaya, suite à leur «exclusion» des décisions d'effacement de la dette des agriculteurs prises par le chef de l'Etat. Pour l'année 2008, les services de l'agriculture ont relevé une «nette» augmentation de la production de l'huile d'olive, des viandes rouges et blanches, du miel et du lait. On explique cette augmentation par la politique de «reconversion» qui accorde plus d'intérêt à l'arboriculture et la viticulture suivant les spécificités de la région. Tizi Ouzou, qui compte environ 4 200 apiculteurs (29 000 ruches), a produit 2 500 quintaux de miel cette année contre 2 800 quintaux en 2008, d'après un bilan de la direction de l'agriculture. Une baisse importante qu'on attribue officiellement aux «conditions climatiques» liées à la considérable pluviométrie de printemps dernier. Des vocations régionales qui se confirment mais qui sont en même temps la cible d'incendies criminels qui ravagent annuellement des centaines de milliers d'hectares d'oliviers et autres arbres fruitiers en Kabylie sans que les suspects soient poursuivis en justice ou que des enquêtes soient ouvertes et aboutissent à des résultats. Mais aussi par des décisions publiques en haut lieu en contradiction avec les lois en vigueur comme le tracé de la déviation de la ville d'Azazga qui traverse des centaines d'hectares de terre arable protégée, par exemple, par la loi 90/25 du 18 novembre 1990 en relation avec l'orientation du foncier agricole et sa protection. Un millier d'oliviers, plusieurs hectares de terres agricoles et des vestiges historiques sont ainsi menacés par ce tracé alors que les victimes de l'expropriation proposent à la Direction des travaux publics (DTP) une variante qui n'endommagerait pas les superficies visées, selon des documents du comité des expropriés d'Azazga. Ainsi, les problèmes qui rongent l'agriculture sont multiples et ont besoin avant tout de solutions justes et courageuses.