Les musulmans du monde entier s'apprêtaient hier à entamer le mois sacré du Ramadhan dans un contexte de flambée des prix des denrées alimentaires. En Algérie, les autorités ont multiplié, à la veille du Ramadhan, les assurances que les produits alimentaires de première nécessité seraient disponibles en abondance et mis en garde les spéculateurs pour limiter une flambée des prix qui seront contrôlés durant tout le mois de jeûne. “Notre message est de rassurer le citoyen : tous les produits alimentaires, produits localement ou importés, sont disponibles en abondance et ils le resteront durant tout le mois de Ramadhan”, a affirmé le ministre du Commerce, M. El Hachemi Djaâboub. Pour les légumes, “la production nationale assure une autosuffisance de l'ordre de 95 %”, a-t-il dit lors d'une réunion avec les ministres de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Communauté nationale établie à l'étranger, M. Djamel Ould Abbès, et des Affaires religieuses et des Waqfs, M. Bouabdellah Ghlamallah. Le gouvernement est allé jusqu'à décider de stocker 120 000 tonnes de pommes de terre, tellement la récolte est abondante, pour que son prix ne s'effondre pas, alors que son prix avait dépassé les 70 DA le kilo l'année dernière. Quant à la viande blanche, une baisse de 10% de son prix est attendue, après la suppression de la TVA (17%) sur les aliments de volaille décidée récemment dans la loi de finances complémentaire. Ce qui n'a pas découragé les spéculateurs. Les prix des produits de base ont déjà grimpé et celui de la tomate, indispensable à la préparation de la “chorba” (soupe), principal plat servi durant le Ramadhan, a quadruplé en deux semaines tandis que la volaille a connu une hausse de près de 50%. Pour ce qui est des produits de première nécessité (pain, lait, semoule, ...), ils demeurent soutenus par l'Etat qui y consacre 2,5 milliards de dollars cette année. Cette année, rappelons-le, le Ramadhan coïncide avec la rentrée scolaire et sociale, ce qui fait porter beaucoup de charges aux pères de familles. La même crainte est perçue un peu partout dans le monde, ou la flambée des prix est un sérieux motif de préoccupation. Au Pakistan, l'inflation a des répercussions sur tout. La flambée des prix des denrées de base et les coupures de courant récurrentes ont suscité la colère parmi les 160 millions d'habitants de ce pays en proie à une grave crise politique et à une montée de la violence islamiste. Pour tenter de désamorcer le mécontentement, le gouvernement fédéral a débloqué 1,75 milliard de roupies (2,4 millions de dollars) de subventions sur les biens de première nécessité. A ces craintes liées aux prix, s'ajoutent celles sur la sécurité dans un pays endeuillé par une vague sans précédent d'attentats qui ont fait près de 1 200 morts depuis plus d'un an. En Afghanistan voisin, les craintes liées à l'inflation sont partagées. Les prix des céréales ont doublé depuis un an à certains endroits du pays. En Indonésie, le plus grand pays musulman du monde par sa population, les prix des œufs, de la viande et de l'huile de cuisine ont flambé de 25% en l'espace d'une semaine. A Bagdad, malgré les menaces permanentes d'attentats sur les marchés, les familles venaient s'approvisionner en prévision des ruptures de jeûne. Le Ramadhan commencera aujourd'hui, en Arabie saoudite, pays qui abrite les deux premiers Lieux saints de l'islam. Les autorités religieuses aux Emirats arabes unis, au Qatar, à Bahreïn, au Koweït et au Yémen ont également annoncé pour aujourd'hui, le début du Ramadhan. En Libye, en revanche, le Ramadhan a débuté hier.