Créé en 1995, en remplacement du Centre des œuvres universitaires et sociales (COUS), l'Office national des œuvres universitaires (ONOU) n'arrive toujours pas à trouver une stabilité. En effet en treize ans d'existence, l'office, chargé de gérer la vie sociale des étudiants a connu treize changements à sa tête. Le dernier en date est celui opéré lundi dernier par le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Ce dernier a mis fin aux fonctions de M. Salah Belloucif, directeur général de l'ONOU, après huit mois de gestion. Son successeur, M. Mohamed El Hadi Mebarki, était enseignant d'économie à l'université de Constantine, puis directeur des œuvres universitaires (DOU) de Constantine-El Khroub durant les trois dernières années. Si les responsables du secteur expliquent ces changements par le principe de l'alternance, les responsables des organisations estudiantines, quant à eux, l'expliquent par l'anarchie qui règne au sein de l'office. L'ONOU est chargé de gérer pas moins de 245 résidences universitaires, l'hébergement de 450 000 étudiants, le transport, la restauration (1 million de repas/jour), d'assurer les salaires de ses 40 000 travailleurs… Tout cela avec un budget de fonctionnement de 60 milliards de dinars. Il vrai que ce budget faramineux (6 000 milliards de centimes) a de quoi attirer des convoitises, nous dira un étudiant. Des lobbies se forment et tissent des liens avec les responsables en charge de gérer le budget pour bénéficier de marchés. Il convient de signaler que le secteur est gangréné par la corruption. D'ailleurs, depuis l'installation du DG partant, quatre DOU sont emprisonnés pour flagrant délit de corruption. Il s'agit du DOU de Tizi Ouzou, de celui d'Alger-est, celui d'Alger-ouest et de celui d'Alger-centre, sans oublier le directeur de la résidence universitaire de M'sila. «La plupart des responsables du secteur portent plus d'intérêt aux marchés publics qu'aux conditions sociales des milliers d'étudiants», regrette Brahim Boulegane, président de l'Union nationale des étudiants algériens (UNEA). En raison de l'instabilité qui règne au niveau de l'ONOU et de sa mauvaise gestion, l'UNEA n'a pas hésité à revendiquer la dissolution de l'office et son remplacement par quatre directions régionales. «Il faut décentraliser la gestion des œuvres universitaires», souligne M. Boulegane, et d'appeler à l'ouverture d'un dialogue avec les responsables du ministère de l'Enseignement supérieur afin de parvenir à l'ouverture du dossier des œuvres universitaires. Les multiples changements qui s'opèrent au niveau de l'ONOU et des résidences universitaires sont parfois imposés, explique le chargé de communication de l'Union générale des étudiants libres (UGEL), M. Othmani, par des lobbies qui veillent à la préservation de leurs intérêts. «L'Etat consacre des milliards pour un résultat médiocre. Il y a les détournements, le gaspillage et la corruption qui ruinent le secteur», regrette M. Othmani qui appelle également à l'ouverture d'un débat concernant la gestion des œuvres universitaires. Par ailleurs, le responsable de l'UGEL regrette que d'aucuns lient réforme et privatisation. «Nous sommes contre la privatisation des œuvres universitaires», affirme-t-il. Enfin, un autre problème reste posé : les critères de choix des responsables des résidences universitaires. «Ce n'est plus la compétence qui est exigée par les responsables chargés de nommer, mais plutôt l'appartenance à une même région ou un même clan», regrette un cadre du secteur. C. B.