Il y a à peine un mois et demi, l'Algérie commémorait le 48e anniversaire de son indépendance et de sa souveraineté arrachées de haute lutte. Hier, on a commémoré le double anniversaire du 20 Août 1955 et 1956 (Journée du moudjahid et Congrès de la Soummam). Des émissions télévisuelles et radiophoniques sont diffusées pour l'occasion. Elles sont regardées ou écoutées par ceux que le sujet intéresse ou par les anciens maquisards soucieux de voir comment les faits sont rapportés. Histoire de se remémorer cette époque ou encore de déceler des contrevérités ou d'en apprendre d'autres. Sans plus. La génération post-indépendance est tenue malheureusement à l'écart. Elle ne connaît de la période coloniale que ce que les livres scolaires livrent de cette époque de l'histoire : des contenus, souvent controversés parce que n'ayant pas associé les protagonistes et les véritables historiens. Les jeunes ne connaissent donc rien de la guerre de libération et encore moins de toutes les batailles menées par de grands chefs guerriers des décennies avant le déclenchement de la révolution qui devait sonner le glas pour les colonisateurs. Rares, en effet, sont ceux qui s'y sont intéressés, pas par eux-mêmes, mais par l'influence de l'environnement familial déjà initié dans la recherche de connaissances sur l'histoire du pays de manière générale et de la guerre de libération en particulier. Il faut dire que la faute n'incombe nullement à cette jeunesse qui assiste, désintéressée, à toutes ces commémorations – officielles – sans pour autant être initiée à la recherche. L'écriture de l'histoire de la guerre de libération reste malheureusement l'affaire d'une poignée d'anciens maquisards qui ont bien voulu livrer leur vécu et leur expérience pendant cette période. Ils se comptent donc sur les doigts d'une seule main. D'ailleurs, faut-il le souligner, la plus grosse partie de l'histoire de la révolution, on la doit aux Français, à l'image de Lacouture ou Yves Courrière, qui, malgré toute leur bonne volonté, n'en demeurent pas moins subjectifs dans le traitement du sujet. Il fut un temps (au milieu des années 80) où les pouvoirs publics avaient initié une série de conférences sur l'écriture de l'histoire. D'anciens moudjahidine se succédaient tous les jeudis pour livrer leurs connaissances et autres témoignages. Les débats étaient passionnants et passionnés. Ils ont même suscité des polémiques entre compagnons de combat. Mais ils avaient le mérite d'exister en ce sens que le débat était libre et on y apprenait énormément. Des conférences ont été tout simplement supprimées. Dès lors, on ne peut exiger de nos jeunes qu'ils se penchent sur le sujet et s'y intéressent en l'absence d'encouragement et de libre débat. Aussi, les journées commémorant des batailles ou encore des massacres de la population algérienne ne signifient absolument rien pour eux. Ils en entendent parler à la télé. Le lendemain tout est oublié. Ce fut le temps d'une commémoration. F. A.