Ça y est, l'écrasante majorité des clubs algériens de football sont passés au professionnalisme… sur le papier du moins. Tel qu'exigé par la tutelle, ils ont fourni les dossiers qui en font des sociétés avec directoires, règlements intérieurs, actionnaires et tutti quanti. Ils ont désormais le statut de SPA ou de Sarl. Mais sont-ils pour autant de véritables sociétés, avec stratégie de management, business-plan, politique de marketing et de marchandising et toute cette organisation qui permet à une entreprise économique, quels que soient son domaine d'activité et son importance, d'être performante et concurrentielle ? Peu probable quand on sait que des sociétés, qui sont actives depuis des décennies et tenues d'être productives, fonctionnent à ce jour sans aucune réelle stratégie managériale ni esprit entrepreneurial.Les clubs algériens de football ayant adopté le statut de professionnel comme les responsables du sport devraient regarder - et surtout en prendre de la graine - du côté des clubs européens, dont les présidents sont de véritables managers qui ont réussi à en faire des entreprises compétitives, avec un siège, une administration, un patrimoine… Certains de ces clubs sont même entrés en Bourse où leurs actions sont cotées.Mise en place et opérationnelle, cette organisation est censée produire des équipes bien structurées s'inscrivant dans la pérennité, ayant tous les moyens pour former des joueurs et produire un football de haute facture. A terme, on aurait donc des pépinières qui alimenteraient non seulement les clubs, mais également la sélection nationale… Image d'Epinal de la professionnalisation du football en Algérie. Il y a loin de la coupe aux lèvres. Nos clubs n'ont, pour l'heure, de professionnel que le statut. Les cadres administratifs et organisationnels doivent être à la hauteur de la tâche et capables de mettre en place le modèle de gestion moderne qui permettrait au club d'atteindre le niveau requis par son statut.Mais le défi ne se limite pas à l'organisation interne. Comme pour toute entreprise, l'environnement a son importance pour le club qui, à titre d'exemple, risque de voir les joueurs qu'il formera partir à l'étranger, comme c'est souvent le cas. Et c'est l'éternel retour à la case départ. De plus, la professionnalisation ne doit pas se restreindre au football uniquement. Les autres disciplines devraient aussi être concernées. Evidemment, qui dit professionnalisation dit gains, bénéfices, profits… le marché en somme. Quelle sera, dès lors, la place de l'esprit sportif ? C'est là un autre débat touchant toutes les expressions où l'esprit a autant de valeur que le corps et qui ont été corrompus par la commercialité. H. G.