L'existence de l'Assemblée populaire nationale est-elle justifiée ? Difficile de répondre par l'affirmative. C'est cette question, très lancinante, qui s'est imposée, hier, lors d'une conférence qui ne devait pas dépasser la commémoration de la Journée internationale de la démocratie.La complication de la tâche des organisateurs de cette rencontre allait presque de soi. Car, dès le début, la nature de l'organisateur est en elle-même «symptomatique», pour reprendre la phrase du député Ali Brahimi. La rencontre, qui n'avait qu'une seule communication à l'ordre du jour, est, en effet, organisée par la Commission des affaires étrangères. Pourquoi cette tâche n'est-elle pas dévolue à la Commission des affaires juridiques et des libertés, par exemple ? Difficile de répondre.Sauf que suite aux interventions du vice-président de l'APN, Messaoud Chihoub, on peut tout de même déduire qu'entre les avis personnels des députés et les instructions de leurs partis respectifs, il existe bel et bien un énorme fossé. Un tantinet surprenant, Messaoud Chihoub a demandé, à titre d'exemple, la révision du statut de député de sorte à donner «aux élus du peuple des prérogatives locales». C'est à cause d'une «jurisprudence» du Conseil constitutionnel que «les députés ne peuvent pas intervenir au plan local». Autrement dit, le parlementaire a un mandat national. Et puis rien. L'autre «demande» de Chihoub, qui a par ailleurs fait une intervention remarquable ne serait-ce que sur le plan théorique, est celle de la révision du code électoral. C'est, selon lui, le mode d'élection actuel (liste à scrutin proportionnel) qui pousse les électeurs «à refuser de voter» au motif qu'ils «ne peuvent pas avoir droit de regard sur la confection des listes».Présents dans la salle, des députés de l'opposition, notamment ceux du RCD et des indépendants, ont fait entendre un autre son de cloche. «Le problème des élections en Algérie est celui de la fraude et non du code électoral», assène Tahar Besbès du RCD. Il s'est indigné du fait que «le député ne peut accomplir convenablement son rôle les mains liées». Le parlementaire a expliqué son idée par le fait que les questions orales ne trouvent que rarement des réponses de la part des ministres. «Il se trouve même des super-ministres qui ne répondent même pas à nos interrogations», reprend sa collègue de Tizi Ouzou Leïla Hadj-Arab, qui estime que «le problème du Parlement algérien est qu'il reçoit des instructions d'en haut, une boîte où l'on ne fait que lever la main et approuver les textes de l'Exécutif». Quant au député indépendant Ali Brahimi, il estime, lui, que le problème de la démocratie en Algérie tient à deux choses : le maintien de l'état d'urgence et le règlement intérieur de l'Assemblée qui n'accorde pas, selon lui, plus de prérogatives aux parlementaires.Messaoud Chihoub a acquiescé à certaines interventions, même s'il reconnaît qu'il «n'existe aucune loi qui contraint les membres du gouvernement à répondre dans un délai bien précis». Pendant que de tels débats se tiennent, le président de l'Assemblée Abdelaziz Ziari a préféré organiser la réunion de son bureau. Et comme pour conforter une situation de statu quo, le bureau de l'APN a prévu d'entériner plusieurs ordonnances présidentielles. Mais sans débat cette fois-ci.