La visite qu'effectue à Alger, depuis hier, la secrétaire française chargée du Commerce extérieur, Anne-Marie Idrac, est un évènement en soi.D'habitude, ce genre de visites est à mettre sur le compte des rendez-vous ordinaires dans les liens entre deux pays. Le rang de la responsable, ainsi que le secteur qu'elle dirige ne sont pas normalement de nature à constituer quelque chose d'exceptionnel. Pourtant, la venue de Mme Idrac porte en elle les germes d'un renouveau. C'est apparemment l'expression du retour à la lune de miel, même si le divorce n'a jamais été officiellement prononcé entre les deux parties. Cette visite de la secrétaire d'Etat française est donc une suite de celles qui l'ont précédée. Il s'agit essentiellement de la visite, au mois de juin dernier, du secrétaire général de la Présidence française, Claude Guéant. On sait à présent que cette visite, qui avait provoqué beaucoup de spéculations en son temps, avait surtout un aspect économique.Les choses sont devenues claires dans le ciel brumeux des relations algéro-françaises depuis le communiqué des services de Nicolas Sarkozy la semaine dernière. Ce dernier avait chargé l'ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, de suivre «le dossier des relations économiques» entre les deux nations.La nomination d'un homme aussi influent que M. Raffarin est en soi un gage de bonne volonté des autorités françaises. Mais ces dernières, faut-il le souligner, n'ont pas forcément les bonnes intentions qu'on voudrait leur accorder. Puisque, en fin de compte, ce qui est plus intéressant pour les Français, c'est sans aucun doute la défense de leurs intérêts. Cela ne saurait se concrétiser, selon eux, sans faire des concessions.L'autre signe qui ne trompe pas est sans conteste l'influence négative de l'affaire du diplomate Mohamed-Ziane Hasseni sur les relations bilatérales. C'est justement ce que vient de confirmer l'ambassadeur de France à Alger. Avant les déclarations du représentant français, la décision de Nicolas Sarkozy de charger Jean-Pierre Raffarin du dossier Algérie est en soi une preuve de blocage que constituait cette affaire. Puisque la décision du chef de l'Etat français est intervenue juste après le verdict du tribunal de Paris. Seulement, le réchauffement attendu dans le domaine économique ne garantit en rien la réussite dans les autres domaines. Les agitations françaises dans la région du Sahel sont un autre signe négatif puisque au lieu de traiter avec son traditionnel allié et le pays qui connaît le mieux le phénomène du terrorisme dans la région, c'est-à-dire l'Algérie, la France est en train de choisir d'autres partenaires.Cette nouvelle donne vient s'ajouter à une autre encore plus ancienne : le débat sur la mémoire refait surface en France depuis quelques semaines. Pis, certains milieux de l'Hexagone sont en train de surfer sur la très délicate question du terrorisme. Ainsi, ils ont ressorti l'affaire de la mort des moines de Tibhirine. A quel objectif ? Les choses ne sont pas encore claires. Mais cela ne devra certainement pas aider à normaliser les relations entre l'Algérie et la France. A. B.