Synthèse de Ghada Hamrouche La Chine a menacé d'exercer de «fermes mesures de rétorsion» à l'encontre du Japon, furieuse de la détention prolongée du capitaine d'un chalutier chinois, un durcissement de ton que Tokyo jugeait «regrettable» hier. «Si le Japon agit obstinément, faisant erreur sur erreur, la Chine prendra de fermes mesures de rétorsion et le Japon devra en supporter toutes les conséquences», a déclaré dimanche Ma Zhaoxu, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. C'est la première fois, en près de deux semaines de protestations solennelles quasi quotidiennes, que Pékin évoque aussi clairement le recours possible à des mesures de rétorsion importantes contre son voisin alors que la crise diplomatique s'envenime de jour en jour. Tokyo a estimé hier «regrettable» ce durcissement de ton de la Chine durant le week-end, et a appelé la grande puissance rivale à agir calmement pour ne pas attiser les tensions. Entre la Chine et le Japon, c'est donc une guerre diplomatique lancée dans le sillage de l'incident maritime. Une tension qui monte chaque jour en puissance. Pékin a, même, menacé dimanche Tokyo de «mesures de rétorsion fortes» et annoncé la suspension de tous les contacts officiels de haut niveau, après que la justice japonaise eut prolongé pour dix jours la détention du capitaine d'un bateau de pêche chinois. Si le Japon continue «de manière délibérée à faire erreur après erreur, la Chine prendra des mesures de rétorsion fortes et le Japon devra en subir toutes les conséquences», a fait savoir le ministère des Affaires étrangères. Le capitaine du chalutier arraisonné, Zhan Qixiong, est détenu depuis lors, accusé d'avoir délibérément percuté les navires japonais. Tokyo a fait un geste d'apaisement en libérant le 13 septembre les 14 autres membres d'équipage, sans désamorcer toutefois l'ire de Pékin, qui exige la libération immédiate du capitaine. Et a déjà convoqué cinq fois l'ambassadeur japonais.Des manifestations antijaponaises ont eu lieu samedi en Chine, notamment aux abords de l'ambassade du Japon à Pékin et du consulat à Shanghai. «À bas le petit Japon», «Souvenez-vous du 18 septembre», ont ainsi scandé une centaine de manifestants dans la capitale, en référence à l'invasion japonaise de la Mandchourie en 1931. Ces manifestations sont d'ampleur limitée, mais le fait qu'elles aient pu se produire dans des quartiers verrouillés par les forces de l'ordre est un signal clair. Pékin veut montrer la colère du peuple chinois, en prenant garde - pour l'heure - que la poussée de fièvre n'atteigne le paroxysme observé lors de la précédente crise diplomatique entre les deux pays, en 2005 et 2006. Sur le Web chinois, les internautes se déchaînent aussi contre l'«arrogance des Japonais». L'ambassade du Japon en Chine a donné des consignes de prudence à ses ressortissants. Dans le même temps, Pékin et Tokyo menacent de se livrer à une «guerre des forages». Selon le quotidien japonais Nikkei, le Japon pourrait entamer des forages à proximité d'un gisement gazier situé dans ces eaux contestées de mer de Chine orientale, si les Chinois font de même. Vendredi, Tokyo a en effet affirmé avoir «la certitude que de nouveaux équipements ont été amenés à Shirakaba» par les Chinois, qui désignent, eux, ce champ gazier sous le nom de Chunxiao. Pékin a déjà annulé des discussions prévues avec les Japonais sur une exploitation conjointe de ces réserves de gaz. On ne sait jusqu'où s'envenimera cette crise, qui illustre les tensions créées par la montée en puissance de la Chine dans la région.