De notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur Tlemcen, «Ville d'art et d'histoire», à l'instar des villes algériennes n'est plus cette cité d'antan qu'on peut protéger par le simple fait d'élever des murailles et renforcer les portes d'accès, selon des universitaires qui ont organisé une rencontre dans ce sens. «L'ouverture aux marchés intérieur et extérieur, la concertation intersectorielle, la participation citoyenne, la mondialisation, l'environnement urbain et le développement durable sont des concepts, parmi tant d'autres, avec lesquels il faut désormais composer, voire adopter, pour se mettre au diapason du contexte international et vivre à l'ère du troisième millénaire», a-t-on indiqué. En effet, selon les chercheurs «parler de la situation actuelle en occultant le poids de l'histoire serait réduire le problème à une incompétence du moment, alors que la ville d'aujourd'hui est dans une très large mesure la résultante d'un passé composé du patrimoine matériel et immatériel socio-historique, politique et culturel, d'une longue nuit coloniale, d'une lutte pour la restauration de l'identité nationale à l'ère post-indépendance et la reconstruction non seulement dans le but de la satisfaction des besoins, mais aussi et surtout d'une mise à niveau des concepts et des vues sur le présent et l'avenir».Aujourd'hui, Tlemcen doit mettre en place une stratégie pour garder son legs d'antan composé d'artisanat, de coutumes et préserver ses sites et monuments. Ceci dit à Tlemcen, nul ne peut douter de l'importance du patrimoine sous toutes ses formes dans la civilisation arabo-musulmane. Dans ce sillage, toute tentative de recherche ou d'étude en anthropologie, littérature et arts populaires doit prendre en considération la variété du matériau oral, le collecter, le classer, l'étudier et le divulguer. C'est dans cette alternative que des missions, des sorties, des visites doivent être programmées pour collecter cet immense patrimoine. Riche par son passé, Tlemcen possède non seulement sa musique andalouse, tradition qui est représentée en Algérie par trois écoles : Tlemcen se revendique de Grenade, cette musique correspond à une composition instrumentale et vocale qui se déroule selon un ordre établi et des règles rythmiques et modales bien déterminées. Les musiques andalouses sont généralement des poèmes chantés, dédiés à l'amour ou la religion. Cet art est noble et raffiné et toutes les familles de la région de Tlemcen l'apprécient. A cela s'ajoute le folklore tel que «allaoui» car parler de l'art populaire, plus précisément de la danse, c'est évoquer un répertoire immense dans ce sens, gardé jalousement par des hommes qui ont veillé à sa transmission depuis des générations. Principes de similitudes, le folklore illuminait les traditions de chaque groupe, chaque tribu, chaque société qui composent les régions du pays. Et à Tlemcen, l'on assiste non seulement aux danses populaires d'el allaoui mais aussi la danse «des femmes» connue sous le nom «essaf», les «meddahates», les «merrezga», etc. Il s'agit donc d'une culture encore vivante qui permet de mieux percevoir l'identité nationale. Volet artisanat, cette ville abrite toujours un artisanat antique témoin d'un passé culturel légendaire. La preuve, la maroquinerie et la robe traditionnelle sont connues dans tout le pays. L'artisanat, la musique et les arts caractérisent la ville depuis des siècles, ce qui lui a conféré le titre de la perle du Maghreb.En effet, et selon les spécialistes, «l'artisanat est considéré comme une planche de salut, un messie dans la sauvegarde des économies des pays riches en dépérissement. En investissant dans l'artisanat, l'on arrivera à sauver l'économie nationale de son marasme et lui donner une vigoureuse jeunesse». Ceci dit avec de simples outils, l'on peut former l'homme au réflexe, à la réflexion, à l'habileté à inventer, créer, innover... Cependant, et afin de protéger et relancer l'artisanat à Tlemcen, notamment les poteries, tapisseries qui risquent de disparaître, il est indispensable de prendre la situation au sérieux. Car à Tlemcen, parler de l'artisanat, c'est parler du bon vieux temps, parler des mains magiques, parler de femmes artistes, créatives, innovantes. Le tapis était commercialisé en Europe, les «hassirate» dans les souks, la poterie partout en Algérie. L'artisanat était le principal revenu des familles.La politique engagée doit être rigoureuse pour sauver le secteur et les responsables de la wilaya s'attellent à relever le défi. Le secteur représente actuellement de nombreux artisanats, mais certaines filières manquent cruellement de main-d'œuvre. Selon les responsables de l'artisanat, les années à venir montreront que la politique du gouvernement a été une aubaine qui sauvera le secteur, et aujourd'hui, tout le monde s'y met pour montrer aux participants à la manifestation de 2011 que l'artisanat tlemcénien est encore vivant.Donc, comme l'avaient mentionné des chercheurs lors des rencontres l'année dernière à Tlemcen lors des manifestations scientifiques, parler de la situation actuelle en occultant le poids de l'histoire serait réduire le problème à une incompétence du moment, alors que la ville d'aujourd'hui est dans une très large mesure la résultante d'un passé composé du patrimoine matériel et immatériel socio-historique, politique et culturel, d'une longue nuit coloniale, d'une lutte pour la restauration de l'identité nationale à l'ère post- indépendance et la reconstruction non seulement dans le but de la satisfaction des besoins, mais aussi et surtout d'une mise à niveau des concepts et des vues sur le présent et l'avenir.Donc, à l'instar des villes maghrébines, avec lesquelles elle partage histoire et réalités, Tlemcen est passée par trois moments importants qui ont induit des formes spécifiques d'occupation et d'appropriation de son espace urbain depuis les différentes dynasties qui s'y sont succédé en passant par la période pré-coloniale à coloniale et la période actuelle. De l'avis de tous, la manifestation de Tlemcen capitale de la culture islamique de l'an prochain est un atout pour la région pour restituer ce qu'elle avait perdu comme l'artisanat, la culture, les traditions, etc. C'est pourquoi des milliards de dinars ont été investis dans le cadre de la réalisation de nombreux projets et infrastructures pour accueillir dans de bonnes conditions les hôtes de Tlemcen au nombre de 49 Etats musulmans et arabes. Lors de cette manifestation, plus de 15 colloques internationaux seront organisés, ainsi que des expositions à caractère international, des conférences sur la vie des savants de Tlemcen, etc. A la veille de cette manifestation, Tlemcen se prépare pour devenir la vitrine de l'Algérie dès janvier prochain.