Au cours des derniers championnats africains de natation, l'un des nageurs algériens a réussi une performance exceptionnelle, celle de remporter à lui seul trois médailles d'or. Il s'agissait en l'occurrence de Nabil Kebab. Mais l'autre performance passée inaperçue chez bien des observateurs est que deux des médailles n'étaient, disons-le, pas vraiment prévues dans la mesure où le champion, et c'est lui-même qui n'a pas arrêté de le soutenir au micro de la Chaîne III ne s'attendait pas à les arracher sachant que ce n'était pas sa spécialité et qu'il y était allé presque… comme ça. Beau pavé de toutes les manières et qui vient superbement ébrécher la qualité de telles compétitions et où il est donc possible de glaner des médailles à… l'insu de son plein gré. Autrement dit, une vérité qui remet en cause tout le travail effectué par les délégations nationales et jette une espèce de discrédit sur la valeur et des championnats continentaux, pas dans toutes les disciplines heureusement, et sur celle (valeur) intrinsèque des compétiteurs. Pourtant, même relativisées, les performances du champion en question sont dues à un travail et une préparation effectifs de base scientifique et technique réalisés en France à la faveur d'équipements, de moyens et de conditions optimales. Ainsi ce qui a été réalisé par Nabil Kebab l'a autant été par Selim Illes formé en… France et qui a fait dire à un commentateur de France Télévision lors des jeux Olympiques de Pékin que «Salim Illès est le plus français des Algériens». Mais est-il normal de vouloir vulgariser une discipline quand le nombre de bassins aux normes dans le pays se comptent sur les doigts d'une main et sont domiciliés dans leur totalité à hauteur de la capitale. Constantine, où il n'existe plus aucun bassin, a fourni le dernier de ses champions (R. Benabid) et encore heureux que ce dernier ait bénéficié d'une bourse d'études consentie par le ministère de la Jeunesse et des Sports, sinon il n'aurait eu d'accointances avec l'eau qu'en s'exerçant à temps perdu à jouer les maîtres-nageurs durant la saison estivale. Les lauriers n'étant récupérés au nom de l'Algérie par les instances sportives nationales que par la seule nationalité de l'athlète, d'une autre manière par sa prise en charge dans les compétitions internationales auxquelles il participe en tant qu'athlète algérien et éventuellement avec une compensation financière qui n'est alors que tout à fait légitime pour les services rendus. Les avatars de la natation sont applicables à l'ensemble des sports dans le pays. Le retour aux premières loges du Panthéon des sports renvoyé aux calendes grecques Et qu'il s'agisse de boxe, judo et autres arts martiaux, athlétisme, volley-ball, et exception faite du handball qui a gardé un tant soit peu intact l'élan pris depuis les années 70 et le basket-ball qui donne l'impression de revenir, même si ce retour est loin d'être convaincant, le retour aux premières loges du Panthéon des sports n'est ni pour demain ni pour une décennie. Et le marasme semble n'épargner aucun sport, exception faite du football dont la caractéristique est de surfer entre les hauts et les bas par des hauts en matière de notoriété hors frontières. L'attention des pouvoirs publics lui sera acquise dès lors qu'il frayera parmi le gotha international et en fonction des résultats ponctuels à une échéance donnée (CAN ou CM). Des résultats d'ailleurs trompeurs, comme cela aura été le cas pour les dernières Coupe d'Afrique des nations et du monde en ce sens qu'ils n'ont jamais été construits sur et par les acteurs locaux, ce qui par voie de conséquence pipe les dés et prend à contre-pied une quelconque revendication d'acquis obtenus par une politique de formation ou un programme en ce sens. Ensuite parce que ces mêmes résultats n'ont convaincu aujourd'hui que ceux qui s'efforcent de l'être. Nous ne reviendrons jamais assez sur le parcours plus que mitigé de la sélection en Afrique du Sud, voire l'Angola et des difficultés qu'elle a à redémarrer pour la suite des challenges qui l'attendent. Et à en croire les responsables des instances sportives nationales, notre pays aurait «enfin son équipe nationale pour au minimum les quatre années à venir et les staffs auraient plus particulièrement jeté les bases d'une méthodologie à même de perpétuer ces acquis». Et question staff, la démission de Saadane est un bel exemple de continuation dans l'effort au même titre d'ailleurs que la précarité de celui en poste actuellement. Or, qui ignore qu'il n'y existe en réalité aucun travail sérieux à long terme. Les résultats immédiats quand il s'agit d'échec cuisant enregistré au cours d'une manifestation internationale débouchent sur des regrets et des engagements à appliquer un électrochoc à une discipline donnée, la réorganisation des structures, le limogeage des hommes et le rappel des athlètes qui n'ont pas été retenus précédemment, etc. Alors qu'en cas de succès, aussi relatif serait-il, c'est l'autosatisfaction béate, les satisfecit proclamés auto-administrés, les déclarations enflammées et bien entendu, chacun dormira sur ses lauriers. Il faut quand même rappeler que paradoxalement, les sports populaires, même dans les temps les plus austères, se sont portés à merveille.En tous les cas nettement mieux qu'à partir du moment où les pouvoirs publics s'y sont impliqués non pas en apportant une manne financière qui, logiquement est nécessaire, légitime et même obligatoire, mais sur le choix des hommes chargés de mener la politique, en ce sens, la politique de l'Etat. Il devient dès lors improbable que les sports algériens se relèvent de la léthargie dans laquelle ils sont entrés depuis des décennies pour la majorité et le football et les résultats fabriqués des sélections tous âges confondus, ne serviront que d'illusion. A. L.