Photo : Riad Par Ali Boukhlef Pour sa première grande sortie médiatique, Daho Ould Kablia veut incarner la rupture. Dans les formes d'abord. Puisque le ministre de l'Intérieur a, pour une fois, donné la primeur à la presse lorsqu'il a installé, jeudi dernier à Alger, les nouveaux walis de la République. Puis, sur le fond, lorsqu'il a décidé de demander à ses invités du jour d'écouter de plus en plus leurs administrés.Très en verve, Daho Ould Kablia s'est présenté avec une feuille de route bien établie. «Le temps presse», a-t-il commencé par affirmer devant des journalistes qui découvrent, au moins, un nouveau style de communication. «Ce remaniement à la tête des wilayas est une rupture», a-t-il tranché avant de signifier que «le temps presse» et qu'il «faut faire vite». Pourquoi ? «Pour rattraper le retard.»Le ministre de l'Intérieur n'a en aucune manière cité son prédécesseur. Ni même fait référence à d'éventuels échecs. Il a même refusé de justifier le départ de onze anciens walis par une quelconque incompétence. «Leur départ n'a rien à voir avec ce qu'a écrit la presse», a-t-il dit. Autrement dit, le limogeage de ces anciens commis de l'Etat a d'autres raisons. «Ils ne sont pas partis à cause de l'âge. Parce que si ce critère était pris en compte, je serai le premier à partir», a-t-il même plaisanté. Pour justifier l'acte, le ministre a donc évoqué des raisons de santé, de «lassitude» et surtout de «problèmes relationnels avec leur environnement».C'est justement autour de cette question de relation avec l'entourage que se situe l'une des «ruptures» voulues par Daho Ould Kablia. Il s'agit d'inciter les nouveaux responsables à «s'ouvrir» et à «écouter les citoyens». Avant d'arriver à cela, le ministre de l'Intérieur dit partir d'un constat : l'administration n'est plus en phase avec la population. Que ce soit l'hygiène publique, la sécurité, la bureaucratie ou tout simplement des problèmes élémentaires comme l'accès au logement, l'orateur a estimé qu'il y a beaucoup à faire. «Moi-même, je n'arrive pas à comprendre comment se fait-il qu'on puisse avoir une carte grise en une journée dans une wilaya, alors que l'opération prend plusieurs jours dans d'autres régions.» L'autre «rupture» voulue par Ould Kablia est celle du contrôle. S'il a refusé de prononcer le mot «sanction», le ministre a révélé que son département va élargir les missions d'inspection, existant jusque-là au niveau central à toutes les wilayas. «Ces missions surveilleront surtout ce qui est relatif à l'argent», a-t-il soutenu. Le ministre de l'Intérieur veut s'attaquer aux fléaux sociaux, mais avec une approche nouvelle. Il a effleuré l'épineux problème des parkings sauvages, par exemple. Il a annoncé, dans ce sens, une piste. «La police va délivrer, après une enquête, un badge à un jeune pour gérer un parking, de sorte à préserver la sécurité des citoyens», a-t-il suggéré. Par contre, Ould Kablia a refusé de déclarer la guerre à ce que Belkhadem appellerait «les commerçants sans identification fiscale». «Je refuse de partir en guerre contre les jeunes qui vendent dans les rues. Cette activité, illégale, nourrit beaucoup de familles. Ce sera donc un problème qui devra être traité plus ou moins à moyen terme», a-t-il lancé. Il a, par contre, expliqué que l'Etat va désormais empêcher ces vendeurs à la sauvette d'écouler leurs marchandises devant des commerces légaux. L'épineux sujet de la relation entre l'élu et l'administration va encore être posé. S'il n'a pas expliqué les grands contours du nouveau code communal, le ministre de l'Intérieur a expliqué que, désormais, il sera difficile de destituer un président d'APC. «Le projet est au niveau de l'Assemblée. Les députés vont certainement y apporter des changements», s'est-il contenté de dire. Les changements dans l'administration n'ont pas concerné que les walis. Si 40 départements ont vu leur premier responsable soit muté soit limogé, ce sont près de 150 chefs de daïra qui ont été changés. Toutes les wilayas ont également connu d'autres changements à différents niveaux. Le ministre de l'Intérieur a expliqué que son département a privilégié les jeunes. Par ailleurs, un prochain «large changement» touchera les chefs de Sûreté de wilaya, a affirmé Abdelghani Hamel, le directeur général de la Sûreté nationale en marge de la cérémonie d'installation des nouveaux walis. Le patron de la police a défini «la petite criminalité» comme une des grandes priorités de son action.