L'état algérien ne lésine pas sur les moyens pour lutter contre le terrorisme qui le saigne depuis plus d'une quinzaine d'années. La situation s'est, certes, beaucoup améliorée mais le terrorisme n'est pas encore éradiqué. Il n'a pas vaincu, non plus. Car il est difficile d'aller contre la volonté d'un peuple. Les «résidus» du terrorisme, comme le répète souvent le chef du gouvernement, semblent avoir le souffle long. Ils réussissent à se ressourcer, après chaque coup des services de sécurité qui apparaît, à première vue, fatal. Il ne s'agit pas là d'une mauvaise volonté des services de sécurité dans leur combat mais d'une inadaptation de la stratégie avec les mutations qu'a connues le Groupe salafiste pour la prédilection et le combat (GSPC). Le GSPC, qui s'est rallié à la nébuleuse d'Oussama Ben Laden en 2006, a adopté sa stratégie d'attentats suicides. Une stratégie qui nécessite forcément une accommodation des moyens de lutte. Il est difficile de faire face aux attentats suicides. «Ce sont les plus faciles à réaliser et les plus difficiles à cerner», avait déclaré, à juste titre, Nourreddine Yazid Zerhouni, le ministre de l'Intérieur. Il faut donc trouver une stratégie nouvelle et idoine pour faire face à cette nouvelle forme de terrorisme, un moyen d'anticiper sur les actes terroristes. Mais, pour ce faire, il faudrait peut-être «reconquérir» du terrain et se mettre dans la peau de l'«ennemi». Il ne s'agit peut-être plus d'éliminer des terroristes ou de démanteler des réseaux de soutien seulement mais également de réussir à stopper «le recrutement» qui renfloue les rangs d'Al Qaïda au Maghreb islamique. Il faudrait donc descendre sur leur terrain, connaître les règles du jeu pour pouvoir y remédier. Les services de sécurité devraient, peut-être, chercher à s'expliquer les raisons qui ont poussé un jeune d'à peine 15 ans, élève studieux, à croire en cette «guerre sainte» avant de finir déchiqueté par la bombe qu'il a fait exploser à l'intérieur de la caserne de Dellys. Car ce sont ces jeunes endoctrinés, manipulés qui épousent l'extrémisme. Le «sang neuf» du GSPC ne peut qu'interpeller les consciences mais aussi les services de sécurité. Car c'est ce nouveau sang qui a permis à l'organisation de Droudkel, l'actuel «émir» national, de réaliser les attentats les plus spectaculaires depuis la création du GSPC. Des attentats suicides contre les sièges du palais du gouvernement, du PNUD, mais aussi contre le cortège présidentiel. Ces explosions n'ont pas «fauché» de vies humaines seulement mais ont réussi également à ébranler la foi de l'Algérien en le retour du pays à la stabilité. D'ailleurs, il faut le reconnaître, c'est grâce à cette croyance du peuple, transcrite par l'adoption de la Charte pour la réconciliation nationale, que l'Algérie a réussi à sortir de la spirale du terrorisme. Un terrorisme qui persiste certes mais la bête a perdu beaucoup de ses crocs. Le GSPC n'a plus ni la force ni l'audience d'antan. Seules ses frappes intermittentes et spectaculaires lui permettent encore de subsister. Les forces de sécurité tentent de lutter sur tous les fronts et leurs résultats sont palpables au bout d'une quinzaine d'années de lutte. Des attentats ont été déjoués. Oui. Mais combien encore vont faucher des vies innocentes ?