Le secteur du bâtiment en Algérie (le résidentiel et le tertiaire) consomme plus de 40% du total de l'énergie. Les perspectives de développement du parc de logements (un million de logements dans le plan quinquennal 2010-2014) conduiront à un accroissement exponentiel de cette consommation énergétique. En outre, d'après les projections de référence de l'Observatoire méditerranéen de l'énergie (OME), la consommation d'électricité a plus que triplé au cours des trois dernières décennies et cette tendance se poursuivra d'ici à 2025.Les spécialistes en la matière estiment dans ce contexte que la réalisation de logements efficaces énergétiquement s'impose comme une nécessité impérieuse pour la maîtrise des consommations énergétiques. Il est donc urgent pour l'Algérie de s'inscrire dans une nouvelle vision basée sur davantage de rationalisation dans la consommation énergétique dans cet important secteur. Par conséquent, l'augmentation de l'efficacité énergétique, l'intégration des énergies renouvelables et l'atténuation des impacts climatiques, par la réduction des émissions de gaz à effet de serre, représentent les principaux défis à relever d'autant que le secteur du bâtiment dispose d'un grand potentiel d'économie pour contribuer à cet objectif. Un projet-pilote pour des logements HPE C'est dans ce contexte que le projet Med-Enec, destiné aux pays de la Méditerranée, a lancé, il y a quelques années, un appel à propositions pour des projets-pilote sur l'efficience énergétique dans le secteur du bâtiment. Ces projets-pilote, cofinancés par l'Union européenne, jouent un rôle important en matière de transfert de technologie et de savoir-faire. Ils servent aussi de modèles à des fins pédagogiques et de reproductibilité. Le consortium formé par le Centre de développement des énergies renouvelables (CDER) et le Centre national d'étude et de recherche intégrées en bâtiment (CNERIB) a soumissionné et a été retenu pour la construction d'un habitat de type rural à haute efficacité énergétique. L'Agence nationale pour la promotion et la rationalisation de l'utilisation de l'énergie (Aprue), quant à elle, joue le rôle de point focal algérien pour ce projet. L'intérêt de cette initiative est de passer d'un logement «énergivore» à un logement de «haute qualité environnementale» et de «haute efficacité énergétique» grâce à une éco-conception et à l'introduction des principes bioclimatiques, d'efficacité énergétique et d'intégration de l'énergie solaire.L'éco-conception offre un double avantage, selon les spécialistes. Du point de vue économique, d'abord, l'approche mène à d'énormes gains énergétiques qui permettraient de diviser par deux la consommation d'un édifice. Du point de vue écologique, ensuite, l'éco-construction se concentre sur le bilan énergétique global du matériau (le BTS dans notre cas) et donc tant sur l'énergie utilisée lors de sa production que sur celle qu'il permettra d'économiser une fois intégré dans le bâtiment.Le projet en question concerne la réalisation de pas moins de 600 logements de haute performance énergétique (HPE) au niveau de onze Offices pour la promotion et la gestion immobilière (OPGI) sur l'ensemble du territoire national. Ces logements seront réalisés à partir du premier trimestre 2011. Ce projet-pilote est réparti sur le territoire national à travers onze wilayas représentant les trois zones climatiques : Nord, Hauts Plateaux et Sud. Les logements seront répartis comme suit : Nord : Alger (Hussein Dey) avec 50 unités, Blida (80), Skikda (50), Mostaganem (82), Oran (80). Pour les Hauts Plateaux, les logements seront construits à Laghouat (32), Djelfa (80), Sétif (54). Enfin, pour le Sud, les wilayas retenues sont El Oued (36 logements), Béchar (30) et Tamanrasset (30). Les surcoûts liés aux mesures d'efficacité énergétique à introduire dans la construction de l'habitat HPE sont évalués à 300 000 DA par logement dont 80% sont pris en charge par l'Aprue à travers le Fonds national de maîtrise d'énergie (FNME). Selon le chef de projet à l'Aprue, Abdelkrim Chenak, ce projet s'inscrit dans le cadre de la réalisation des logements sociaux participatifs (LSP). La même source a ajouté que chaque OPGI «a réservé un quota de l'ordre de 70 logements pour mener cette opération pilote». «Les travaux sont avancés, nous avons élaboré les cahiers des charges et les études climatiques et le début des travaux de construction est prévu pour le premier trimestre 2011». 80% des surcoûts des habitats HPE pris en charge La mise en œuvre de ce projet sera donc soutenue par des mesures incitatives du FNME sous forme de prise en charge de l'expertise et de 80% des surcoûts financiers qui seront induits par les travaux d'installation des équipements de haute performance énergétique. Pour les responsables de l'Aprue, ledit projet vise «l'amélioration du confort thermique dans les logements et la réduction de la consommation énergétique pour le chauffage et la climatisation, la mobilisation des acteurs du bâtiment autour de la problématique de l'efficacité énergétique et la provocation d'un effet d'entraînement des pratiques de prises en considération des aspects de maîtrise de l'énergie dans la conception architecturale».En plus de ce projet-pilote, le programme quinquennal 2010-2014 a inscrit la construction de 3 000 nouveaux logements HPE et la rénovation thermique de 4 000 logements existants. Selon les mêmes sources, l'Aprue travaille avec les autres secteurs concernés afin de réduire ces coûts, notamment les taxes. Selon le directeur général de l'Aprue, Mohamed Bouzeriba, le développement de ces projets se fera à l'aide des mécanismes de financement mis en place par la Banque de développement local (BDL). S. B.