Le représentant de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), présent hier à une rencontre organisée par le Conseil national économique et social ( Cnes) sur la propriété intellectuelle, estime impératif que le représentant onusien s'engage avec le système économique, pour permettre l'accès à la technologie, à l'innovation. L'OMPI est un organisme onusien auquel l'Algérie est lie par un accord de coopération fraîchement signé. Il l'a été hier à Alger. L'accord est de nature à encourager, à la fois, les investissements et l'innovation, parce que le fait de savoir que leurs marques et brevets sont protégés, les investisseurs, qu'ils soient algériens ou étrangers, voudront investir en Algérie ou à y conforter leur présence. En vertu de cet accord, l'OMPI s'engage à accompagner le développement de l'Institut algérien de la propriété intellectuelle (INAPI) et son déploiement à travers notamment la formation de son personnel. Cet accord vient consolider en fait une coopération traditionnelle qui existe depuis l'adhésion de l'Algérie à l'OMPI en 1975. L'Algérie, membre déjà de cet organisme, s'est engagée dans un processus d'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Et, c'est dans le cadre de ce processus qu'elle s'est attelée à mettre à niveau toute la législation, les aspects liés à la propriété intellectuelle compris, sous-tendant son économie, un effort dont a fait mention hier le représentant de l'OMPI : «l'Algérie a réussi à renforcer son cadre juridique relatif à la protection de la propriété intellectuelle.» Est-ce suffisant ? Le pays n'est qu'au début d'un long processus et que le chemin qui reste à parcourir semble difficile. On fait «des efforts à l'interne» en la matière, mais les agendas internationaux, on n'y a pas accès», fait observer le président Mohamed Séghir Babès, lors de la réunion d'hier. Le représentant de l'OMPI reconnaît que le monde de la technologie «n'est pas aussi transparent qu'on le croit». Au plan national, les choses ne sont pas simples, non plus. La preuve, un groupe d'experts algériens voulant travailler à la numérisation d'une bibliothèque s'est heurté à des écueils qui ont fait que le projet n'a pas abouti, rapporte une déléguée du Cnes. Une situation pareille ne peut que rendre rétives les idées les plus innovantes, estiment des experts. Et puis, l'ingénieur algérien ou l'expert algérien, est-il disposé à se mettre à contribution pour faire aboutir des projets de recherche et de développement sachant que la rémunération qui lui est proposée est maigre ? L'OMPI a un autre avis sur le sujet. Son représentant cite en exemple les expatriés indiens ou chinois qui ont réussi à mettre au point d'importants systèmes de rénovation. Et, pourquoi ce qui est valable pour ces pays-là ne pourrait pas l'être pour l'Algérie ? a-t-il dit. En tout cas, l'OMPI, a-t-il soutenu, est prête à «aider» l'Algérie à asseoir une «stratégie nationale pour l'innovation et la propriété industrielle». Il y a de la place pour cette ambition, malgré le fait que le monde de l'innovation est complexe, changeant, a-t-il ajouté. Ce défi, ce sont les PME qui doivent le porter. Mais elles ont besoin, pour ce faire, de mise à niveau, un sujet toujours d'actualité et dont a parlé hier Zaïm Bensaci, président de la CNC/PME. M. Bensaci a avancé que plus de trois milliards d'euros sont prévus (sur cinq ans) en faveur de ce processus de mise à niveau. Y. S.