C'est dans le cadre de la seconde édition du Festival international du théâtre abritée par le Théâtre national algérien que le comédien palestinien Saïd Aboukoum a donné son monologue intitulé Retour à Haïfa à la salle Hadj Omar dimanche dernier. Face à un public nombreux dont certains éléments se sont installés sur scène autour du comédien pour former une halka, l'artiste entame son spectacle dans une ambiance teintée de tristesse. C'est les funérailles de son fils Khaled qui était détenu dans une prison israélienne. Sur fond de lecture du Coran, le comédien fait son entrée et demande le silence. La rage et la peine dans l'âme, Abu Khaled se livre au public pour partager ses malheurs. Ayant quitté Haïfa en 1948, Abu Khaled, dorénavant seul au monde, retourne de Ramallah pour retrouver son ex-domicile là où il a oublié son fils Khaldoun âgé de 5 mois. Des années d'exil couronnées par la perte de ce fils abandonné jadis ne feront que meurtrir le cœur de ce père désemparé. Le personnage se mettra à nu face à son public, dévoilant ses moindres craintes et ses sentiments enfouis entre peur et colère. Se basant sur des vérités historiques, le comédien transportera son public en racontant sa propre histoire. Abu Khaled retrouvera enfin son fils converti en soldat israélien mais pourra-t-il le blâmer lui qui l'a abandonné ? Le comédien jouera plusieurs rôles, notamment celui de son fils et de sa compagne. Avec un humour décapant, à la limite ironique, il charmera les spectateurs qu'il n'hésitera pas à intégrer dans son spectacle. Ces derniers répondent volontiers à l'invitation du comédien et joueront pleinement leur rôle dans la halka. La pièce se distinguera par le jeu du comédien qui s'est surpassé ainsi que par sa mise en scène et la scénographie qui est une sorte de porte multi-usage. Riche en sens et messages Retour à Haïfa est une adaptation d'une nouvelle de l'auteur Ghassan Kanafani. Le public aura droit à quelques chants patriotiques palestiniens ainsi qu'à la fameuse imitation des Israéliens faisant la fête au détriment d'un peuple massacré. Entre coup de gueule et évocation du passé, le comédien réussira à transmettre toute son émotion aux jeunes venus nombreux à cette représentation. Il parlera également de son exil, un exil longuement évoqué par de grands noms de la littérature, à l'image de Mahmoud Darwich. Il conclura sa représentation en déclarant que la cause palestinienne est une cause humaine avant tout et que son histoire n'est qu'une version d'autres milliers de Palestiniens. Produit en 2009, Retour à Haïfa a déjà été joué plus d'une trentaine de fois dans le monde arabe et compte plusieurs participations à l'étranger mais c'est face au public de la salle Hadj Omar que le comédien a été gratifié d'un tonnerre d'applaudissements. A la fin de la représentation, la troupe offrira au commissaire du Fita, M. Ibrahim Nouel, un trophée en guise de reconnaissance. W. S.