Pour sa seconde édition, le Festival international du théâtre d'Alger qui s'est ouvert jeudi dernier au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi (TNA) et qui se poursuivra jusqu'au 25 du mois en cours, semble favoriser les pièces venant d'ailleurs plutôt que celles peaufinées chez nous.La preuve c'est que le bal de ce rendez-vous a été ouvert non pas par un produit du 4ème art, mais plutôt par une prestation lyrique signée sur l'esplanade du TNA par la troupe El Ferda qui a fait revivre sur place le patrimoine immatériel de la région de Kenadsa (W Béchar). En revanche, c'est à l'association Nohagako du Soleil Levant qu'est revenu l'honneur de présenter une vraie pièce qui s'appelle Nô. La pièce vaudevillesque est un peu mythique parce qu'elle met en scène une déesse qui quitte l'Olympe pour rejoindre la terre des hommes. Pas moins de dix huit pays dont la Tunisie, le Maroc, Mali, Niger, Oman, la Jordanie, le CongoBrazzaville, Togo, Bénin, la France, l'Allemagne, la Belgique, l'Italie, l'Argentine la Russie sont invités à présenter vingt-sept pièces en 10 jours de fête. Des lectures poétiques, en arabe et français, d'extraits de l'ouvrage le Loup Blanc, d'Abderrezak Boukeba ont alimenté la soirée inaugurale qui fut fortement musicale grâce au talent de Adel Amamra, les comédiens Sofiane Attia, Adila Soualem et Yacine Benyaâkoub qui ont déclamé des poèmes de Boukeba. Honneurs à tous ! Mais avant les représentations proprement dites, une large place a été concédée aux honneurs qui sont allés entre autres à Kamal Pacha, comédien et metteur en scène palestinien, le Dr Abderrahmane Benzidane, universitaire marocain, Abdelkrim Habib, comédien et régisseur au TNA, Messaoud Ghassam, professeur d'art syrien et Fernando Arabal, auteur espagnol de pièces de théâtre. Un hommage posthume a été aussi rendu à l'homme de théâtre Hadj Omar, qui est monté sur les planches en 1943 et dont une salle du TNA porte son nom, et des prix d'encouragement ont été attribués à Youcef Taouint, jeune comédien au Mouvement théâtral de Koléa et à Hadj Smain Mohamed Seghir, l'un des doyens du théâtre algérien. L'invité régulier, le convive que l'Algérie n'oublie jamais et qu'elle met à l'honneur à chaque festivité est bien sûr la Palestine, un pays meurtri à qui on donne la chance de revivre à mille lieux de ses territoires occupés. La journée du vendredi a vu la représentation de la pièce "Folies coloniales" signée par le groupe théâtral "Passeurs de mémoire"(France) et "Le couple" par la Compagnie "Coup de théâtre" (Sénégal). Outre les spectacles, il est prévu tout au long de ce festival six ateliers, dont trois de doctorat, un d'écriture dramatique, un de critique et un de technicien de scène et des journées d'étude s'articulant autour de trois axes, à savoir "Le chant épique et la poésie narrative d'Homère, de l'imzad, du blues... au slam", "Corps, mémoires et récits: quels espaces scéniques et dramaturgiques ?" et "Le théâtre et histoire de vie". De la littéraire, il y en aura aussi en forme de table ronde et de discussion qui auront pour titre : "Le roman s'invite au festival", "La poésie s'invite au festival" et "Le théâtre et la presse écrite", ainsi que des rencontres intitulées "Les arts de la parole" au niveau du Musée de la miniature, de l'enluminure et de la calligraphie, des maisons de jeunes de Bab Ezzouar et Staoueli et sur l'esplanade du Théâtre national. Toujours en marge de cette fête du 4ème art un forum-débat est prévu du 18 au 21 octobre à Azur Plage autour de la narratologie et du spectacle vivant animé par l'artiste ethno-conteur Saïd Ramdane. Le tout 'est de savoir si le public s'y intéressera !