S'exposer durant des heures à l'air frais de son ventilateur pour le seul besoin de terminer son travail à temps, durant ces jours de grandes chaleurs, sachant pertinemment que cela pourrait bien entraîner une belle bronchite sinon une angine ou une grippe, voilà bien un réflexe imprudent qui va à contresens de l'objectif tracé. Braver l'interdit Rien d'étonnant de voir donc la personne se lever le matin avec des éternuements, une gorge serrée et une sensation désagréable de fatigue et d'étourdissement. Tout un ensemble de manifestations qui anéantissent presque la personne, la dissuadent de se rendre au travail ou de vaquer à ses occupations. La journée est ratée, l'attente est longue dans le cabinet du médecin ou dans le service des urgences de l'hôpital le plus proche… sans compter les dépenses en médicaments et autres. Rhume, grippe, angine, pharyngite, bronchite… autant de maladies qui affectent l'appareil respiratoire, affaiblissant le corps aussi bien que le psychique. Il n'y a qu'à faire un tour dans les urgences de n'importe quel hôpital du pays ou le service ORL pour se rendre compte de l'ampleur de ces maladies qui sévissent non seulement en hiver mais aussi en été. Beaucoup plus en été, si l'on en croit les témoignages des médecins qui peinent à faire face à la situation. La cause est bien simple : «En hiver, les gens se surveillent mieux. Ils se couvrent, se réchauffent et prennent soin d'eux pour ne pas attraper froid […] En été, c'est le laisser-aller total !» En effet, comme nous pouvons le constater tous les jours, même parmi les personnes auxquelles les médecins interdisent de prendre des glaces, de consommer directement les aliments mis dans le frigo (ils recommandent d'attendre au moins une demi-heure après les avoir sortis du frigo) […], beaucoup se risquent à passer outre ces conseils pour se retrouver quelques jours après chez lui. «On a beau leur expliquer qu'ils ne doivent pas manger trop frais, surtout les glaces […] mais rien à faire. Et voilà dans quel état ils arrivent ici !» signale un médecin pneumologue. Sujets à risque L'une de ses patientes, paraissant pourtant assez solide pour supporter la grippe, tousse tellement fort que le médecin décide de l'examiner avant que son tour arrive. «Ce n'est pas une petite grippe. C'est une bronchite. Une belle bronchite. Heureusement qu'elle est venue se soigner avant que la maladie ne se complique», dit-il. «Je me suis peut-être trop exposée au climatiseur […]», lance-t-elle comme pour expliquer au médecin l'origine de son mal. Cette climatisation non surveillée est à l'origine de beaucoup de dégâts, rapporte le médecin. Et ça touche aussi bien les grands que les petits. Les personnes âgées et les enfants en bas âge sont les plus vulnérables. Le cas de cette vieille femme qui se réveille complètement paralysée après une nuit entière sous la fraîcheur du climatiseur, placé juste au-dessus de son lit, témoigne de la gravité de ce problème. La septuagénaire s'en est bien sortie après des jours de rééducation mais en garde un triste souvenir. «J'ai vraiment vu la mort», dit-elle. Parlant des personnes âgées et des enfants en bas âge, ainsi que des asthmatiques et autres malades qui souffrent de problèmes respiratoires, force est de reconnaître qu'ils souffrent plus que d'autres en été. Non à cause du climatiseur ou des glaces mais à cause de la chaleur. Cette chaleur qui s'associe à l'humidité pour les étouffer et les empêcher de bien respirer. «Beaucoup arrivent dans un état catastrophique. Certains en meurent […]», raconte un infirmier urgentiste du CHU Mustapha à Alger. Malheureusement, pour les personnes les plus vulnérables, l'éducation sanitaire en est encore à ses balbutiements et très peu de familles se donnent le temps nécessaire de prendre sérieusement en charge les sujets à risque. Quant à la consommation exagérée de glaces, sous prétexte de se rafraîchir la gorge, la prévention devient presque impossible. Il est difficile de résister à la tentation devant un assortiment de saveurs glacées… K. M.