Photo : Riad Par Samira Imadalou Depuis le début de l'été, les détenteurs de comptes postaux CCP font face à une pénurie de liquidités. C'est l'exaspération chez les salariés et les retraités qui subissent cette crise sans avoir en parallèle d'explications, claires et convaincantes sur les causes d'une telle situation qui ne fait que compliquer davantage le quotidien des citoyens, contraints dans de nombreux cas à faire des déplacements de centaines de kilomètres pour pouvoir retirer leur argent comme en témoignent les queues interminables devant les bureaux de poste. En effet, les explications données par les responsables sur ce dossier divergent. Elles sont parfois infondées. Chacun essaye de rejeter la responsabilité et de l'incomber à d'autres maillons. Le premier à s'être exprimé sur cette question en octobre dernier est le gouverneur de la Banque d'Algérie (BA), M. Mohamed Laksaci. Interpellé par les députés à l'occasion de la présentation de la note de conjoncture de la BA pour l'année 2009 et le premier semestre de l'année en cours, le premier responsable de la Banque centrale avait lié cette situation de crise à la prolifération de l'informel et la multiplication des transactions hors circuit bancaire. «Il y a demande d'encaisse qui dépasse largement la demande de transaction», avait expliqué M. Laksaci, rappelant l'ampleur de l'économie informelle en Algérie. Pour M. Laksaci, on ne doit pas se voiler la face, ce circuit dope la demande devenue de plus importante par rapport à l'offre en monnaie fiduciaire. «La demande est également liée au blanchiment d'argent et aux opérations de transfert illégal d'argent», a encore expliqué M. Laksaci pointé, trois semaines plus tard, du doigt par le directeur d'Algérie Poste dans cette crise. Intervenant sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale, le 8 novembre dernier, le P-DG d'AP, M. Omari Bouteldja, a accusé la BA d'être responsable de cette pénurie de liquidités. «S'il y a trop de liquidités à l'extérieur, il n'appartient pas à Algérie Poste de les récupérer pour les mettre dans les banques», a-t-il noté, rappelant que l'impression des billets est à la charge de la BA. En expliquant le processus d'acheminement de l'argent vers les bureaux de poste pour pouvoir alimenter les 12 millions de détenteurs de CCP, M. Bouteldja a, tout au long de son intervention, essayé de rejeter la responsabilité d'AP dont le système tombe pourtant souvent en panne, aggravant encore la colère des citoyens particulièrement durant la période des fêtes où la demande en argent est forte, comme c'est le cas actuellement à l'approche de l'Aïd. Une occasion à laquelle la BA et AP se sont préparées. Mais, c'est surtout pour parer au plus urgent. En d'autres termes, on assiste plutôt à des solutions conjoncturelles qu'à des solutions à long terme. Preuve en est, les moyens de paiement modernes tardent à être généralisés alors que les cartes de retrait établies par AP sont très peu utilisées par manque de confiance. Mais aussi parce que les billets usés comme ceux de 200 dinars bloquent les distributeurs automatiques de billets (DAB). Toujours au sujet de cette crise de liquidités, M. Mohamed Khodri a, la semaine dernière lors des débats sur la loi de finances 2011, au nom du ministre des Finances, Karim Djoudi, essayé de rassurer en annonçant que le problème ira en s'atténuant avec l'entrée en vigueur, à partir du 31 mars 2011, de l'obligation de règlement par chèque de toute transaction supérieure à 500 000 dinars. Quatre longs mois nous séparent de cette date. Les détenteurs de CCP devront donc prendre leur mal en patience, sinon ouvrir des comptes bancaires. Mais l'effet contagion n'est pas à écarter.