«Tant que les citoyens ne changent pas de comportement, ce problème (de liquidités) va s'aggraver. Le citoyen doit apprendre à utiliser d'autres moyens de paiement : le chèque, la carte bancaire, etc.». La justification que vient de donner, hier, le ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, Moussa Benhamadi, est pour le moins étonnante.Le citoyen algérien ne comprend toujours pas comment, en l'espace de quelques jours, il n'arrive non seulement pas à trouver du lait pour ses enfants, mais aussi à retirer l'argent, nécessaire aux achats inhérents à la fête de l'Aïd qui approche, au niveau des bureaux de poste. Les autorités publiques n'ont toujours pas donné d'explications convaincantes pour le premier problème. Elles sont très loin de trouver une solution. Le résultat est que des files d'attente pour un sachet de lait se transforment souvent en bagarre, voire en émeute dans certains endroits.A entendre le ministre des TIC, on est tenté de s'interroger si nous vivons sur une même planète. Bien sûr que l'utilisation des chèques et des cartes bancaires est un procédé moderne et efficace. Il est évident que ces moyens sont souhaitables dans une société moderne, qui aspire à sortir définitivement de l'archaïsme. Seulement, il y a des vérités que le ministre n'a pas dites : comment utiliser des cartes bancaires quand on est obligé d'attendre parfois deux années avant d'avoir le précieux sésame ? Une fois acquise, cette carte sert-elle à faire des achats ? Combien de points de vente sont équipés de terminaux de payement électronique (TPE) permettant leur utilisation ? Les distributeurs automatiques de billets (DAB) disposent-ils de suffisamment de liquidités, surtout quand il y a crise ? Combien d'Algériens acceptent de vendre par chèque ? Y-a-t-il une loi en vigueur imposant l'utilisation des chèques lors des transactions ? Le citoyen est-il suffisamment protégé en cas de chèque sans provision ?Ce sont d'interminables questions sur lesquelles le ministre de la Poste doit répondre avant de faire une déclaration incriminant le citoyen, le consommateur, le peuple. Car tout le monde sait, aujourd'hui, que la carte bancaire est beaucoup plus une chimère qu'autre chose. Son utilisation est malheureusement limitée aux quelques distributeurs automatiques disponibles. Pis, même ces derniers sont souvent source de problèmes à cause des blocages permanents qui les caractérisent. A cela, il faut ajouter la difficulté d'avoir une carte bancaire, notamment au niveau des banques publiques.Le gouvernement avait proposé, dans le courant de l'année 2006, l'usage des chèques de banque pour les transactions dont le montant dépasse 50 000 DA. Le projet avait été gelé. Une nouvelle disposition est prévue pour l'année à venir. Elle plafonne désormais le seuil minimum des transactions par espèce à… 500 000 DA. A cela, il faut ajouter l'épineux problème - d'ordre culturel d'abord - du manque de confiance des Algériens dans les institutions financières. Là encore, les autorités publiques ont un grand rôle à jouer en mettant en place un cadre juridique adéquat susceptible de régler la problématique.Ce sont les quelques problèmes qui rendent le souhait du ministre de la Poste impossible à réaliser. Du moins dans l'immédiat. A. B.