Synthèse de Farah Bachir Chérif Un an et demi après sa faillite, le constructeur automobile américain, General Motors (GM) revient en force. Son retour jeudi dernier à Wall Street a été remarqué par son introduction en Bourse qui pourrait battre le record mondial détenu par une banque chinoise. Le succès de cette opération permettra à GM de se débarrasser de l'étiquette de «Gouvernement Motors» qui lui colle à la peau depuis son dépôt de bilan en juin 2009 et sa quasi-nationalisation. L'Etat fédéral a considérablement réduit sa part dans le capital du groupe. Commentant ce retour en Bourse, le président américain Barak Obama a déclaré qu'«aujourd'hui, l'un des récits les plus dramatiques de la récession est sur le point de devenir celui d'une réussite». M. Obama a ajouté que sans le sauvetage de GM et Chrysler, l'autre constructeur automobile américain ayant fait faillite l'an dernier, plus d'un million d'emplois auraient disparu aux Etats-Unis. «Nous savons qui est resté à nos côtés aux heures les plus sombres, nous n'oublierons jamais le soutien du gouvernement», a affirmé le patron de l'entreprise, Dan Akerson.Le groupe-phare de Detroit, ville industrielle du nord des Etats-Unis, s'était effondré l'an dernier, croulant sous les dettes et des coûts trop élevés, alors que les ventes d'automobiles avaient fortement chuté pendant la crise. Il doit sa survie à une aide très controversée de 49,5 milliards de dollars, injectée par Washington contre une part de 61% dans le capital du constructeur. L'Etat canadien détenait, lui, 11,7% du capital, le syndicat automobile américain UAW 17,5%, et divers autres créanciers 10%. Le Trésor américain est devenu actionnaire minoritaire. Sa part va tomber au moins à 37% et pourrait même descendre jusqu'à 26% à l'issue de l'opération. Pour autant, il ne devrait sortir définitivement du capital de GM que dans plusieurs mois ou années. Selon Chris Liddell, directeur financier qui s'est exprimé sur la chaîne de télévision CNBC, «la toute première priorité du constructeur était de rembourser toutes ses dettes, à commencer par l'état fédéral américain». D'après le constructeur chinois SAIC, partenaire de Général Motor, «GM a retrouvé sa compétitivité en matière de coûts et réalisé des profits pendant trois trimestres consécutifs cette année». «Le marché automobile américain se stabilise progressivement et rebondit, et une forte demande venue des marchés émergents offre de nouvelles possibilités de croissance», a ajouté le représentant de SAIC qui a acheté 1% du capital de GM au moment de l'introduction en Bourse. GM, qui avait été un membre éminent de l'indice Dow Jones entre 1925 et sa faillite, a fini la première séance suivant son retour en Bourse en hausse de 3,6%. Le constructeur va lever au moins 20 milliards de dollars au cours de cette opération, dépassant le montant généré par l'introduction en Bourse de Visa en 2008 (19,7 milliards), jusqu'alors le record aux Etats-Unis. Si toutes les options d'allocations etaient exercées, il pourrait même atteindre 23,1 milliards de dollars, ce qui en ferait la plus grosse levée de fonds lors d'une introduction en Bourse mondiale jamais connue, et dépasserait le record actuel du chinois AgBank (22,1 milliards de dollars).