Un simple mouvement d'argent dans une agence de la Banque nationale d'Algérie à Annaba décrit jusqu'à la caricature le malaise de la monétique nationale. Il a ainsi suffi de la vente d'une propriété pour qu'une agence bancaire découvre qu'une liasse importante de faux billets a transité par ses appareils. Aucune anomalie n'a été détectée par les appareils compteurs de billets. Cette situation est vite expliquée par le fait que les faux-monnayeurs sont passés à des procédés plus sophistiqués dans la fabrication de faux billets. Cela impose un triste constat : la technologie, version Algérie, a avancé là où elle sert le faux et la contrefaçon. Les appareils utilisés par les trafiquants produisent ainsi de faux billets qui échappent à toute opération de détection. «Il faudrait que l'argent entre dans le circuit bancaire et que le paiement des transactions se fasse par chèque. L'Etat doit retirer de la circulation les billets de 1 000 DA pour les remplacer par de nouveaux. Cela permettrait de récupérer tout l'argent en circulation, de promulguer une loi interdisant le paiement cash à hauteur d'un certain montant et ainsi de faire revenir la masse monétaire en circulation dans le circuit bancaire.» C'est la recommandation d'un expert financier. Mais la lutte contre le phénomène semble s'annoncer plus dure puisque même des agences bancaires ouvrent leurs coffres aux faux billets. Ce qui vient de se passer à Annaba remet manifestement en cause l'efficience de la supposée lutte contre la circulation de faux billets. Mais on l'a déjà vu récemment quand il a été plus facile aux Algériens de «marchander» avec de faux billets que de retirer leur argent supposé vrai des bureaux de poste ou des agences de banque. Nul doute que cette situation de vrais-faux billets, qui circulent ici et là, a installé un climat de suspicion chez les citoyens. Une suspicion renforcée par le précédent d'Annaba. Car quand l'argent «sorti» droit d'une banque risque de s'avérer faux, les citoyens hésiteront avant toute opération d'achat ou de vente. Ce qui s'est passé également à Annaba jette le discrédit sur le renforcement des appareils de détection des faux billets. Les responsables misaient pourtant sur la capacité des appareils attendus pour repérer tout usage de faux billets. Le «ratage» d'une agence bancaire d'Annaba présage manifestement un avenir radieux pour le faux billet que les appareils n'arrivent pas à différencier du bon. A. Y.