Photo : Riad Par Badiaa Amarni Ce que craignent les citoyens comme à chaque fois que pointe le Ramadhan va se produire encore cette année : les prix des fruits et légumes, qui ont déjà pris leur envol, vont encore flamber les premiers jours de ce mois sacré. «Une pression sera enregistrée les trois premiers jours sur ces produits de large consommation avant que les choses rentrent dans la normalité», explique le président de l'association des mandataires du marché de gros, des fruits et légumes des Eucalyptus, M. Medjber Mohamed. Ce dernier dira que, durant ces premiers jours, «la situation sera catastrophique». Lors d'une conférence de presse organisée, hier, par l'UGCAA (Union générale des commerçants et artisans algériens), M. Medjber explique que la consommation augmente pendant le Ramadhan et que beaucoup de commerçants se rabattent sur les marchés de gros qui pour vendre dans une charrette, qui pour vendre dans les quartiers, etc. De plus, selon lui, le mois sacré intervient au moment où la récolte est terminée à Alger, au niveau de la Mitidja, entre autres. «Nous attendons l'arrivée de la production des Hauts Plateaux pour approvisionner le marché algérois.» Cela revient à dire, explique-t-il encore, que «nous sommes en période de sous-production et de préparation de la récolte d'hiver (chou-fleur, chou…», rappelant que «la récolte de mai à août a été abondante, à l'exception de la salade verte détruite par la chaleur dans plusieurs endroits». Ce qui explique son prix actuel de 120 DA, et même sa pénurie. Une meilleure récolte est attendue en octobre prochain, ce qui veut dire que la laitue sera la grande absente des tables du Ramadhan. Les produits qui connaîtront aussi une envolée sont la courgette, le poivron et le haricot vert. Le conférencier a soutenu que c'est aux consommateurs de ne pas acheter ces produits pour que leurs prix soient maintenus. Concernant la pomme de terre, M. Medjber a rappelé encore qu'il y a eu cette année une surproduction, ce qui a nécessité son stockage dans des chambres froides. «Ce produit va être évidemment vendu un peu plus cher», souligne-t-il, avant de dire que «nous sommes en train de nous battre pour protéger la production nationale et éviter l'importation comme c'est le cas pour la pomme. Alors que ce fruit est produit en abondance par nos agriculteurs, il n'en demeure pas moins que le marché national est inondé par les importations.» Interrogé sur des stocks illégaux destinés justement à la spéculation, le président de l'association des mandataires dira que, mis à part la pomme de terre, l'oignon, la pomme et la poire qui peuvent être stockés, le reste des fruits et légumes ne peut l'être. En attestant que les prix sont libres et suivent la loi de l'offre et de la demande, M. Medjber explique qu'ils ne le sont pas lorsqu'ils sont achetés avec une facture. Selon lui, la marge bénéficiaire du commerçant est de l'ordre de 25% pour les légumes et de 30% pour les fruits. Alors qu'au niveau de la DCP (Direction de la concurrence et des prix), on affirme que le commerçant a le droit d'appliquer la marge bénéficiaire qu'il décide lui-même. Le conférencier n'a pas manqué de préciser que la tomate a été vendue, hier, entre 15 et 20 DA au marché de gros des Eucalyptus alors que sur les marchés de détail elle revenait à 30 DA. Idem pour les haricots vendus à 45 DA au marché de gros et à 100 DA au niveau du détail. La courgette, elle, était cédée à 35 DA au marché de gros, contre 70 DA au marché de détail. Il a même soutenu que la tomate était cédée à 6 DA au début du mois en cours. En ayant la facture sous nos yeux, nous pouvons effectivement lire que le 5 août dernier le kilo de tomate a été vendu à ce prix. Devant cette situation de flambée des prix, les citoyens ne savent plus à quel saint se vouer. Seule une intervention de l'Etat serait à même de réguler le marché.