Photo : APS Par Samira Imadalou C'est à partir d'Alger, point initial de sa tournée maghrébine, que le secrétaire d'Etat américain adjoint à l'Economie, à l'Energie et aux Relations commerciales, M. Jose Fernandez, a annoncé hier l'initiative américaine pour la promotion de l'entrepreunariat au Maghreb. Intitulée «Parteneuriat nord-africain pour les opportunités économiques» (NAPEO), cette initiative n'est pas «exclusivement américaine», comme a tenu à le préciser M. Fernandez qui a déclaré avoir réussi à arracher l'implication des gouvernements des pays du Maghreb à ce projet transfrontalier. «Nous impliquons les gouvernements, nous avons eu de bons entretiens pour expliquer le projet», a affirmé le secrétaire américain lors d'un point de presse organisé à l'hôtel Hilton en marge de la conférence. Et d'ajouter : «Les réactions ont été marquées d'enthousiasme pour cette proposition de partenariat.» En quoi consiste exactement l'offre américaine ? Selon M. Fernandez, ce sera une façon de soutenir les jeunes porteurs de projets et d'encourager l'esprit de l'entrepreuneuriat dans les pays du Maghreb où le défi de l'emploi reste à relever. Inspirée des initiatives américaines précédentes, cette nouvelle proposition vise, en effet, selon la même source, à approfondir les relations entre le Maghreb et les Etats-Unis sur la base des intérêts mutuels. Comment ? A travers la mise en place de cinq piliers qui forment la base de cette nouvelle initiative. Le premier consiste à mettre en place le réseau des jeunes entrepreneurs et leaders d'affaires en Afrique du Nord. Ce qui facilitera, selon M. Fernandez, les relations transfrontalières à travers l'élaboration «d'un réseau régional social en ligne et fermé». Le deuxième pilier est l'incubateur de la technologie et de l'innovation en Afrique du Nord. Ce sera une manière de soutenir le secteur capital-risque au Maghreb. Les Etats-Unis projettent à travers cet incubateur de parrainer une initiative régionale de start-up dans les nouvelles technologies pour les jeunes entrepreneurs. «Nous travaillons également avec les leaders du Maghreb pour étudier le lancement de North Africa Angel Capital Network», précisera à ce sujet le représentant du gouvernement américain. La formation académique et le leadership en Afrique du Nord sont le contenu du troisième pilier qui consiste à renforcer le leadership à travers des partenaires locaux et américains. Et ce, dans le but d'accélérer l'accès à l'emploi pour les jeunes entre 18 et 35 ans. Des ateliers régionaux sont prévus dans ce cadre. «L'incubateur des industries créatives d'Afrique du Nord» est l'intitulé du quatrième pilier, lequel a pour objectif d'exploiter le potentiel des artistes de la région de tous genres. Les Etats-Unis s'engagent même à offrir des formations aux artistes. Enfin, le NAPEO sera basé sur la création des centres d'excellence dans chacun des cinq pays du Maghreb. «Le gouvernement américain ne va pas financer ces centres d'excellence NAPEO qui seront plutôt le résultat d'un leadership collectif de votre part pour leur lancement et leur financement», dira M. Fernandez à l'adresse des participants. Et d'inviter, dans le même sillage, les entrepreneurs à se mobiliser autour de ce projet. Un projet dont la réalisation se fera avec l'appui de l'Aspen Institute pour faire de cette vision une réalité. Aussi, deux missions commerciales, l'une aux Etats-Unis et l'autre au Maghreb, seront programmées pour renforcer ce nouveau partenariat. Un projet qui a été discuté hier avec les responsables maghrébins avant d'achever le travail à Washington. Un premier pas a été franchi hier en lançant les débats avec les représentants du gouvernement algérien, notamment le ministre de l'Industrie. M. Benmeradi, présent à cette conférence qui s'inscrit en droite ligne, faut-il le noter, après le sommet sur l'entrepreuneuriat organisé par le président américain Obama en avril dernier à Washington, a avancé porter un intérêt à cette initiative, particulièrement en «ses dimensions de création de pépinières d'incubateurs et de centres d'excellence». L'Algérie espère arriver à des résultats à travers ce projet. «Nous souhaitons que cette première rencontre soit le point de départ de cette initiative», dira le ministre avant d'afficher la disponibilité de l'Algérie à coordonner la mise en œuvre du programme d'action arrêté. Le Forum des chefs d'entreprise (FCE) s'est également déclaré intéressé par un tel projet, en attendant des actions concrètes. «Un focus sur les jeunes avec une dimension maghrébine, c'est intéressant comme proposition», dira-t-il. S. I. 2,4 millions de dollars pour promouvoir l'entrepreuneuriat dans le monde musulman Depuis une dizaine d'années, les Etats-Unis ont lancé un programme spécial pour encourager l'entrepreneuriat des jeunes dans le monde musulman. Ce programme, intitulé «Junior Achievement-Injaz Al Arab», s'étale sur sept ans et bénéficie d'une enveloppe financière de 2,4 millions de dollars, selon M. Fernandez. Ce programme est déjà en cours au Maroc et en Tunisie. Il se développera dans les années à venir en Algérie et en Libye. Jusque-là, Injaz a formé directement 700 000 jeunes, leur donnant les bagages nécessaires pour devenir de jeunes entrepreneurs et innovateurs. Aussi, afin d'encourager davantage les jeunes entrepreneurs à réaliser leurs rêves, l'Initiative de partenariat avec le Moyen-Orient, relevant du département d'Etat (MEPI), fournit 1,5 million de dollars au projet Injaz, «Generation Entrepreneur Project». Ces fonds vont permettre à 22 000 jeunes de toute la région à démarrer leur propre entreprise. Une bibliothèque numérique américaine accessible aux Maghrébins En réponse à l'appel du président Obama pour accroître les opportunités en sciences et en technologie, les Etats-Unis vont établir une librairie des sciences numérique pour le Maghreb. Selon M. Fernandez, cet outil sera accessible aux Maghrébins au printemps prochain. Il permettra «de soutenir le développement en sciences et en technologie, accroître l'accès aux données numériques scientifiques et à la recherche, encourager le partenariat et les relations à travers des réseaux sociaux, la création des licences de technologie et d'échange». Ce projet sera accompagné par des ateliers pratiques dans toute la région pour soutenir et promouvoir le programme.