Le gouvernement s'apprête à lancer «des enquêtes sur les transferts de devises de sociétés étrangères» opérant en Algérie. C'est le ministère du Commerce qui le confirme. Intervenant hier sur les ondes de la Chaîne I de la radio nationale, Hocine Boubtina, directeur à l'Agence nationale de promotion du commerce extérieur, structure rattachée au ministère du Commerce, a souligné que les investigations dont il est question concerneront les «transferts de devises» et le «respect» du dispositif d'investissement. Houcine Boubtina a évoqué le «rappel des vérificateurs des impôts» de leur congé annuel. Ces agents de la direction des impôts (DGI) vont travailler à la préparation «de missions d'inspection», selon lui. Dans ses déclarations à la radio, ce responsable à l'agence de promotion du commerce extérieur, a parlé de «dépassements» de la part d'entreprises étrangères. Il n'en dira pas davantage. Le code des investissements actuel accorde une multitude d'avantages, dont une large partie se rapporte aux transferts de capitaux, aux sociétés étrangères. Cette fluidité dans les lois participe d'une volonté délibérée d'encourager l'acte d'investir. Selon des statistiques avancées par la Banque d'Algérie, le transfert des capitaux a fortement augmenté au cours de ces dernières années. En valeur, la part des bénéfices réalisés par des entreprises étrangères et transférés à l'étranger au cours de l'année 2007 tourne autour de six milliards de dollars, contre 4,75 milliards de dollars rapatriés en 2005, 3,12 milliards en 2004 et 2,2 milliards en 2003, selon toujours la Banque d'Algérie. Le pays transfère ainsi à l'étranger plus de devises qu'il n'en reçoit. Cela veut dire que la valeur ajoutée (réinvestir une partie, du moins, des bénéfices) que les sociétés étrangères censée produire, l'Algérie n'en tire pas profit. C'est une zone grise dans le dispositif des investissements que le gouvernement projette de rectifier. Aussi, de nouvelles meures ont été prises, des travaux en ateliers ont été organisés par la chefferie du gouvernement pour discuter et traiter des transferts de capitaux et des investissements. L'idée est donc de revoir ce qui ne fonctionne pas dans les mécanismes régissant le transfert des capitaux. Dans une de ses récentes déclarations, le ministre de la Communication et, par ailleurs, porte-parole du gouvernement avait déclaré : «Nous avons pris des mesures qui ne contredisent pas les lois de l'économie de marché», «nous visons à promouvoir l'économie nationale» au rang de l'économie mondiale, nous allons «opter pour les méthodes de travail et les règles internationales» et nous avons décidé de «revoir les règles» du transfert des capitaux pour sauvegarder les intérêts de l'Algérie. Est-ce à dire qu'il s'agit d'un durcissement des conditions d'investissements ? Les mesures en question découlent en fait du discours du président de la République devant les élus locaux. C'était le 23 juillet dernier. Le chef de l'Etat avait dit qu'on «s'est trompé», en allusion aux investissements étrangers. Y. S.