Dorénavant, tous les opérateurs économiques étrangers exerçant en Algérie seront soumis à des enquêtes sur leurs activités. L'Algérie commence à resserrer l'étau sur les entreprises étrangères. Dorénavant, tous les opérateurs économiques étrangers exerçant en Algérie seront soumis à des enquêtes sur leurs activités. Selon Hocine Boubtina, directeur à l'Agence nationale de promotion du commerce extérieur, ces enquêtes, qui seront lancées dans les prochains jours, concerneront, entre autres, le respect du dispositif d'investissement et le transfert des devises effectué par ces sociétés. Intervenant hier sur la chaîne I de la radio nationale, M.Boubtina a indiqué que plusieurs entreprises étrangères ont commis des dépassements contre la législation en vigueur. Quelles sont ces entreprises et quels sont les dépassements commis? L'invité de la radio n'en a soufflé mot. Il faut dire que plus de 7 milliards de dollars ont été transférés, l'année dernière, à l'étranger, alors qu'en 2002, le montant ne dépassait pas les 2 milliards de dollars. Le phénomène est d'autant plus inquiétant que l'Etat est appelé à remédier à l'incurie confondante de l'administration fiscale. C'est en effet à cause de cette donne que le marché informel a fait florès aujourd'hui en Algérie, faisant perdre au pays des sommes astronomiques. Et si l'opération du contrôle des activités des entreprises étrangères, annoncée tambour battant par le département du Commerce, signifie quelque chose, c'est bien la détermination des autorités à durcir le ton. La position demeure justifiée, notamment lorsqu'on apprend que les opérateurs économiques étrangers, investissant en Algérie, ne réinvestissent que 30% de leurs bénéfices. Les 70% restants sont, tout simplement transférés à l'étranger. Les économistes estiment que l'Algérie est en perte sèche, suite à ce genre de pratiques qui, pourtant, sont contre la législation en vigueur et selon laquelle 50% des bénéfices engrangés par les investisseurs étrangers doivent être réinvestis localement. Les observateurs estiment que depuis son retour à la chefferie du gouvernement, Ahmed Ouyahia n'a eu de cesse de durcir les conditions imposées aux étrangers pour investir en Algérie. Le coup est devenu d'autant plus sérieux après le sévère réquisitoire dressé, le 23 juillet dernier, par le président de la République, contre certains ministres, à l'instar de celui de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar. Par ailleurs, les observateurs ne manquent pas de constater que les mesures prises par le gouvernement vont exclusivement à l'encontre des entreprises étrangères, alors qu'une certaine permissivité est remarquée quand il est question des opérateurs économiques privés algériens. Là, la faille est énorme. Et on n'a pas à être un fin économiste, ou un éminent analyste pour faire le constat. Il suffit, dans ce sillage, de voir la liste des employés non déclarés, vente et achat sans facture...pour se rendre compte du ver qui gangrène impitoyablement l'économie algérienne. Contre toute attente, l'on fait recours à ces pratiques au moment où des exonérations d'impôts importantes sont faites par les pouvoirs publics, dans l'objectif évident d'encourager l'investissement privé algérien. Aussi, quand la ruine provient de l'intérieur de la maison, ceux de l'extérieur ne peuvent que faire autant ou pire. La terrible vache à traire qu'est devenue l'Algérie semble susciter la convoitise autant des entreprises étrangères qu'algériennes. La tenaille doit donc être resserrée aussi bien sur les opérateurs économiques d'ailleurs, cultivant la fuite des capitaux, que des entreprises privées algériennes, dont certaines oscillent entre l'évasion et la fraude fiscale.