La décision prise par les pouvoirs publics, en 2003, de créer une entité économique chargée de la gestion et de l'exploitation des ports et abris de pêche, qui a donné lieu à dix entreprises de gestion des ports de pêche (EGPP), filiales des entreprises portuaires a, entre autres objectif, de moderniser ces ports qui étaient pratiquement à l'abandon. Insécurité, absence d'eau, absence d'éclairage et bien d'autres failles encore entravaient ainsi cette activité vitale. L'organisation des espaces portuaires pour des activités de soutien à la production a permis d'équiper qualitativement les ports de pêche pour une utilisation optimale de leurs capacités et la rationalisation de leur occupation. Pour ce faire, la cinquième édition du Minappech (Manifestation pour l'investissement dans les activités des ports de pêche de commerce halieutiques) organisée la semaine dernière au Palais des expositions aux Pins maritimes a constitué une occasion de plus pour les ports de pêche algériens de trouver des investisseurs potentiels pour mieux les développer et les moderniser. 61% des projets sont en réalisation Dans ce cadre, le Groupement d'intérêt commun des entreprises de gestion des ports de pêche (GIC/ EGPP) lance à chaque fois des appels d'offres d'investissement nationaux et internationaux pour inciter des opérateurs économiques algériens ou étrangers à prendre en charge les projets des halls à marée, des cercles de pêcheurs, de construction et de réparation navales… Ces offres d'investissements sont toujours suivies par l'organisation de ces Minappech dont la première édition remonte à l'année 2006. L'objectif de ces manifestations est de rapprocher les investisseurs potentiels des offres mises en compétition. Cette année encore, 100 projets sont mis en compétition et les cahiers des charges peuvent être retirés jusqu'au mois de mars prochain. A la mi-journée du deuxième et dernier jour du Salon, pas moins de 80 lettres d'intention ont été déjà présentées par des investisseurs nombreux à faire le déplacement jusqu'à la Safex pour s'enquérir des projets retenus cette année au niveau des 33 ports de pêche existant à travers l'ensemble du territoire national. Faut-il rappeler que sur les 104 projets lancés lors des précédentes éditions des Minappech, 81 ont été retenus dont 61% sont en cours de réalisation au niveau de tous les ports de pêche que compte le pays. Ces projets, faut-il le signaler aussi, sont donnés en concession et c'est à l'investisseur de présenter son business plan. Bien sûr, des facilitations leur sont accordées par l'Andi (Agence nationale de développement de l'investissement), entre autres l'exonération de la TVA et des droits de douane. Il faut savoir que les missions des EGPP, c'est le développement des ports de pêche en mettant à la disposition de la corporation des armateurs de pêche toutes les commodités pour une meilleure prise en charge de leur activité. Pour cela, un état des lieux a été établi en 2004 par le laboratoire d'études maritimes (LEM) afin de déterminer le niveau de besoin en équipements de ces ports. Cette démarche a été suivie d'une étude pour voir comment équiper ces ports, laquelle a débouché sur un schéma directeur d'aménagement. Ce dernier a été approuvé par un comité intersectoriel composé des ministres du Transport, des Travaux publics, et de la Pêche. Ce schéma directeur prévoit une série de projets pour permettre à la corporation d'exercer convenablement leur profession. C'est ainsi que l'EGGPP de Béjaïa, dont l'activité a démarré en 2004, rayonne sur deux wilayas, à savoir Béjaïa et Tizi Ouzou. Cette dernière comprend deux ports, Tigzirt et Azzefoun, qui sont déjà réceptionnés. Celui de Béjaïa existe déjà depuis avant l'indépendance, tandis que celui de Tala Ilef, toujours sur la côte ouest béjaouie, sera opérationnel à la fin du premier trimestre 2011. EGPP Béjaïa : 21 projets, 800 millions de DA et 300 emplois créés Les travaux sont à 97% de taux de réalisation. Au titre des précédentes Minappech, l'EGPP de Béjaïa a obtenu de bonnes performances. En effet, 21 projets sont réalisés au niveau des quatre ports pour un montant d'investissement de 800 millions de dinars avec 300 postes d'emploi directs générés. Pour cette 5ème édition, le port de Tala Ilef, à titre d'exemple, est concerné par plusieurs projets à savoir une fabrique de glace, un entrepôt frigorifique, une hall à marée, un cercle du pêcheur, et un comptoir de vente de matériel de pêche. Au port d'Azzefoun, le cercle du pêcheur et la station d'avitaillement pour alimenter les bateaux en carburant sont déjà opérationnels, l'entrepôt frigorifique et la halle à marée seront réceptionnés au mois prochain, tandis que le chantier de réparation navale sera lancé incessamment. Ce projet, qui coûte la bagatelle de 200 millions de DA, est confié à une société algéro-coréenne. Pour le port de Tala Ilef, deux investisseurs sont retenus pour réaliser le projet d'une station d'avitaillement et le chantier de réparation navale. Celui-ci verra ses travaux réalisés par une société algéro-espagnole. D'autres projets sont en voie de lancement.Pour sa part, pour l'EGPP de Skikda, qui gère trois ports, à savoir Stora, Collo et la Marsa, les mêmes projets sont retenus. Sauf qu'au niveau de cette institution, ces projets n'ont pas connu l'engouement voulu comme c'est le cas pour les autres ports. Les raisons sont dues à l'hésitation des investisseurs de la région qui ont peur de se lancer dans des créneaux d'activité jugés en plus onéreux, comme pour les engins de levage des embarcations de pêche, plus précisément la roulève (engin qui soulève les bateaux de pêche) et dont le coût minimum est de 5 milliards de centimes.Ajoutez à cela le fait que le port de Stora était en chantier, de son infrastructure d'où la difficulté pour les opérateurs économiques d'envisager un quelconque investissement. Après un travail de sensibilisation, et d'information pour rassurer l'investisseur, les responsables de l'EGPP de Skikda sont optimistes quant à la réalisation des projets lancés. D'ores et déjà, de nombreuses lettres d'intention ont été soumisesà l'occasion de cette cinquième manifestation. Les projets à travers les ports de pêche algériens permettront de doter notre pays de moyens propres et de hisser ces infrastructures aux standards internationaux. Ils apporteront sans doute des réponses aux attentes des usagers des ports de pêche, notamment à la communauté des pêcheurs. B. A. Le laboratoire des études maritimes au service des EGPP Le laboratoire des études maritimes (LEM) a été créé en 1978. Cet établissement spécialisé dans le domaine maritime effectue, entre autres, des études d'aménagement portuaire, d'aménagement et de protection de l'environnement et du littoral.A la création des EGPP en 2004, le LEM a été chargé de faire un travail de diagnostic de ce qui est patrimoine des ports de pêche qui étaient alors au nombre de 29.Un état des lieux précis a été établi en 2005 et constitue un schéma directeur d'aménagement de ces ports qui avaient besoin d'équipements. Doté des équipements technologiques les plus modernes, ce laboratoire accompagne les EGPP depuis leur création à ce jour, et assure l'assistance technique des travaux. Il est de ce fait toujours présent au Minappech. B. A.