Les conditions «très difficiles» dans laquelle vivent les handicapés moteurs ont été évoquées hier à Alger par l'association nationale des handicapés moteurs Ettahadi et l'association des malades neuromusculaires Echiffa. Le constat étant dressé hier par les deux associations au forum hebdomadaire du quotidien national El Moudjahid, elles ont appelé l'Etat à une action «urgente» pour la prise en charge de cette frange de la société. «L'handicapé moteur en Algérie vit le calvaire au quotidien, il est chaque jour confronté à toutes sortes de problèmes que nul ne peut ressentir, sauf lui», a indiqué le président d'Ettahadi, M. Bouzara Hamza, lors d'une conférence au forum du quotidien El Moudjahid. «Rien n'est fait en matière d'assistance et de prise en charge pour cette frange de la société, et ce, malgré les textes de lois portant sur les droits des handicapés», a-t-il ajouté. «Les handicapés moteurs font face à de multiples difficultés qui compliquent leur existence», a souligné M. Bouzara. «Ils ont du mal à accéder aux lieux publics qui sont en majorité dépourvus de pentes ainsi qu'aux transports, notamment dans les bus, les taxis, trains,etc.» a-t-il expliqué. L'intervenant a aussi déploré «le manque de respect» à ces personnes au sein de la société. Celles-ci se retrouvent souvent face à des comportements ou à des questions «embarrassantes» de la part de gens «peu sensibles» à leur souffrance physique et psychologique. M. Bouzidi Toufik, de la même association, a, pour sa part, souligné la détresse des handicapés, qui «souffrent aussi matériellement». «Que peut faire un handicapé avec seulement 4 000 DA par mois ?» s'est interrogé M. Bouzidi, précisant qu'il «ne veut pas devenir mendiant en tendant la main à chaque besoin». «Le handicapé a besoin aussi d'une autonomie financière», a-t-il dit. Il a affirmé que l'allocation mensuelle qu'il perçoit actuellement est «très insuffisante», estimant qu'elle doit être augmentée à 15 000 DA au moins. Le président de l'association Echiffa, M. Bouras Abdelkader, a, lui aussi, relevé qu' «il y a un manque de prise en charge des malades neuromusculaires, dont plusieurs cas présentent des pathologies rares ou méconnues, nécessitant une assistance multidisciplinaire, ce qui est compliqué et coûteux». Tout comme les précédents intervenants, Mme Dawadji Kenza, secrétaire générale de l'association Ettahadi, a déploré l'absence «de prise en charge de cette catégorie de personnes ne demandant que leurs droits», a-t-elle souligné. Les deux associations Ettahadi et Echiffa ont interpellé l'Etat afin qu'il accorde «plus d'attention» aux handicapés en général et aux handicapés moteurs en particulier. En leur assurant une «meilleure prise» en charge, il (l'Etat) leur «allégera le fardeau de leur handicap». R. N.