Au nom de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CDEAO), les présidents du Bénin, de Sierra Leone et du Cap-Vert sont attendus demain à Abidjan pour tenter une dernière médiation et demander au président Laurent Gbagbo de quitter le pouvoir en Côte d'Ivoire. La CDEAO, qui veut jouer un rôle déterminant, entend trouver une sortie à la crise par le dialogue. Les trois chefs d'Etat iront parler au président Gbagbo pour endiguer le risque de guerre civile qui menace la Côte d'Ivoire. Cependant, la mission s'annonce compliquée d'autant plus que la tension est montée avec la ferme menace brandie par les pays de la même CDEAO à l'adresse de Laurent Gbagbo de recourir à la «force légitime» s'il ne cédait pas. Laurent Gbagbo, qui risque des poursuites internationales pour les récentes violences ayant fait 173 morts, n'en démord pas. Les deux rivaux, le sortant Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, se disputent toujours la présidence depuis le scrutin du 28 novembre. Les Nations unies ont reconnu Alassane Ouattara comme le seul président légitime. Laurent Gbagbo refuse de céder. Les pressions, notamment des Etats-Unis, de l'Union européenne et de l'Union africaine, sont plus prononcées. Le gouvernement Gbagbo qualifie d'injuste la menace de recours à la force brandie par les chefs d'Etat ouest-africains. Depuis le début du blocage politique, il s'agi de la première menace directe d'intervention militaire en Côte d'Ivoire. Le spectre d'une guerre civile généralisée menace le pays. Le porte-parole du gouvernement Gbagbo parle d'injustice, dénonçant «un complot international dirigé par la France» contre la Côte d'Ivoire. Les 15 Etats de la CDEAO ont finalement décidé d'envoyer en Côte d'Ivoire un émissaire chargé de remettre un ultimatum à Gbagbo. A New York, les 192 membres de l'Assemblée générale de l'ONU ont reconnu à l'unanimité Alassane Ouattara comme président en acceptant les diplomates qu'il a nommés à l'organisation comme seuls représentants officiels du pays. C'est un véritable revers pour Laurent Gbagbo qui ne montre aucune intention de céder. Au contraire, il soutient avoir remporté le second tour de la présidentielle s'en tenant à l'annonce du Conseil constitutionnel. L'impasse politique au pays des Eléphants a pris, la semaine dernière, un virage dangereux avec des fusillades meurtrières. Dans la foulée, la Banque mondiale gèle quelque 800 millions de dollars destinés au financement de la Côte d'Ivoire. La mesure compliquera à n'en point douter le payement des salaires des fonctionnaires et des soldats. Au sein de la population, l'appréhension reste à son comble. Le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a enregistré un total de 14 000 Ivoiriens réfugiés au Liberia fuyant l'instabilité post-électorale dans leur pays. M. B.