Dans le cadre de ces efforts africains, la Cédéao (Communauté économique des états d'Afrique de l'Ouest), qui a suspendu la Côte d'Ivoire de ses instances et menacé Gbagbo de recourir à la force pour le déloger, a privilégié une nouvelle fois la voie diplomatique en dépêchant trois chefs d'Etat attendus dès demain, mardi, à Abidjan pour porter un message à Laurent Gbagbo. Au nom de l'organisation régionale de l'Afrique de l'Ouest, les chefs d'Etat du Bénin Boni Yayi, de la Sierra Léone Pedro Pires et du Cap-Vert Ernest Koroma, demanderont à Gbagbo de quitter le pouvoir, a annoncé Jean Marie Ehouzou, ministre béninois des Affaires étrangères. En dépit des premières tentatives de la Cédéao et de l'Union africaine (UA) pour trouver une solution à la crise ivoirienne née du scrutin présidentiel du mois dernier, Laurent Gbagbo tient toujours les reines du pouvoir et refuse de les céder à Alassane Ouattara président légitimement élu et reconnu par la communauté internationale. Le porte-parole de Gbagbo, également ministre des Affaires étrangères de son gouvernement, Alicidi Djidji, a déclaré dans un communiqué que ce cabinet du Président sortant est disposé à rencontrer les émissaires de la Cédéao à la date de leur choix. Le chef de la diplomatie de Gbagbo a averti, en outre, contre tout recours à la force contre le gouvernement Gbagbo, formulé par la Cédéao à l'issue de son dernier sommet à Abuja. Le porte-parole du cabinet Gbagbo, Ahoua Don Mello, a mis en garde, samedi, contre la mise en exécution de cette menace, évoquant un risque de «guerre civile». «Tous les pays (d'Afrique de l'Ouest) ont des ressortissants en Côte d'Ivoire, et ils savent que s'ils attaquent la Côte d'Ivoire de l'extérieur, cela va se transformer en guerre civile à l'intérieur», a-t-il dit Afin de sensibiliser les Ivoiriens et les rallier à la cause Gbagbo, le ministre de la Jeunesse de son cabinet, Charles Blé Goudé, a appelé toute la population et «les démocrates africains» à une manifestation pacifique, mercredi à Abidjan, pour le «respect des institutions du pays». Depuis le début de la crise post-électorale en Côte-d'Ivoire, les violences entre partisans des deux Présidents proclamés Gbagbo et l'opposant Ouattara ont fait 170 morts et plus de 200 blessés entre les 16 et 21 décembre dans ce pays, selon des estimations de l'ONU. Déplorant la situation actuelle dans ce pays, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU avait, à l'issue de sa dernière session spéciale consacrée à la crise ivoirienne, dénoncé dans une résolution «les atrocités et les violations des droits de l'homme commises en Côte d'Ivoire» au lendemain de la présidentielle. Outre des cas d'enlèvements, de disparitions forcées, de détentions arbitraires, d'exécutions sommaires, interdiction des réunions pacifiques, assassinats et destructions de propriétés, cités dans la résolution onusienne, la Côte d'Ivoire a connu, également, un exode de sa population en raison des violences. Selon une communiqué du Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), environ 14 000 Ivoiriens ont fui vers le Liberia voisin, notamment, depuis près d'un mois, et certains ont été empêchés par des groupes armés de traverser la frontière. «Les réfugiés marchent plusieurs heures ou même pendant des jours entiers avant de traverser les nombreuses rivières le long de la frontière» avec le Liberia, a précisé le HCR, faisant état de «plusieurs morts», de personnes atteintes de paludisme ou de diarrhées parmi les nouveaux arrivants. Le HCR a averti, également, contre une pénurie des denrées alimentaires en cas de la poursuite de l'arrivée des réfugiés, alors que la Commission européenne a fait état d'environ 11 000 réfugiés ivoiriens, dont une majorité de femmes et d'enfants, vers d'autres pays autres que le Liberia, à savoir la Guinée et le Ghana. La Commission européenne a indiqué, en outre, avoir débloqué cinq millions d'euros face au risque d'une crise humanitaire dans les pays voisins de la Côte d'Ivoire en cas d'afflux de réfugiés.