En Côte d'Ivoire, l'année débute dans l'incertitude et la tension. La ville d'Abidjan vit dans l'attente d'un possible assaut des partisans de Laurent Gbagbo contre le quartier général du rival Alassane Ouattara. L'hôtel du Golf, qui sert de QG à Alassane Ouattara et au gouvernement de son Premier ministre Guillaume Soro, est devenu une cible pour les partisans de Gbagbo. L'hôtel est soumis à un blocus de plus en plus étouffant. La sécurité de l'établissement hôtelier est assurée par d'ex-rebelles des Forces nouvelles (FN) de Soro et par quelque 800 soldats de l'Onuci qui en assure également le ravitaillement par hélicoptère. Son invasion pourrait s'avérer explosive, d'autant que Gbagbo a accusé l'Onuci d'avoir «tiré sur des civils» samedi dernier à la télévision publique RTI, exigeant à nouveau qu'elle quitte son pays. Laurent Gbagbo avait déjà demandé le départ de la mission onusienne ainsi que des forces françaises de l'opération Licorne, les accusant de soutenir non seulement politiquement, mais aussi militairement son adversaire. Ouattara a été reconnu vainqueur de la présidentielle du 28 novembre par la quasi-totalité des Etats du monde, mais Gbagbo, déclaré gagnant par le Conseil constitutionnel ivoirien, a gardé le pouvoir, préférant jouer le pourrissement. Les tentatives de désamorcer la crise ne se sont pas arrêtées. Une délégation de trois chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), à laquelle se joindra le Premier ministre kényan Raila Odinga, au nom de l'Union africaine (UA), est attendue aujourd'hui même à Abidjan. Les présidents béninois Boni Yayi, sierra-léonais Ernest Koroma et capverdien Pedro Pires étaient déjà venus une première fois pour rencontrer Gbagbo et Ouattara. La CEDEAO menace d'utiliser la force pour faire partir Gbagbo s'il refusait de céder sa place à Ouattara. Les émissaires ouest-africains privilégient encore la voie du dialogue, mais l'option militaire serait en préparation. Cependant, l'intervention par les armes de la CEDEAO serait une première dans l'histoire tumultueuse du continent africain. Ce serait la première fois qu'un organisme panafricain interviendrait militairement dans un conflit interne en Afrique. Des personnalités de premier rang tentent d'éviter le pire pour la Côte d'Ivoire. Le Kenyan Raila Odinga, dont c'est le premier déplacement en Côte d'Ivoire depuis sa désignation par l'UA, passera par Abuja pour y rencontrer le chef de l'Etat nigérian Goodluck Jonathan, président en exercice de la CEDEAO. Ancien opposant nommé Premier ministre en 2008 à l'issue d'une violente crise politique extrême au Kenya, Odinga s'est prononcé très clairement pour le départ de Gbagbo. Y compris par la force. L'action militaire serait-elle en marche en Côte d'ivoire ? M. B.