Véritable baromètre des pulsations populaires, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, le quartier de Bab El Oued est, à l'instar de nombreux autres quartiers de la capitale, au cœur de la grogne juvénile qui, partie mardi soir, ne semble pas près de s'apaiser. Si dans la soirée de mardi, les jeunes émeutiers, dont certains venaient de sortir du stade de Bologhine, se sont contentés de brûler des pneus et de scander des slogans hostiles au pouvoir, les soirées suivantes allaient s'avérer plus mouvementées et violentes. Visiblement de plus en plus déterminés à en découdre avec les forces de sécurité, les dizaines de jeunes ont laissé défouler leur rage sur tout ce qui pouvait être endommagé. Pneus de voitures, vitres et vitrines des locaux commerciaux, véhicules de particuliers… ont fait l'objet de casse et de pillage deux nuits durant. Les bandes de jeunes ont saccagé, autant que leur colère le leur permettait, à tel point que même les clôtures et autres grillages en fer ne leur ont pas résisté. C'est le constat que nous avons pu faire au niveau du quartier Basta Ali (à proximité de Triolet) où les locaux du nouveau showroom de Renault ont été complètement dévastés ainsi que les véhicules flambant neufs qui y étaient exposés. Plus bas, dans le populeux quartier des Trois-Horloges, la casse a ciblé notamment les locaux de Mobilis et de Bellat dont les dommages ont été très importants. Jeudi matin, les fonctionnaires de l'opérateur de téléphonie mobile s'affairaient à récupérer les archives qui pouvaient l'être, alors que les employés de la voierie publique s'attelaient à faire disparaître les amas de débris qui se sont amoncelés sur les trottoirs. Toujours dans la soirée de mercredi, des jeunes venus du quartier dit «djamââ lihoud» ont rejoint ceux qui se trouvaient dans les environs d'El kettani, munis de sabres tranchants. Devant tant de dégâts et de violence, les riverains n'ont pu cacher leur sentiment de révolte et leur désapprobation quant au recours à ces actes de vandalisme pour faire valoir des revendications aussi légitimes soient-elles. M. C.