Il est plus que nécessaire pour l'Algérie, pays à fort potentiel agricole, de prendre sérieusement en charge l'aspect sécurité alimentaire qui revient tel un leitmotiv dans tous les discours officiels, et investir davantage pour devenir indépendante dans ce domaine. Car, actuellement, elle continue d'être dépendante de l'étranger en matière de produits alimentaires de première nécessité, notamment le sucre et l'huile importés annuellement à coups de milliards.Ces deux derniers produits, qui représentent à eux seuls le sixième de la facture alimentaire, ont mobilisé une enveloppe financière de plus d'un milliard de dollars en 2010 contre 822 millions en 2009, une hausse d'environ 30% en termes de montant, selon les statistiques avancées la semaine dernière par le Centre national de l'informatique et des statistiques des Douanes algériennes (CNIS).Les importations de sucre roux dont les quantités ont atteint le 1 million de tonnes, ont coûté à l'Etat, toujours pour l'année écoulée, la bagatelle de 495 millions de dollars. Pour les huiles brutes, le recours à l'importation a engagé une enveloppe financière de 580 millions de dollars pour 625 743 tonnes. La facture des importations des biens alimentaires a encore augmenté en 2010 par rapport à 2009 où elle a connu un léger recul. La semaine dernière, les cours mondiaux du sucre ont encore grimpé en raison des fortes inquiétudes sur l'offre dues aux inondations vécues par l'Australie, qui se sont répercutés négativement sur la production locale. Vendredi dernier, la tonne de sucre blanc pour livraison en mars valait sur le Liffe de Londres 777,20 livres, contre 770 livres pour la même échéance une semaine auparavant. Sur le NYBoT-ICE américain, la livre de sucre brut pour livraison en mars cotait 31,63 cents contre 31,62 cents pour la même échéance le vendredi précédent. Ce recours à l'importation continue à grever le budget de l'Etat qui n'a d'autre choix que de subir les fluctuations des cours mondiaux de ces produits qui n'ont cessé d'augmenter ces deux dernières années.Devant cette situation, il est plus qu'urgent de mettre en place un programme pour renforcer la production locale à travers l'augmentation des capacités de raffinage du sucre et de l'huile. Mais aussi à travers un programme ambitieux de production de la betterave sucrière et de développement de la culture des oléagineux. Les possibilités de relance de ces productions ont d'ailleurs été évoquées par le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, le Dr Rachid Benaïssa, alors que l'Algérie vivait au rythme des émeutes déclenchées suite à la hausse soudaine des prix des produits de première nécessité, entre autres, le sucre et l'huile. Tous les facteurs nécessaires à leur développement seront réunis, a-t-il déclaré. Des études de projets d'opérateurs privés orientés dans cette direction sont entamées pour reprendre la production de la betterave sucrière et les cultures oléagineuses. La première pour la production du sucre et la seconde pour l'huile de table. Ces cultures font partie du programme sectoriel de renforcement de la sécurité alimentaire, pour réduire la dépendance envers l'étranger. La terre algérienne si généreuse, à laquelle la majorité des citoyens ont tourné le dos, peut venir à la rescousse pour sortir de cette dépendance. B. A.