L'augmentation des prix de produits alimentaires a particulièrement frappé les pays pauvres où la part des dépenses pour les denrées de première nécessité dans les budgets de famille est de 50 à 90%. Le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde ne baisse pas. Nous en Russie considérons depuis longtemps que le blé est à la tête de tout. Et ce dicton populaire a reflété pour un individu toute l'importance des domaines tels que l'agriculture et la production de blé. Les produits alimentaires sont une ressource essentielle de la vie. Et le niveau de leur sécurité est un critère primordial dans l'estimation de sa qualité. De ce fait, la Russie est sérieusement inquiétée par la crise alimentaire globale qui reste toujours aiguë. Elle se formait sous l'influence de nombreux facteurs : il s'agissait de l'accroissement de population de la planète, ainsi que du changement de la structure d'alimentation. En outre, il s'agissait du développement de la production des biocarburants à la base des matières premières alimentaires, de l'influence des changements climatiques sur la récolte et de plusieurs autres facteurs. Au printemps de l'année précédente, les prix des produits alimentaires aux marchés mondiaux ont augmenté de 55% et les prix du riz aux marchés asiatiques ont presque triplé. L'augmentation des prix de produits alimentaires a particulièrement frappé les pays pauvres où la part des dépenses pour les denrées de première nécessité dans les budgets de famille est de 50 à 90%. Le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde ne baisse pas. Aujourd'hui ce chiffre fait 950 millions de personnes environ. Qui plus est, il s'agit non seulement du niveau bas de la consommation de produits alimentaires, mais dans certains cas d'une véritable famine. Au XXIe siècle cela sonne particulièrement affreux, mais il s'agit d'un fait. Et dans certains pays où par la force des conditions climatiques la production de denrées n'est pas suffisamment développée, la situation reste explosive. Il est compréhensible qu'aujourd'hui la crise économique reste au centre de l'attention de tout le monde. Néanmoins, les problèmes des marchés de denrées n'ont disparu nulle part. Au contraire, ils deviendront plus aigus pour ces pays au cours de leur sortie de la crise. Aujourd'hui, la demande des consommateurs pour les produits alimentaires a baissé partout. Dans les pays riches, le panier de la ménagère est devenu plus simple et moins cher. Dans les pays pauvres, la famine a pris dimension. Comme contre-balance à un “milliard d'or” un “milliard d'affamés” a apparu, composé justement de ceux pour qui leurs revenus selon la classification internationale ne laissent pas de la chance d'obtenir les denrées de première nécessité. Aujourd'hui même on voit accroître la demande pour le blé dont la fourniture et l'accessibilité pour plusieurs pays en voie de développement reste la base de la stabilité sociale et économique. Selon l'avis des experts, la consommation du blé vers l'année 2030 augmentera de 30-40%. Et cela signifie que la communauté mondiale n'est pas protégée contre la récurrence des nouvelles spirales de la crise alimentaire dans le futur. Dans cette optique, nous considérons comme prometteuse l'idée de la création du système global de contrôle des réserves de produits alimentaires. Cette proposition a été avancée à la rencontre des ministres de l'Agriculture du G8 à Trévise. Sa réalisation facilitera la fourniture du blé sous forme de l'aide humanitaire aux pays qui en ont besoin, ainsi que permettra de réduire les risques sur le marché de produits alimentaires lui-même. Mais dans ce cas, il est important de trouver une balance juste entre les avantages de l'exportation du surplus de produits alimentaires et le danger de l'apparition du “syndrome de l'habituation” (quand les pays récepteurs de l'aide alimentaire régulière peuvent partiellement perdre leur stimulant pour la solution indépendante de leurs problèmes). La production du blé est un secteur traditionnel pour la Russie et son développement est déterminé par l'accessibilité des produits de pain aussi bien que par l'efficacité de l'élevage. Et les revenus de la vente du blé font une grande partie de profits des agriculteurs. L'année passée nous avons reçu une récolte record du blé (108,4 millions de tonnes). Les conditions du temps favorables et la haute fertilité naturelle des terres arables ainsi que le soutien financier opportun des agriculteurs de la part de l'Etat l'ont facilité. Nous avons l'intention de continuer cette politique dans la situation de la crise économique. Je voudrais noter aussi que les perspectives de l'élargissement des surfaces emblavées dans la plupart des régions de la planète sont épuisées ; tandis que la Russie occupe la position de leader dans le monde en ce qui concerne la surface et la qualité des terres cultivées. Ce n'est pas par hasard qu'à partir de l'année 1889 dans le Bureau international des poids et mesures de Paris un mètre cube de terre noire de Voronej est exposé servant de standard de structure et de fertilité du sol productif. Notre pays a concentré 40% environ de surface mondiale des terres noires – des terres caractérisées par la plus haute fertilité naturelle, ce qui leur donne un avantage concurrentiel important. Et dans la situation de la crise alimentaire, les terres russes qui ne sont pas utilisées à partir de l'année 1991 (il s'agit de 20 millions d'hectares) peuvent être réintroduites dans la production. Néanmoins, la participation russe à la production mondiale du blé ne s'élève qu'à 5%, tandis que son potentiel de surface cultivable est non moins que 14%. À cet égard, nos perspectives ultérieures d'un exporteur mondial sont assez évidentes. L'exploitation efficace du potentiel agraire biologique de Russie, le passage à la structure intégrale de production, correspondante aux régions bioclimatiques peuvent faire une solution intéressante. Mais pourtant, il est nécessaire d'examiner cette question avec la participation de la communauté d'experts et de chercheurs. Etant conscient de sa responsabilité, la Russie se donne pour tâche de réaliser son potentiel agraire riche et augmenter la production de céréales, pour devenir, avec les autres principaux producteurs agricoles, un garant de la sécurité alimentaire pour une grande partie de la population mondiale. La réalisation de cet objectif est bien possible, et le retour de la Russie dans le “club” des exporteurs-clés du blé le montre. C'est ainsi qu'en saison 2008/2009, la Russie fournira, selon les estimations, environ 21 millions de tonnes de céréales à presque 50 pays du monde. Le blé tendre de bonne qualité, utilisé pour la fabrication de farine aux pays développés ainsi qu'à ceux en développement, est le plus demandé. Le blé russe est déjà devenu, donc, un facteur important de la disponibilité des vivres dans de nombreux pays : c'est notre contribution dans la sécurité alimentaire mondiale. La Russie a l'intention d'élargir la géographie de fournitures de céréales et pénétrer les nouveaux marchés des pays de l'Asie du Sud-Est (avec les perspectives de la création du “Couloir oriental de développement”), ainsi que diversifier ses exportations avec l'augmentation de la part des produits du traitement des céréales. Nous sommes prêts à prendre des mesures supplémentaires pour accroître l'efficacité de la production agro-industrielle, créer les conditions favorables à la mise en pratique d'innovations et à la garantie d'accès à la terre et au capital pour des producteurs efficaces. Certainement, une utilisation large d'innovations dans le secteur de l'agriculture est notre priorité. Nous sommes prêts à encourager les investissements étrangers à long terme dans ce domaine. En mettant en œuvre des méthodes intensives d'agriculture, en suivant la technologie de la culture du blé et de l'augmentation du rendement moyen jusqu'à 24 q/ha (atteint en 2008), il est possible d'obtenir 112-115 millions de tonnes de blé par an ; et en mettant en exploitation des surfaces cultivables supplémentaires, jusqu'à 133-136 millions de tonnes. Les organisations internationales ont aujourd'hui, une tâche urgente de former un programme des recherches scientifiques sur tels problèmes que le développement des technologies et la garantie d'accès à ces programmes pour tous les pays. Notamment, la question de l'inscription dans les programmes de l'aide alimentaire aux pays en développement des fournitures des matériels et des technologies pour stimuler leurs productions agricoles est à l'ordre du jour. La production agricole peut être efficace seulement à condition de l'existence d'une infrastructure appropriée pour la conservation et la transportation. C'est pourquoi l'appui actif des projets d'infrastructures se voit une tâche très importante du lendemain. Ces projets sont les suivants : la modernisation et la création des nouvelles capacités d'élévateur, le développement du système des réseaux de transport, des capacités de transbordement dans les ports maritimes et fluviaux. Un des instruments de l'influence active d'Etat sur ces processus sera la Compagnie associée des céréales créée en Russie. Elle fonctionnera sur le marché des céréales comme tous les autres opérateurs, en réalisant certaines tâches de l'Etat, telles que des interventions, des fournitures dans le cadre des accords intergouvernementaux, et d'autres. Toutes ces questions seront discutées au Forum mondial sur les céréales à Saint-Pétersbourg, qui sera organisée, début juin, à l'initiative de notre pays. Nous sommes convainqus que le dialogue ouvert permettra d'aborder de nombreuses questions très compliquées dans le domaine alimentaire. D. M. (*) Président de la Russie