Même en bénéficiant du droit d'engager cinq joueurs pendant le mercato, les clubs professionnels du championnat algérien n'auront pas le marché facile. La Fédération algérienne de football a accompagné cette mesure par une autre mesure liberticide. Les clubs qui croulent sous des dettes, sont interdits de tout recrutement. De quoi s'attendre à un marché sans voix même si la masse de joueurs annoncés dans un championnat national gelé est énorme. La date du 31 décembre 2010 fixée pour épurer les dettes est passée. Le problème reste posé au-delà. Réunie le 20 novembre dernier à l'assemblée générale du CSA, la famille du MCA découvre que le club est endetté à hauteur de 16,4 milliards de centimes. Cette somme a été cumulée sur le cycle 2001/2010. Le déficit enregistré pour l'exercice 2009/2010 est estimé à environ 5 milliards de centimes : 26,4 milliards de dépenses contre 21,5 milliards de rentrées. Le président de la SSPA/MCA, M. Abdelkader Bouhraoua, n'hésite pas à dresser un tableau noir de la situation du club. «Jusque-là, nous vivons des avances de certains sponsors à l'image de Djezzy, Peau Douce et le Temps d'Algérie. Nous continuons à ratisser large dans l'espoir de trouver de nouveaux sponsors. Mais, je ne vois rien se profiler à l'horizon», déclare-t-il. Pour Abdelouahab, membre de l'assemblée, cela ne sert à rien d'attendre un homme d'affaires susceptible de reprendre le club devant cette montagne de dettes. D'autres Mouloudéens, à l'image de Sadek Amrous, ne perdent pas espoir de voir un industriel de poids lourds frapper à la porte du club. C'est la seule condition pour voir le club reprendre sa santé financière et devenir compétitif dans le marché des recrutements dans lequel il semble accuser un retard énorme. Aucune piste de recrutement hivernale n'est annoncée au MCA. Les dirigeants sont beaucoup plus préoccupés par la régularisation des dettes qui ne remontent pas uniquement à la saison précédente ainsi que les arriérés d'Alain Michel, évalués à 47 000 euros. Entamant le nouvel exercice avec le statut de tenant du titre, le MCA est à présent le club le plus endetté du premier championnat professionnel. Dans la hiérarchie des endettés du football national, le CABBA arrive en deuxième position avec des dettes de 5 milliards. Le club des Hauts Plateaux craint d'ores et déjà les effets de la décision de la FAF sur son avenir. Potentielle relégable, la formation de Bordj Bou Arréridj doit soigner sa position au classement en procédant à un recrutement de qualité au mois de décembre prochain. Opération impossible sans le payement des droits des onze joueurs de la saison 2009/2010. Le président du conseil d'administration du SSPA/CABBA, M. Messaouden Djamel, refuse de supporter le poids d'une dette héritée de la gestion du CSA. Le responsable bordjien propose à la tutelle des aides pour les clubs amateurs afin de pouvoir régler leur passif. «L'Etat peut proposer de réserver 30% du sponsoring ou bien 40% des aides de l'Etat aux clubs amateurs pour qu'ils puissent s'acquitter de leurs dettes». Pour un autre président de club évoluant dans le second palier, la décision risque de s'avérer contre-productive. «Les actionnaires sont venus investir et apporter leur argent pour les nouvelles SPA et pas pour payer les dettes cumulées par leurs prédécesseurs des CSA», explique-t-il. Très à l'aise financièrement grâce aux titres nationaux et régionaux gagnés récemment, la direction de l'Entente de Sétif fait face ces derniers jours au «syndicalisme» des joueurs qui réclament leur argent sous peine d'aller ailleurs. Le poids de dettes, qui va ainsi plomber le marché de l'hiver, fait néanmoins de l'ESS une direction heureuse dans le sens où il est quasiment impossible à un autre club de se faire prêter une valeur sétifienne. Y. A.