De notre correspondant à Constantine A. Lemili Les cadres locaux de la Société des eaux et d'assainissement de Constantine (Seaco) ont, après l'avoir dans un premier temps acquiescée, décliné l'invitation faite par la radio locale Cirta-FM de débattre face aux journalistes des préoccupations exprimées par des représentants de la société civile autour de la gestion de l'eau dans ce qui est appelé dans le jargon de la DHW «le groupement de Constantine».Il était plus que probable que la direction de la Seaco évacue du revers de la main une quelconque confrontation avec les représentants des médias d'autant plus que le responsable de la communication de ladite entreprise s'est épanché sur la question auprès de la modératrice de l'émission, soulignant que «les responsables étaient disposés à répondre à l'invitation sauf qu'il leur serait gênant de débattre face à la presse». Autrement dit, la direction de la Seaco veut communiquer à sens unique, dans la langue de bois officielle propre à des dirigeants qui auraient des choses à cacher, des secrets à protéger ou des privilèges à préserver. D'ailleurs, rencontré la veille de l'émission, un cadre algérien de l'entreprise, qui a demandé à garder l'anonymat, soutenait qu'en «réalité, Sonade, Epeco, Ade et Seaco, c'est du pareil au même. Vous le remarquerez aisément dans la qualité des prestations qui n'ont pas grandement changé même si l'eau est plus disponible qu'auparavant. Le seul changement remarquable est au niveau de la facture… seul l'en-tête a changé. Et c'est finalement cela la gestion déléguée de l'eau. Ce sont les mêmes personnes mais cette fois-ci devenus de hauts responsables, dans des bâtiments clinquants et des voitures rutilantes, etc.» Pour sa part, un syndicaliste, rencontré à l'issue du forum avorté à hauteur du siège de l'Union de wilaya l'UGTA où il contribue à la préparation d'une manifestation de travailleurs commune avec les sections d'Algérie Poste et d'Algérie Telecom prévue pour la journée d'aujourd'hui, dira : «Pour torpiller l'activité du syndicat en place et éroder son rôle de garde-fou de nature à préserver l'outil de travail et contrecarrer le laisser-aller, le népotisme, la marginalisation des cadres algériens, en plus clair un pillage qui ne dit pas son nom de l'entreprise, l'actuelle direction a fermé les yeux sur la création d'un syndicat parallèle adoubé par la Centrale et installé par injonction télécopiée à partir d'Alger. Savez-vous qu'au nom d'un partenariat, dont aucun avantage n'est visible, certains salaires sont compris dans une fourchette allant de 2 à 3 millions de dinars. En fait, ce n'est pas l'énormité de ces salaires eux-mêmes qui est à mettre en exergue mais l'absence d'une réelle contrepartie… dans tous les domaines.»Effectivement, la veille, le cadre précédemment évoqué soulignait «le nombre inquiétant de cadres algériens placardisés et payés alors qu'il s'agit de véritables compétences sans lesquelles l'ADE ne serait pas». Nous avons enfin pris attache hier en début d'après-midi avec autre responsable au niveau de l'Office national de l'assainissement, l'équivalent de la Seaco au sein de l'ADE, qui confirmera «la décision des responsables de l'entreprise [Seaco] de ne pas se rendre au forum de la radio locale au motif qu'ils n'avaient pas obtenu l'accord du conseil d'administration».En tout état de cause, les absents ont toujours tort et les journalistes ne se sont pas gênés pour poser les questions, lesquelles, au-delà de fâcher, lèvent le voile sur la gestion d'une entreprise où l'Etat algérien a quand même investi 28 millions d'euros sans pour autant être maître d'un tel pactole dans la mesure où, au bout de cinq années, que la Seaco ait réussi ou échoué dans ses engagements, le contrat prendra fin et l'ensemble des événements sera passé comme d'habitude par pertes et profits.