De notre correspondant à Constantine A. Lemili Evoquant l'économie de marché et les présumées entraves de la LFC, le ministre des Ressources en eau a tenu les propos suivants à l'endroit d'investisseurs américains : «Nous avons ouvert les portes [du marché, NDLR] et des truands s'y sont introduits.» Sans être plus précis que cela, il suffit toutefois de suivre le regard d'Abdelmalek Sellal pour comprendre aisément qu'il s'agissait du groupement français d'entreprises chargé du dossier de l'eau. La Société des eaux et assainissement de Constantine (SEACO) en fait partie. Dans la ville des Ponts, elle est même devenue un sujet de discussion pour ne pas dire de dérision pour la population compte tenu des images d'Epinal que livre le sol constantinois allégrement parsemé de geysers où que l'on se trouve. Or, pour une agglomération qui a bénéficié d'un financement de 60 millions d'euros pour la réhabilitation d'un réseau réputé vétuste parce que remontant au siècle précédent, l'addition n'en peut que paraître salée comparativement aux résultats. Est-il nécessaire de le souligner et pour boire le calice jusqu'à la lie, une autre rallonge, celle-ci de près de 28 millions d'euros, est venue s'y greffer pour la gestion déléguée de l'eau et de l'assainissement de la ville à des professionnels. Bien sûr, tout cela en respect de clauses contractuelles contenues dans un contrat dont le soubassement est un cahier des charges au respect duquel est, en théorie, tenu le cocontractant. Au vu de la réalité du terrain, cela ne semble finalement que littérature.Invités du forum hebdomadaire qu'organise la radio régionale, des cadres de l'hydraulique ont tenté, selon qu'ils disposent d'informations entrant dans leurs attributions, d'apporter des réponses dans la mesure où l'administration qu'ils représentent semble exercer une tutelle, plutôt sertie de contours qui ne brillent pas par leur clarté, sur la Société des eaux et de l'assainissement (SEACO), elle-même relevant opérationnellement de la Société des eaux de Marseille (SEM). Quoi qu'il en soit, l'impression première est que, mettant à profit cette confusion, les responsables de la SEACO évitent de communiquer sur le sujet au risque de trop s'exposer à des vérités pour lesquelles ils ne disposent vraisemblablement pas de réponses convaincantes, voire de solutions aux anomalies constatées sur le réseau qui, est-il nécessaire de le souligner, a été réhabilité. Et dans ce cas précis, il s'agira alors d'expliquer les raisons d'un contrat et le recours à un opérateur étranger pour une prestation à améliorer obligatoirement en la nivelant aux normes en vigueur prévues dans un tel cas de figure. Constat : la situation ne donne pas l'image d'un changement qui serait à la hauteur de l'agitation ayant prévalu et les déclarations triomphalistes des responsables d'un côté comme de l'autre au lendemain de la matérialisation du contrat. Hassan Taleb, chef de service des ressources en eau, dira à ce sujet : «Nous ne doutons pas des déperditions à longueur de temps évoquées par les médias. Il faudrait toutefois les relativiser en ce sens qu'elles peuvent ne pas relever de la responsabilité de l'administration et/ou de la société concernées dès lors qu'elles seraient localisées sur le réseau tertiaire [partie locataire, NDLR].» Ce qui n'est évidemment pas le cas, les fuites étant visibles sur l'ensemble de la chaussée des villes incluses dans ce qui est qualifié dans le jargon technique de l'administration de «groupement du chef-lieu de wilaya», en l'occurrence Khroub, Aïn Smara et Constantine. Cela étant, il se trouve de nombreux acteurs dans la gestion des réseaux. «La DH ne gère que le réseau primaire», précisera le cadre de la Direction de l'hydraulique.Si toutes ces fuites sont réelles et impossibles à nier, il n'empêche qu'aux yeux des responsables de l'hydraulique «la situation s'est nettement améliorée» au motif qu'aujourd'hui et comparativement à la fin des années 1990 tout ménage dispose régulièrement d'eau… quotidiennement même. Il faudrait juste se souvenir qu'il y a dix ans les dessertes n'étaient assurées qu'une journée sur trois et parfois cinq pour certaines zones. Mais ce même ménage reste quand même bien loin des promesses et des engagements fermes officiels de disposer d'eau sans interruption (H/24).Le ministre n'a cessé d'émettre au cours de ces derniers mois que, dans le dossier de l'eau, le partenaire étranger n'était pas clair et avait d'ailleurs menacé de prendre des mesures en ce sens et la question ne peut qu'apparaître des plus épineuses dans la mesure où elle a également excité la curiosité d'un chef de parti politique de l'opposition, pour ne pas le nommer Moussa Touati, et suscité chez le secrétaire général du FNA des commentaires bien loin d'être déraisonnables.