De notre correspondant à Constantine Abdelhamid Lemili Il y a de cela un mois, au cours d'une rencontre ayant pour thème le démarrage des travaux de réalisation du tramway, le wali de Constantine tombait à bras raccourcis sur les cadres de la SEACO, l'un, entre autres, des partenaires ou du moins des acteurs concernés par ledit projet, compte tenu de l'interaction de ses activités au même titre que les télécoms, la Sonelgaz avec l'Entreprise du métro d'Alger. Il est vrai aussi que tous les intervenants justifiaient leur nonchalance dans l'avancement des travaux par le peu de propension de la SEACO à tenir compte de leurs demandes et encore moins à y répondre, notamment sur le terrain. Abdelmalek Boudiaf devait d'ailleurs, pour ne pas entrer dans un débat qui sortirait de son contexte, celui auquel il avait convié l'ensemble de l'exécutif, conclura par «on doit voir cette semaine et nous parlerons longuement des questions qui préoccupent». Les cadres de la SEACO étaient dans la matinée de jeudi dernier, au même titre qu'un aréopage de représentants de l'exécutif (hydraulique, travaux publics, commune) et élus, invités d'une émission radiophonique de la radio locale. Une émission au cours de laquelle tout le monde allait en prendre pour son grade et dont les arguments, au demeurant des plus vaseux, aux questions des auditeurs n'apportaient aucun élément supplémentaire de nature à leur répondre avec discernement et auquel les «inch Allah», leitmotiv récurrent à souhait, ne risquent pas d'apporter les solutions plus tangibles souhaitées. Ainsi, au cours de cet entretien à bâtons rompus et auquel aucun responsable d'un organe donné ne pouvait casser du sucre sur le dos d'un autre (absent), la rencontre si elle n'a pas frôlé le crêpage de chignon n'en aura pas moins dévoilé l'absence totale de synchronisation, sinon d'harmonie dans la gestion de la ville et donc de la vie de tous les jours de ses habitants. Le représentant de la SEACO par exemple n'hésitant pas, comble du paradoxe, à affirmer que si «les fuites constatées en masse à travers l'ensemble des communes (ou du moins les sept que gère la société en plus d'une huitième dont le contrat tarde à être finalisé), c'est parce que la SEACO fournit un volume d'eau plus important que naguère. Aujourd'hui, des zones sont desservies H/24, certaines quotidiennement mais avec parfois des ruptures, d'autres en biquotidien. Toutefois, inch Allah, ce problème sera réglé dans de proches délais». Et question délai, parlons en… La SEACO est chargée depuis octobre 2009 d'un marché (gestion du réseau d'AEP et eaux usées) de 36 millions d'euros conclu par les pouvoirs publics avec la Société des eaux de Marseille (SEM). La clause contractuelle primaire concernait une période de diagnostic convenue pour une période de six mois. Or, ce n'est qu'au mois de juillet que les conclusions sont remises. Pis, le responsable de la communication de la SEACO présent à l'émission évoquera la nécessité d'un transfert de technologie pour la maîtrise d'un tel dossier. Or, la Seaco a tourney avec les effectifs de l'ancienne ADE dont finalement elle n'a fait qu'emprunter le sigle pour continuer à fonctionner comme avant. Nul ne peut jurer ignorer qu'aux mêmes causes répondent les mêmes effets. Bien entendu, le même responsable affirmera que la SEACO est au courant de tous les points de fuite d'eau évoqués (des milliers), ce qui n'empêche pas toutefois l'eau des centaines de mètres cubes d'eau d'être avalées par le sol ou, geyser bouillonnant sans désemparer… servir aux ablutions (authentique !) de travailleurs manuels, artisans en activité à proximité des lieux. Lui emboîtant le pas, un autre responsable communiquera même, à l'intention des usagers, des habitants mais aussi à quiconque souhaiterait contribuer à aider la SEACO par la signalisation d'endroits où serait constatée une fuite d'eau même, trois numéros de téléphone, donnés déjà au cours d'une conférence de presse animée par le directeur de l'hydraulique et le directeur régional de la même entreprise à deux mois de l'inauguration du barrage Beni Haroun par le président de la République. L'un des numéros (92 40 40) est faux parce qu'il s'agit de celui d'un tiers abonné ; au deuxième (92 50 50), nous aurons comme réponse : «D'accord, nous allons voir…» Quant au troisième (92 96 44), ça sonne et ça ne répond pas. Un peu comme la direction régionale de la SEACO (62 62 60). Il sera, au cours de cette émission, question également de l'état des routes, des chaussées, des trottoirs. Et il s'agit évidemment de tout un programme sur lequel s'étendre serait rébarbatif d'autant plus que l'évocation de la situation a fait place à une diatribe partagée par tous les intervenants qui se rejetaient à tour de rôle les responsabilités. En tout état de cause, une émission radiophonique comme celle de jeudi était nécessaire parce qu'elle est positive pour une question d'hygiène publique. Elle aidera au moins les habitants, sinon les auditeurs, à décompresser et à comprendre finalement pourquoi rien ne va dans leur cité. Pour l'anecdote, le maire de Ouled Rahmoun, présent au débat, n'a pas échappé, à juste titre d'ailleurs, à un lynchage en règle de la part des auditeurs qui l'ont appelé à partir de cette petite commune située à une dizaine de kilomètres du Khroub. Après avoir entendu religieusement (le maire appartient au MRN) les griefs que lui faisaient ses électeurs, il admettra, toute honte bue, qu'«en grande partie ce qui a été soulevé est vrai», se rattrapant toutefois en soulignant que «la commune est pauvre et que la difficulté liée au retard dans l'avancement des travaux et la concrétisation des projets ne nous est pas imputable».