Le GSP ex-Mouloudia club d'Alger, toutes disciplines confondues, est-il l'arbre qui cache la forêt du marasme du sport algérien et collectif dans sa diversité ? Le Groupe sportif des pétroliers d'Alger (GSP), né de la fin du deal entre la Sonatrach et le MC Alger, a pris le flambeau. Rattaché au groupe Sonatrach, le nouveau club (CSA), qui garde les 13 sections sportives, est le principal pourvoyeur des équipes nationales de toutes les disciplines et catégories. Ainsi, la nouvelle formation des Pétroliers a fortement marqué de son empreinte le sport algérien et africain, notamment dans les sports collectifs. Ils ont dominé de la tête et des épaules les compétitions nationales et régionales, particulièrement depuis l'avènement de la réforme sportive en 1977.Sponsorisé par la Sonatrach, le MC Alger avait, durant trente saisons, acquis tous ses titres de noblesse. Le handball et le judo restent, par excellence, la grande locomotive du vieux club algérois, en trustant une centaine de sacres dans les différentes catégories masculines et féminines. La section handball possède, en effet, l'un des plus beaux palmarès du continent africain avec une trentaine de titres (Coupe des clubs champions, Coupe des coupes et Supercoupe), auxquels s'ajoutent une quarantaine de titres nationaux, dont une remarquable série de victoires en Coupe d'Algérie (1997-2010), série en cours pour les messieurs, alors que les dames ont obtenu, en juin dernier, leur 13e titre consécutif en championnat. La section de volley-ball reste, également, très performante sur le double plan national et africain. Le basket-ball n'est pas en reste en imposant sa suprématie sur le plan national, obtenant neuf titres sur douze possibles dans les deux catégories, soit quatre doublés et un titre de champion. Les chocs émotionnels de nos piètres prestations en compétions continentales et mondiales et nos absences dans diverses compétitions, sur le plan régional et continental seulement, sont restés en travers de la gorge d'un public habité par la passion du handball en particulier et du sport en général. Nous n'en sommes pas encore revenus, hormis les limogeages des coaches, auxquels on fait porter le chapeau. C'est, paraît-il, le lot des sélectionneurs, constamment évalués au prorata des résultats des joueurs qu'ils ont eux-mêmes sélectionnés. À plus ou moins brève échéance, ils passent à la trappe. Ils deviennent ainsi l'offrande expiatoire qui occulte l'indigence des responsables nationaux et l'exutoire de la frustration et de l'amertume populaires. Une fois que l'une des sections du Mouloudia rentre avec des trophées ou des médailles, les esprits se calment ; on reprend pied par rapport à une réalité qui refait surface. Les questions se télescopent. Sommes-nous une nation de sport ou ne l'avons-nous jamais été ? Où se trouvent les failles et les déficiences de nos contre-performances ? Si populaire soit-il, le handball, à travers le GSP -ex-MC Alger-, peut-il être un cache-misère pour les autres disciplines sportives ? N'y a-t-il pas une ligne de fracture qui traverse l'ensemble de la planète sport dans ses dimensions nationales ? Notre façon de faire, en termes de prospection des talents juvéniles, d'encadrement méthodique et de gestion rigoureuse, est-elle à la hauteur de nos ambitions proclamées et des rêveries suscitées parmi le grand public ? Les sélections nationales algériennes, pour renforcer leurs effectifs, toutes disciplines confondues, font toujours appel au réservoir intarissable du GSP, particulièrement en handball. L'empreinte de Salah Bouchekriou L'Algérie, demi-finaliste convaincant de la Coupe d'Afrique des nations 2010, a apporté la preuve vivante de ce que les jeunes peuvent faire en matière de handball en Afrique. Il faut néanmoins, pour que la confusion ne s'installe pas dans les esprits, éclairer sur le processus de rajeunissement de la sélection algérienne. D'abord, l'ancien sélectionneur, Kamel Akkeb, que relaya Salah Bouchekriou, a fait le choix de se passer des services de certains cadres de l'équipe, pas forcément pour l'âge mais pour blessures ou pour manque de compétitivité. Mais parmi le lot appelé en renfort, la révélation algérienne de 2009, l'attaquant Messaoud Berkous, a été la vedette des Verts lors des différents matches. Ni les Croates ni les Serbes, qui évoluent tous dans les grands clubs d'Europe, et qui jouissent d'un capital expérience extraordinaire, ni les Danois qui se produisent dans les grands clubs européens, n'ont pu freiner la machine infernale qu'est Berkous. L'enfant de Bethioua a marqué de son empreinte ce championnat du monde 2011 de handball. Ce qui lui a d'ailleurs valu le titre de meilleur joueur lors du match face à la Serbie et la convoitise de plusieurs grands clubs arabes et européens. Ces efforts individuels lui ont permis de remettre l'Algérie en jeu. Il n'a pas cessé de bousculer les défenses adverses durant les 60 minutes de jeu et a même éclipsé partenaires et adversaires par son jeu, sa classe et ses bolides. Ce joueur de 21 ans, découvert par Reda Zeguili à l'occasion d'un tournoi à Oran, a énormément progressé et pris du galon avec le coach du GSP. Sa véritable carrière a débuté à l'âge de 16 ans au MC Alger qui l'a mis sur la rampe de lancement pour devenir ce produit fini, prêt à l'exportation comme l'ont été ses aînés. Son talent l'a vite fait rejoindre le rang de l'équipe nationale A. Un talent qui ne pouvait pas échapper à l'œil de Reda Zeguili qui l'a formé et forgé, et au sélectionneur Kamel Akkeb qui, sur avis du staff mouloudéen, l'a convoqué, la première fois le 6 février 2009, pour la CAN en Angola. En dépit de son très jeune âge, il s'est bien exprimé avec les Verts, surtout qu'il était souvent utilisé sur les flancs avec quelques fardeaux défensifs. Aujourd'hui, il semble plus à l'aise dans le rôle de puncheur où il a trouvé les moyens nécessaires pour percer les défenses, que ce soit par ses frappes solides et précises ou par ses pénétrations. Des prouesses qu'il a confirmées lors des 22e Mondiaux de handball en Suède. A travers les productions haut de gamme, le coach Salah Bouchekriou a ressenti la nécessité d'injecter dans son effectif de 16 joueurs sélectionnés pour le Mondial 2011 des jeunes issus de la grande école du GSP, plus qu'il n'en avait prévu. Ces joueurs de moins 20 ans étaient non seulement talentueux, puisqu'ils venaient de le démontrer au Caire, mais aussi compétitifs puisqu'ils venaient de prendre part, avec grand succès, à cette CAN. Bien plus, Messaoud Berkous avait déjà l'expérience de la CAN seniors, puisqu'il faisait partie des 16 joueurs sélectionnés par Kamel Akkeb pour la Coupe d'Afrique des nations que l'Angola a organisée en 2009.Le GSP (ex-Mouloudia d'Alger) possède le plus puissant et le plus riche effectif au niveau individuel sur le continent depuis des années. C'est pour cela qu'il est le maître incontesté de l'Afrique avec plusieurs titres continentaux et mondiaux. Il semblerait que l'heure des jeunes Ryadh Djermouli, Hamza Remili et Zamoum, les futures découvertes du GSP et les espoirs du handball algérien, ait sonné et qu'ils vont éviter toutes les erreurs du passé, surtout qu'ils ont annoncé que les futures CAN seront les leurs. Ils sont prêts à entrer en scène pour décorer le maillot algérien. C. C.