Le site goodplanet.info fondé par Yann-Arthus Bertrand part à la rencontre de ceux qui se bougent pour l'écologie. Pour cette fois, le site met en avant l'action de Fabio Rosa, ingénieur agronome, qui, en regardant la télévision, a eu une idée simple qui a changé la vie de millions de Brésiliens ruraux. Grâce à lui, ils ont pu accéder à l'électricité.«Je lutte depuis vingt ans pour un monde plus lumineux !» dira M. Rosa, la quarantaine, qui a fait de l'électrification des campagnes brésiliennes le combat de toute une vie. Véritable acteur du changement, ce gaucho philanthrope, originaire de Porto Alegre, a réussi à mettre en place des solutions durables pour fournir aux plus démunis de l'énergie à moindre coût dans certaines régions reculées du Brésil. Une démarche primordiale pour la survie des paysans et le maintien des populations en milieu rural. «Deux milliards d'êtres humains - dont 25 millions de Brésiliens - n'ont pas accès à l'électricité. Sans ce service de première nécessité, les conditions de vie s'avèrent plus que précaires […]. Mais l'électricité coûte cher. Or, sans eau, les récoltes sont maigres et incertaines. C'est un cercle vicieux», dira-t-il.Un jour, en allumant la télévision, Fabio tombe par hasard sur la solution : «Un professeur d'électricité proposait, pour baisser les coûts de branchement et d'exploitation, de transformer un courant triphasé en monophasé, un système artisanal beaucoup moins puissant mais dix fois moins coûteux, largement suffisant pour les activités des paysans. Tout à coup, la lumière s'est allumée dans ma tête !» Le coût de branchement du système triphasé pour une habitation isolée revenait à 7 000 dollars dans les années 1980, soit huit années de revenus pour un petit fermier, alors que 450 dollars sont nécessaires à l'installation d'un système monophasé. Dès lors, M. Fabio se met au travail.Commence alors pour lui une épopée semée d'embûches. «Très longtemps, j'ai eu l'impression de faire un pas en avant, deux pas en arrière. J'ai rencontré un à un les agriculteurs et les maires de nombreux villages pour les convaincre. Mais quand l'implantation du monophasé est devenue trop visible, trop répandue, les politiques, souvent liés aux intérêts des institutions ou des compagnies d'électricité, ont commencé à me mettre des bâtons dans les roues. J'ai dû lutter contre le monopole de l'électricité et contre les intérêts particuliers, politiques et économiques. Chaque fois que je croyais parvenir à mes fins, un changement de représentants politiques m'obligeait à reprendre mon travail de lobbying depuis le début !» Les premières années, le projet d'électrification des campagnes brésiliennes, proposé par Fabio Rosa, est financé par les institutions régionales. «J'étais totalement tributaire de leur mansuétude, se souvient l'écologiste. Dès que mon action devenait gênante, on me coupait les vivres ou on m'interdisait de continuer.» En 1992, il décide alors de s'affranchir de toute subvention publique en créant Agroelectric of Appropriate Technology (STA), une entreprise commerciale qui vend du matériel et des prestations électriques. Les bénéfices engrangés assureront le financement des actions de son association, Institute for development of natural energy and sustainability (IDEEAS), qui, aujourd'hui encore, œuvre pour l'accès à l'électricité pour les plus pauvres. Aujourd'hui, grâce à Fabio Rosa, plus d'un million de Brésiliens bénéficient d'un accès à l'électricité. De plus, grâce à l'électrification des campagnes, le prix des terres excentrées ont pris de la valeur, et les agriculteurs ont multiplié leurs rendements de manière considérable.