Photo : M. Hacène Pat A. Lemili Les joueurs de Benchikha, ceux de l'EN A', ne sont pas encore partis pour le Soudan que déjà des réserves s'élèvent ici et là sur leurs capacités à faire valoir sur les lieux le football national. La raison ? Leur défaite face à l'équipe olympique, laquelle ne serait pas née de la cuisse de Jupiter. En somme, l'expression parfaite d'un football national qui vole au ras des pâquerettes. Quoi qu'il en soit, en parfait druide qu'il semble vouloir être, Abdelhak Benchikha semble persuadé de réussir avec son groupe et surtout d'apporter la preuve que les joueurs locaux valent bien ceux qui évoluent à l'étranger. D'où ce titre de joueurs locaux, CHAN, etc…un bidule créé de toutes pièces par une Confédération africaine qui semble s'ennuyer à mort de voir son football se déliter à mesure que passent les ans et surtout de ne pas avoir l'imagination fertile pour tirer de ces mêmes potentialités ce que font le reste des clubs à travers le monde une fois que les joueurs africains traversent les frontières. Benchikha va donc, avec une formation locale qui sera sans doute l'antichambre de celle qui représentera le pays à un niveau plus élevé, s'atteler à préparer la réserve de l'autre formation qu'il dirige, considérant à son sens que porter une double casquette dans ce cas d'espèce permet de faire de bons choix… les meilleurs. La question qu'il faudrait sans doute se poser est celle qui consiste à savoir si les footballeurs locaux, puisqu'il s'agit uniquement de footballeurs locaux, gagnent en adresse en rejoignant une sélection nationale préparatoire, quel serait l'argumentaire qui étaierait une telle certitude et qui autoriserait à voir autrement leur comportement une fois les frontières franchies et surtout une fois versés dans une compétition dans laquelle ils n'ont aucun repère immédiat. Ce sera le cas de la CHAN et il importe peu que l'EN A' évolue à Oum Dourmane. Ceci étant, le sélectionneur pourra se targuer autant qu'il le voudra de n'avoir retenu que des joueurs locaux mais il ne lui faudra surtout pas oublier qu'une bonne partie des éléments parmi les plus valables ont été formés à l'étranger notamment en France et y ont appris à jouer avant de se verser dans le championnat algérien. Car il serait trop facile de s'approprier des footballeurs dont le seul lien avec le pays reste leur appartenance au nom du sol ou du sang et qui, bénéficiant des moyens aussi rudimentaires, seraient-ils mis naturellement à leur disposition ailleurs, viennent mettre à la disposition des sélections nationales algériennes, voire des clubs leur savoir-faire. Et là pourrait malheureusement résider l'ambivalence du discours du sélectionneur national qui ne ferait que faire dans la récupération en mettant à profit l'amnésie quasi générale de l'environnement immédiat de ces mêmes sélections. Une amnésie plus volontaire que désintéressée. Ces errements autour de la sélection nationale ne sont pas l'apanage de la seule sélection nationale algérienne, loin s'en faut; des voisins comme le Maroc, la Tunisie vivent le même dilemme sauf que, dans ces pays, la lucidité et l'honnêteté morale sont plus présentes chez ceux qui ont fait les beaux jours du football national. Ce qui n'est pas le cas en Algérie dans la mesure où ceux qui gèrent de bout en bout le football n'ont aucune accointance avec la discipline ou du moins n'ont jamais brillé autrement, c'est-à-dire sur un terrain de football. La nature a horreur du vide et beaucoup ont su profiter de cette vérité vraie.