Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati La petite salle de théâtre de la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou a abrité jeudi dernier les travaux d'un atelier sur l'innovation dans l'entreprise algérienne que la direction de la PME et de l'artisanat a organisé en collaboration avec l'université de Tizi Ouzou. Cette rencontre a été l'occasion pour de nombreux chefs d'entreprise et des chercheurs de se rencontrer et d'entamer, comme le souhaitent les organisateurs, des relations de collaboration plus étroites entre les entreprises et les laboratoires de recherche de l'université. Et les organisateurs de la direction de la PME et de l'artisanat n'ont pas eu à attendre longtemps pour voir les fruits de leur initiative. En effet, dans le cadre des travaux de cet atelier sur l'innovation dans l'entreprise algérienne, la directrice de la PME et de l'artisanat a prévu une table ronde qui a réuni quelques chefs d'entreprise et des chercheurs de l'université de Tizi Ouzou. Une rencontre qui s'est avérée fructueuse à plus d'un titre puisque des participants ont convenu de nouvelles rencontres plus individuelles qui vont probablement aboutir à des accords de partenariat en matière d'innovation.C'est que, durant les séances de la matinée, les conférenciers n'ont pas manqué de séduire les chefs d'entreprise présents dans la petite salle de théâtre de la maison de la culture Mouloud-Mammeri où se sont relayés à la tribune, notamment, le vice-recteur chargé de la recherche scientifique de l'université de Tizi Ouzou, le président de la Chambre de commerce et d'industrie du Djurdjura (CCID), un représentant de l'Institut national algérien de la propriété industrielle (Inapi), un représentant de la société Capital Investissement El Djazaïr Istithmar ainsi que de nombreux enseignants chercheurs de l'institution universitaire de la ville des Genêts. M. Ameur, le vice-recteur, n'a pas manqué de signaler lors de son intervention, les nombreuses tentatives de l'université de rapprocher les chercheurs et les opérateurs économiques. En vain. Mais cette fois-ci, et quelques heures à peine après son intervention, les choses commençaient à se faire et les efforts de plusieurs années connaissaient un commencement très attendu. Même si le président de la CCID avait choisi de relativiser en enjoignant un préalable de taille comme «l'innovation [qui] doit aussi être au cœur des pouvoirs publics», suggérant la nécessité pour les autorités d'y mettre du leur, surtout qu'il ne manquera pas de préciser le caractère vital de l'innovation pour les entreprises.Les chercheurs et les opérateurs économiques ont été séduits séparément lors de cet atelier et ce, suite à deux communications présentées par le directeur des brevets au sein de l'Inapi, M. Mohamed Hadjouti, et le représentant d'El Djazaïr Istithmar, M. Yacine Mammeri, qui ont , chacun de leur côté, présenté des idées et solutions qui pourraient éventuellement les intéresser. Le responsable au sein de l'Inapi a tenté d'expliquer lors de son intervention destinée plutôt aux chercheurs, tout ce qui a trait à l'invention, ses conditions, les différentes formes de sa protection ainsi que les procédures de son enregistrement. Il a également précisé que le nombre de brevets obtenus par les sociétés algériennes reste faible.« Sur 700 à 800 brevets d'invention délivrés annuellement par l'Institut national algérien de la propriété industrielle (Inapi), seuls 10% appartiennent à des chercheurs et/ou entreprises nationales», a-t-il relevé. Et d'ajouter : «Le gros des titres de protection de la propriété industrielle délivrés par l'Inapi sont détenus par des opérateurs économiques étrangers activant sur le sol national.» Pour illustrer cette insuffisance dans le brevetage des innovations par les nationaux, le premier responsable de l'Inapi a souligné que «sur les 700 brevets établis en 2010, seuls 70 l'ont été au profit de chercheurs et d'opérateurs algériens». Pour sa part, M. Mammeri, représentant El Djazaïr Istithmar, une institution financière créée par la Badr et la Cnep Banque, a présenté des solutions de financement pour les entreprises, et ce, dans différentes situations, telles que la création, le développement et même la réorganisation. Si ces interventions ont été bien reçues par les participants, particulièrement par ceux qui sont intéressés en premier lieu par l'idée de l'innovation dans l'entreprise, c'est-à-dire les opérateurs économiques et les chercheurs universitaires, d'autres interventions n'ont pas manqué de faire tilt dans la tête des chefs d'entreprise présents dans la salle. Celle des chercheurs précisément qui n'ont pas manqué de montrer à quel point la science peut être au cœur de l'initiative économique et de l'évolution et le développement de l'entreprise. Les chercheurs de l'université de Tizi Ouzou, qui ont fait des interventions lors de cet atelier, ont surtout présenté des études de cas de collaboration entre eux et des entreprises d'un certain standing et ont réussi à attirer l'attention des chefs d'entreprise participant à l'atelier. Et les tables rondes qui ont suivi les différentes conférences pourraient être un point de départ d'une nouvelle ère rendue possible par cette initiative d'atelier. Les rencontres individuelles programmées par des chercheurs universitaires et quelques chefs d'entreprise sont un signe et l'avenir nous dira si ces rendez-vous seront fructueux.