Photo : Riad Par Abdelghani Aïchoun Le Championnat professionnel de football a été lancé en début de saison. A quelques mois de la fin de l'exercice, des incohérences liées aux statuts de ces «nouveaux» clubs, appelés «sociétés sportives par actions» (SSPA), se sont fait jour. Hormis peut-être deux cas, à l'image de l'USM Alger et de la JSM Béjaïa, tous les autres clubs de la DI n'ont pas encore procédé à l'ouverture de leur capital. En déposant leurs dossiers auprès de la Ligue nationale de football (LNF), la quasi-totalité des dirigeants des clubs de DI et de DII ont constitué des sociétés avec un capital d'un million de dinars (100 millions de centimes). C'est-à-dire le minimum requis par la réglementation algérienne pour mettre sur pied une société par actions. Si la chose a été validée au départ, étant donné que les uns et les autres étaient préoccupés par le lancement effectif du championnat, maintenant que plusieurs mois se sont écoulés, il est à se demander s'il est normal que des clubs de l'envergure du MC Alger ou de la JS Kabylie, pour ne citer que ces deux-là, fonctionnent avec un capital d'un million de dinars. Et dans certains cas, si ce n'est pas le «club sportif amateur» qui est actionnaire majoritaire, ce qui peut être perçu comme une manière de sauvegarder les intérêts de l'équipe, c'est carrément les dirigeants «amateurs» qui se sont appropriés le gros des actions. Une situation qui mérite réflexion mais surtout, réaction de la part des instances ayant en charge le football national. Il est certain que cette nouvelle façon de gérer la chose footballistique a besoin de temps pour se concrétiser sur le terrain. Mais, au vu de la réaction de bon nombre de dirigeants des clubs, il est clair qu'il y a, chez ce personnel, une volonté de «bloquer» les choses. Il est à noter que seul un ou deux cas se sont constitués en véritables SSPA. On peut citer à ce titre l'USM Alger, dont le capital est détenu par le groupe ETRHB, que dirige Ali Haddad, et la JSM Béjaïa des frères Tayab. Pour le reste, il n'y a que des déclarations d'intention du genre «le capital du club sera ouvert dans quelques jours». Ce qui s'apparente à une supercherie dans bien des cas. Bien évidemment, il n'est pas question de généraliser, puisque certains clubs n'ont réellement pas trouvé preneur. Et là il faut se demander alors pourquoi leurs dirigeants se sont empressés de se constituer en SSPA. En tout cas, les responsables de la Fédération algérienne de football (FAF) sont conscients de cette situation. Lors de la conférence de presse qu'il avait animée peu de temps avant le début de la saison, le président de la FAF, M. Mohamed Raouraoua, avait évoqué cette problématique, liée au capital minimum requis pour la constitution d'une SSPA. Il avait indiqué que l'instance footballistique va y remédier dès la saison prochaine en imposant une certaine «sévérité» quant au respect des conditions du cahier des charges. Celui-ci avait laissé entendre que si la FAF s'est montrée «souple» en ce début de saison, c'est seulement parce qu'il y a le souci de lancer le processus. En d'autres termes, des «rectifications» seront apportées au fur et à mesure que l'on avance dans le processus. «Il faut que le capital couvre le budget de fonctionnement du club», avait lancé, en définitive, le président de la FAF. Selon des indiscrétions, le ministère de la Jeunesse et des Sports et la FAF ont songé, il y a plusieurs semaines, à imposer, par décret, aux clubs l'ouverture du capital des SSPA aux investisseurs. Mais, pour le moment, la question n'est plus, apparemment, d'actualité. De gros privilèges sont en jeu et les résistances au changement sont très fortes. Les actuels dirigeants, responsables en partie de la situation dramatique du football national, savent très bien que s'il y a ouverture de capital, ils risquent de se retrouver sur la touche dans peu de temps. D'où toutes ces résistances à ce processus de professionnalisation. Si les autorités footballistiques du pays n'imposent pas une telle ouverture des capitaux, il est fort à parier que les choses n'évolueront pas dans le sens voulu. Il y a un fort risque de se retrouver en fin de saison, voire deux ou trois, au point initial. Quant aux dirigeants qui ne cessent de scander que les investisseurs ne se ruent pas pour l'achat des actions, il serait préférable aux instances footballistiques d'accompagner ce processus. En d'autres termes, il faut vérifier s'il y a une véritable volonté d'ouvrir le capital ou non. Il est clair que tout commence par une évaluation crédible de la valeur d'un club. Quel est le capital du MCA, de la JSK ou de l'ESS, et sur quelle base l'ont évalué ses dirigeants ? Ceci dit, les responsables de la Fédération algérienne de football et du ministère de la Jeunesse et des Sports devraient se pencher sérieusement sur ces questions. Si le processus a été lancé, les uns et les autres devraient faire en sorte pour qu'il aboutisse. Sinon, ça serait du temps perdu pour rien…