à quelques jours d'une rencontre capitale de l'équipe nationale de football face à son homologue sénégalaise dans le cadre des éliminatoires jumelées de la CAN 2010 et de la Coupe du monde de la même année, les déclarations de son sélectionneur, Rabah Saadane, ne sont pas sans susciter des interrogations au sein des observateurs de la scène footballistique. En annonçant, il n'y a pas longtemps, son intention de quitter la barre technique des Verts, Rabah Saadane aura offert une balle en or à ceux qui doutaient de son engagement à mener à terme sa mission de replacer le foot algérien sur la scène continentale, un objectif qui passe, au moins dans l'immédiat, par une qualification à la phase finale de la prochaine Coupe d'Afrique des nations. La démission annoncée de Saadane ne manque pas de motivations. Elle est née en effet suite au constat établi par le concerné lui-même : l'amélioration des conditions de travail de la sélection nationale promise par la fédération est restée au stade du discours. Il y a lieu de rappeler que la Fédération de football s'est montrée prête à satisfaire toutes les revendications de Saadane. Sur le terrain, rien n'a suivi et l'équipe nationale est toujours à la recherche de ses repères : ni lieu de regroupement digne d'une sélection nationale ni politique de planification incluant une programmation adaptée du championnat et du déroulement des matches amicaux. La situation a décidemment poussé le sélectionneur national à évoquer son retrait dès la fin de la phase des éliminatoires. Mais est-ce opportun d'annoncer son intention de partir au moment où l'équipe aborde une étape décisive de sa vie ? Assurément non. L'attitude de Rabah Saadane n'a pas été du goût des amoureux du onze national. Une telle annonce démotiverait sans nul doute le moral du groupe. Le rappel le plus solennel est venu de l'ancien international, Lakhdar Belloumi, qui a qualifié, dans les colonnes de Liberté-Foot, «de lâchage» la gestion de la sélection par l'actuel sélectionneur. «Comment expliquer alors qu'à quelques jours seulement du choc au sens propre du terme, Rabah Saadane se soit lâché publiquement en annonçant son intention de partir, levant le voile sur ses velléités de départ», écrit l'ancien meneur de jeu des Verts. Lakhdar Belloumi ajoute : «Désolé, mais ce n'est surtout pas comme cela qu'on prépare une équipe nationale sur le plan mental pour disputer son match le plus important de l'année. S'il se trouve, la meilleure solution donc de parer à cette inattendue sortie démoralisante et dévalorisante du coach national serait que la FAF, en tutelle qui se doit de prendre ses responsabilités, mette fin au désespoir annoncé de Rabah Saadane en l'exemptant de cette si importante rencontre face au Sénégal.» Il est manifestement clair que ce que d'aucuns assimilent à un défaitisme de la part du premier responsable technique de la sélection nationale risque de porter un sacré coup à une équipe qui ne manque pas de signes de vulnérabilité. D'où, d'ailleurs, le caractère inopportun de ses déclarations. Personne n'est insensible aux critiques qu'émet le coach national à chacune de ses sorties médiatiques, notamment en matière de politique globale de développement du sport en général et du football en particulier. Saadane a fait preuve d'une constance sans faille en matière de diagnostic de l'état actuel de la discipline la plus populaire du pays. Ce qui déplaît naturellement aux dirigeants, fans des discours pompeux et en déphasage de la réalité. Il n'a pas en effet cessé de rappeler que «nous sommes loin des nations qui travaillent». Mais dans le contexte actuel de la sélection, les déclarations de Saadane sont porteuses de nuisance et de méfaits pour un football chroniquement malade. Personne n'avait forcé le coach national à se prononcer sur son avenir. Personne n'ignore aussi les conditions déplorables dans lesquelles évolue l'équipe nationale de football. Ils ne seront pas nombreux à s'étonner en apprenant au mois d'octobre prochain la fin de mission de Rabah Saadane à la tête des Verts. Il est néanmoins utile d'observer que la nouvelle n'aurait pas autant de nuisance si elle a été annoncée au lendemain des présentes échéances. A. Y.