La relation des citoyens avec leur ville est un concept qui pourrait paraître saugrenu pour le commun des mortels tant il n'existe pas de liens d'affinité entre eux, ou alors le divorce est consommé s'il y a eu un jour des préoccupations pour notre cadre de vie. Rares sont ceux qui «s'encombrent» du souci de donner à leur milieu un aspect agréable mais en prenant le soin de poser des grillages autour du minuscule espace qu'ils se sont créé, histoire de le protéger de la dégradation. C'est que le civisme n'est pas une notion que l'on assimile pour en faire un geste de chaque instant et pour l'inculquer aux enfants. Ne s'inquiètent des routes défoncées que les automobilistes qui pensent plutôt à l'état de leur véhicule, alors que les habitants y sont indifférents. L'insalubrité fait partie du paysage – on ne saurait l'imaginer autrement – et face aux questions qui touchent directement à notre quotidien, telles que le problème de transport ou l'absence d'infrastructures de proximité dans le quartier, chacun laisse aux autres le soin de réagir, d'où l'inertie de tous. Il est loin le temps où les citoyens s'organisaient autour de syndics pour procéder à n'importe quel type de travaux (de l'éclairage de l'immeuble jusqu'à la réfection de conduites usées) ou pour porter leurs doléances devant les élus. Aujourd'hui, la tendance est à l'indifférence, que ce soit chez les uns ou chez les autres. Les représentants des citoyens au niveau des APC préfèrent s'enfermer dans leurs bureaux plutôt que de se rapprocher des administrés et de les impliquer dans la gestion de leur quartier et de leur ville. Jetée aux oubliettes, l'initiative de l'ancien wali d'Alger de créer des comités de ville (coville) n'a pas porté ses fruits. Il serait judicieux non seulement de les relancer dans la capitale, mais de les généraliser à tout le territoire national. Les élus ne doivent toutefois pas attendre cette éventualité pour se secouer et accomplir véritablement ce pour quoi ils ont été choisis et amener les citoyens à prendre part à toute action qui les concerne. R. M.