Qui ne s'inquiète de l'état actuel de notre cadre de vie en milieu urbain, même si en réalité cette dégradation est le produit de nos activités ordinaires qui nous paraissent absurdes ou criminelles et que parfois, on se sent mal à l'aise devant ce que sont devenus nos paysages urbains et leurs aménagements. L'évolution de nos milieux urbains révèle une extension très rapide et anarchique, au point que cette émergence d'espaces sans normes d'aménagements paysagers des zones urbaines, font révéler des carences de conception et de gestion des espaces urbanisables et des milieux urbains existants, où même l'héritage des espaces publics avec leurs espaces verts, ont été détourné de leur vocation première, qui est l'amélioration du cadre de vie des citoyens et du paysage urbain de nos agglomérations. Il ne se passe pas un seul jour, sans que des écrits de presse fassent état de la dégradation continuelle des espaces publics et des espaces verts de nos milieux urbains, par des individus sans foi ni loi, en l'absence des autorités compétentes et sous les yeux de citoyens impuissants. Transformée depuis plusieurs mois en véritable « souk » des fruits et légumes, la place Champs de Mars, située en plein centre-ville de Annaba, est devenue un véritable casse-tête pour les pouvoirs publics et les riverains, car cet espace était naguère parsemé d'espaces verts et fréquentés par des personnes en quête de repos, pour devenir par la suite une source de nuisance de toutes sortes dont particulièrement les ordures et les odeurs puantes. Jadis, la place de la République de la ville de Béchar était un endroit attrayant par sa propreté et son jardin verdoyant agrémenté par un jet d'eau lumineux, aujourd'hui cette place n'est plus un motif de fierté pour les riverains, car elle se dégrade au fil des jours, tout en se transformant en dépotoir et en lieu de retrouvailles de jeunes dealers ou d'ivrognes qui s'adonnent à l'intérieur des carrés du jardin à des beuveries devant des passants indignés qui la contournent tout en dénonçant l'état déplorable de cette place, de l'incivisme avéré de certains citoyens et du laxisme flagrant des services concernés aussi bien des responsables administratifs que des élus qui ne se soucient plus de la salubrité de leur ville. A Béjaïa, désespérés de voir venir les services de I'APC concernés par l'aménagement urbain, les habitants de la cité 5 Juillet ont décidé de résoudre eux-mêmes les problèmes liés à l'amélioration du cadre de vie de leur cité, en engageant des particuliers pour les travaux de réfection de la remise des dalles et la réhabilitation des espaces verts, tout en continuant à payer aux caisses de l'Etat la taxe d'habitation avec chaque facture d'électricité. Dans le but de préserver l'environnement et de donner un aspect agréable au nouvel axe routier à double sens reliant Sainte Clotide à Mers EI Kébir ville, sur un tronçon de 5 km, une vaste opération de plantation d'environ 1500 arbustes et palmiers ainsi que de nettoyage a été entamée en collaboration avec la subdivision des travaux publics de la daïra de Aïn EI Turck avec les services des forêts d'Oran. Notre capitale a adopté de nombreux programmes de développement urbain depuis les années 1960, mais si la plupart de ces programmes ont été interrompus ou gelés par manque de financement, de changement de politique ou encore de remplacement de certains responsables ; la majeure partie des constructions incluses dans ses 25 000 ha urbanisés a été réalisée de façon anarchique, au point que notre capitale, aujourd'hui, est appelée à devenir un milieu urbain sans perspectives de développement du cadre de vie des citoyens tant que les bidonvilles et autres habitations précaires qui sont un véritable frein à l'expansion du tissu urbain de notre capitale existent et occupent une superficie totale de 2000 ha environ. La nouvelle ville Sidi Abdellah, qui a démarré en 1998 à 25 km à l'ouest d'Alger, constitue une véritable aubaine pour la capitale qui étouffe à tout point de vue, car à terme, elle pourra abriter plus de 500 000 habitants qui trouveront tous les équipements sociaux nécessaires ainsi que les équipements scientifiques et technologiques appelés à structurer l'Algérie de demain. C'est parce que maintenant l'argent ne manque pas dans notre pays qu'il est primordial que nos autorités insufflent une forte dynamique à l'édification de cette ville nouvelle, tout en exhortant les ministères et les institutions publiques à démarrer au plus tôt les équipements qu'ils y avaient prévus pour que la nouvelle ville de Sidi Abdellah, qui est déjà baptisée « Les Mille et Une Nuits », offre un meilleur cadre de vie et une nouvelle destination pour tous les amoureux de la nature, car cette ville nouvelle sera dotée de parcs et de jardins dans le cadre de son aménagement paysager. Les habitants de la cité Sellier, du nom de l'urbaniste et du réformateur social Henry Sellier, située dans la commune de Hydra, se morfondent dans un environnement morose, car ses espaces verts, déjà mis à mal par la gabegie municipale, sont présentement ensevelis sous les éboulis par des actes d'incivilité de quelques locataires réfractaires. Si la capitale tunisienne « Tunis la ville verte » connaît ces dernières années une évolution en matière d'embellissement végétal et d'aménagement des espaces verts paysagers, avec la création des boulevards de l'environnement, dans le but de soutenir l'amélioration du cadre de vie de ses habitants et de développer le concept des aménagements paysagers, notre capitale connaît un déficit de 70 000 arbres par rapport aux standards applicables à une ville de la dimension de la ville d'Alger, car le manque d'entretien, le vandalisme et l'incompétence des opérateurs en matière d'aménagement des espaces verts paysagers ont fait échoué un projet ambitieux relatif à la mise en place de 100 000 arbres dans les rues de la capitale. Si chaque année, un grand nombre des arbres plantés aux abords des autoroutes meurt en raison du manque d'entretien, c'est parce que les sous-traitants chargés de planter ces arbres par les services d'urbanisme de la wilaya d'Alger ne s'occupent pas de leur entretien en permanence, ce qui réduit sensiblement leurs chances de survie, car la question des espaces verts, qui rentre dans le cadre des aménagements primordiaux pour la réussite de l'amélioration du cadre de vie des citoyens, pose un véritable problème dans notre capitale, au point que la plupart des espaces verts qui y existent actuellement datent de l'époque coloniale et souffrent, à quelques exceptions près, d'un sérieux manque d'entretien pour leur survie comme c'est le cas pour le jardin d'Essais d'El Hamma, qui est un jardin légendaire et mondialement connu pour ses valeurs historiques, esthétiques et scientifiques. Selon une étude britannique réalisée par un bureau de recherche spécialisé, en l'occurrence The Economist Intelligence Unit, notre capitale est l'une des villes les moins fréquentables dans le monde, loin des villes comme Vancouver, Melbourne, Vienne et Genève qui passent pour être les meilleures villes du monde où il fait bon vivre. La ville d'Alger est considérée, par cette étude, parmi les plus mauvaises destinations de la planète, tant pour les touristes que pour les investisseurs ou les étrangers désireux de s'y établir, car ses infrastructures et son cadre de vie sont en deçà des normes internationales souhaitées, pour donner à ses citoyens ou à ses hôtes, les conditions de vie agréable. Au moment où la ville de Dubaï ravirait la vedette aux grandes métropoles internationales et qu'au rythme où vont les choses, elle sera pour les Emirats ce que la Californie est pour les Etats-Unis aujourd'hui, parce que les projets les plus fous sont lancés en un tour de main, la ville dAlger, cité de Beni Mezghenna et ville de Sidi Abderrahmane, que l'insalubrité ronge de partout comme un cancer et avec un manque flagrant d'infrastructures de transport et de structures de divertissement comme les parcs paysagers, a peu de chance de rivaliser avec les mégalopoles européennes, sud américaines ou asiatiques et reste condamnée à se joindre aux villes de Dacca, Karachi, Lagos et Phnom Penh, tant que l'Algérie actuel ne saura pas accorder ses violons en matière d'harmonisation et de valorisation des espaces publics dans l'amélioration du cadre de vie en milieu urbain. C'est parce que l'Algérie est le seul pays au monde où la plupart des responsables des collectivités locales font les choses à l'envers que la wilaya d'Alger qui possède 30 APC déficitaires parmi ses 57, collabore presque toujours avec les mêmes établissements publics à caractère industriel et commercial (Epic) pour satisfaire ses urgences politiques d'embellissement disparates de ses milieux urbains et des espaces verts, sans toutefois respecter la réglementation des marchés en vigueur, qui exige la présence d'un bureau d'études spécialisé pour chaque projet d'aménagement et interdit le gré à gré pour les entreprises de réalisation sans une consultation conforme à la réglementation en vigueur. A cause de ces pratiques du temps de la gestion de l'enfermement idéologique, notre capitale est souvent privée de la compétence et du savoir-faire des quelques spécialistes algériens, qui œuvrent à la recherche de meilleures solutions pour améliorer le cadre de vie de nos milieux urbains et des espaces verts paysagers, car avec ces Epic d'aménagement des espaces publics et du nettoyage des milieux urbains, l'incompétence professionnelle dominera le paysage urbain de la capitale ainsi que celui des agglomérations de nos wilayas, tant que les premiers responsables usent des mêmes pratiques révolues, loin des solutions modernes qui feront avancer notre pays vers la prospérité de milieux urbains et la promotion du tourisme national et international. Il serait inconvenant de nier la réalité de notre capitale et de nos autres mégalopoles et agglomérations, car juste en se mesurant à de grandes villes arabes du bassin méditerranéen, on remarque que leurs villes, à l'instar des nôtres, offrent des conditions de vie aussi agréables qu'intéressantes, comme en témoigne le taux de touristes qui affluent vers des villes comme Tunis, Marrakech, Tanger, Alep, Damas ou encore Beyrouth qui en dépit des violences demeure l'une des destinations les plus prisées de la région du Proche-Orient. Si aujourd'hui nos villes sont dans un état lamentable, ce n'est que parce qu'en matière d'aménagement urbain et de création des espaces verts paysagers, l'Algérie vit toujours au temps des pratiques de la gestion de l‘enfermement idéologique, lorsqu'on se souciait peu de mettre au diapason l'amélioration des milieux urbains avec le développement économique et social. Comment ne pas être déçu par le classement de la ville d'Alger parmi les dix villes les moins vivables sur 127 agglomérations du monde, quand on voit que notre capitale « Alger la blanche » est devenue si repoussante et qu'à quelques encablures de l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique, se trouve le bidonville Nass El Kazirna où l'éclairage public est inexistant au point que l'insécurité est totale dès la tombée de la nuit et où des groupuscules épars de jeunes vivent de petits larcins et s'adonnent à la consommation de drogues et d'alcool sous les regards de l'exécutif communal, qui semble ignorer même leur existence, tout en honorant des cérémonies de distinction régulières dans des salles des fêtes privées ou des hôtels huppés de la capitale au coût exorbitant, au lieu de se préoccuper de l'amélioration des conditions et du cadre de vie de la majorité de leurs citoyens, afin de vaincre l'insalubrité de cette partie de la capitale. Car, selon le président du Collège national des experts architectes (CNEA), la ville d'Alger risque de se transformer en une multitude de ghettos dans les quelques années à venir, si aucune mesure n'est prise pour améliorer la situation et éviter le risque d'encourager la généralisation de nombreux fléaux sociaux au sein de ses zones urbaines. Quarante-trois ans après l'indépendance, on n'arrive toujours pas, dans notre pays, à maîtriser la réussite de l'action d'amélioration du cadre de vie de nos citoyens en milieu urbain. Et si nos zones urbaines se dégradent de jour en jour et qu'elles sont de plus en plus laides avec un paysage incompréhensible et des espaces verts disparates, ce n'est que parce qu'au niveau des collectivités locales, on garde toujours le réflexe de la gestion d'antan qui a été décrété après l'indépendance, quand il y avait des zones urbaines avec un semblant de cadre de vie et des citoyens avec quelques notions d'éducation civique, héritée du temps du colonialisme, et que la priorité - donnée à l'amélioration des conditions de vie de nos citoyens - consistait à leur apporter de l'électricité, de l'eau, du gaz et des logements décents pour vaincre la création anarchique des bidonvilles qui symbolisaient pour, ce temps-là, la continuité de la présence du cadre de vie colonialiste. La qualité de la vie, c'est le degré de bien-être des citoyens qui dépendent d'un certain nombre de facteurs, notamment le droit au logement, l'accès à l'eau potable, les possibilités de scolarisation, l'accès aux soins et le bénéfice de certaines prestations de services. L'amélioration du cadre de vie des citoyens, c'est tout d'abord la revalorisation de la ville et ses quartiers, en requalifiant leurs espaces extérieurs et en créant des espaces verts munis de lieux de détente et de récréation pour toutes les tranches d'âge, tout en assurant un entretien permanent grâce à des microentreprises spécialisées, qui entretiennent le mobilier urbain extérieur (jeux publics, bancs, abribus...), les fontaines, les végétaux et nettoient les monuments, les panneaux de signalisation, les trottoirs et les espaces publics et verts. L'absence chez nous d'une action réelle pour l'amélioration du cadre de vie en milieu urbain, avec la création de lieu de détente comme les espaces verts et les jardins publics paysagers, laisse les citoyens amoureux de la nature se contenter de jardins suspendus loin des mythiques Jardins suspendus de Babylone. C'est le cas d'un citoyen de Meskiana qui a créé un vrai jardin où fleurissent et s'épanouissent des arbres, des rosiers et diverses plantes grimpantes dans le moindre espace de ses balcons à l'étage, comme s'il voulait donner un signe à nos autorités compétentes pour les pousser à réfléchir et à mettre en place une action concrète afin d'aboutir à l'amélioration des espaces publics. La création d'un urbanisme végétal au sein de nos milieux urbains, qui sont, aujourd'hui, envahis de plus en plus par le béton, rendant nos paysages urbains insupportables à voir, serait l'idéal. Parce que l'avenir de notre pays peut avoir des conséquences économiques évidentes, à cause des coûts que notre Etat va dépenser pour éviter les dégradations à venir de nos paysages urbains et ceux destinés à la réparation des dommages causés sur tous les projets d'aménagement disparates réalisés à coups de milliards de dinars, avec un manque de savoir-faire en qualité paysagère, chez la majorité de nos maîtres d'ouvrage et de nos maîtres d'œuvres, ayant défilé depuis l'indépendance pour l'aménagement de nos milieux urbains.(A suivre)