De notre correspondant à Constantine A. Lemili Durant une semaine environ, le hall de la maison de la culture Mohamed Laïd El Khalifa accueillera une exposition artistique à laquelle participeront des artistes peintres non pas pour prouver leur valeur mais beaucoup plus pour répondre à une sorte de main tendue par le directeur de wilaya de la culture, T. Foughali. Ce dernier se démène depuis plus de quatorze mois pour relancer toutes les formes d'expression artistique et culturelle dans une ville dramatiquement en manque de culture.Nous avons approché lors de cette exposition deux artistes peintres, une femme et un homme, auprès desquels nous avons tenté de comprendre les raisons de l'indisponibilité de galeries qui permettrait un brassage permanent de la création et pourquoi pas, la confrontation entre écoles et courants même si l'acception même des termes évoqués n'est plus en vogue. Des espaces existent, mais les initiatives manquent Pour Hacene Chorfi, «effectivement, des espaces d'expression manquent cruellement. Pis, ceux qui permettaient quelque peu de respirer, en l'occurrence les quelques ateliers qui existaient à hauteur du palais de la culture, ont été fermés. Bien entendu, je ne vais pas aller vite en besogne en faisant le procès des responsables qui ont pris cette mesure. Loin s'en faut, d'autant plus semblerait-il, qu'il serait question de les réhabiliter pour les mettre à la disposition d'artistes activant ès qualités. C'est tant mieux donc, mais cela ne m'empêchera pas de faire grief aux pouvoirs publics pour la non-affectation des nombreux bâtiments désaffectés depuis une, voire deux décennies et occupés par les volatiles, les toxicomanes, les alcooliques alors qu'ils peuvent rendre énormément service à tous les artistes, tous arts confondus». Et ce ne sont pas, en effet, ces espaces qui manquent aussi bien en plein centre-ville qu'alentour. Quand le logement devient galerie d'exposition Lichani Mimia, qui déplore le très peu d'intérêt des pouvoirs publics à la chose culturelle et artistique, a quand même préféré ne s'en remettre qu'à elle-même et l'initiative qu'elle a engagée mérite bien des égards. Propriétaire d'un logement personnel, elle a tout simplement décidé d'en faire une superbe galerie et atelier où elle se retire quand l'inspiration déborde pour y matérialiser sinon entamer la matérialisation d'une ponctuelle fulgurance. Nous saurons sur place en visitant les lieux que, si «l'inspiration d'une œuvre vient spontanément à partir d'un détail, il m'arrive de terminer le travail entrepris parfois en une semaine comme cela peut être en quatre mois. Il m'est même arrivé de rompre littéralement avec un travail entamé et de rester une dizaine d'années sans y toucher comme cela a eu lieu avec une de mes peintures [une merveille que nous avons eu le bonheur de contempler, ndlr]. En réalité, une œuvre est rarement achevée dans sa totalité. Un artiste se dira toujours qu'il est encore possible d'ajouter un petit quelque chose». Un rien qui fait pourtant un tout pour les grands artistes et c'est ce souci de perfection qui fait d'ailleurs que les peintres n'arrêtent pas de se transcender dans l'imagination. L. Mimia est plutôt touche-à-tout, elle peint sur toile, sur soie, n'hésite pas à franchir le Rubicon pour s'aventurer dans le numérique et ce qui est certain, c'est que tout ce qu'elle exprime dans ses œuvres vient d'expériences sans cesse renouvelées du quotidien, de l'actualité, qu'elle soit nationale ou internationale, des fragrances d'un voyage à l'étranger car elle a eu à exposer à Sofia, Prague. «Quoique parfois cela vienne de l'air du temps, j'ai récemment voulu créer quelque chose qui a un lien avec l'Egypte [bien avant les événements politiques récents, ndlr] en tant que grande civilisation comme celle des Mayas, des Aztèques, tout en interprétant les grandes caractéristiques de cette civilisation autrement, c'est-à-dire en y apportant ma propre perception», soulignera-t-elle. «Oui, les couleurs peuvent vous paraître vives mais il y a une très grande harmonie, les contrastes ne sont pas forcés, ils ne choquent pas dans la mesure où l'harmonie permet de les lier», précisera-t-elle en réponse à notre question sur la présence de couleurs multiples et à notre sens assez appuyées. Des projets pour empêcher les artistes d'aller ailleurs Quoi qu'il en soit, la galerie de l'artiste peintre est un véritable havre de paix pour qui y entre dans la mesure où elle n'a plus laissé de nudité dans l'appartement. Sols, murs, coins… tout est rempli. Jusqu'à la salle de bains dont les équipements d'usage ont été gommés pour laisser la place encore et encore à des toiles, des bibelots, des tapis multicolores. La réouverture dans les semaines à venir de la galerie Issiakhem au sein de la maison de la culture Mohamed Laïd El Khalifa devrait très certainement rendre l'espoir aux nombreux artistes constantinois qui sont obligés de se téléporter vers d'autres wilayas parfois très éloignées rien que pour le besoin de trouver des espaces d'expression. Ladite galerie est fermée depuis presqu'une dizaine d'années et a connu une opération de réhabilitation entreprise au cours de 2010