Synthèse de Sihem Ammour Sans grande surprise, parti favori avec pas moins de douze nominations, c'est bien le Discours d'un roi qui a été sacré grand vainqueur de cette 83e cérémonie des oscars qui s'est déroulée dans la soirée de dimanche dernier au prestigieux Kodak Théâtre en raflant quatre statuettes dorées, dont trois dans les catégories les plus convoitées, le meilleur film, le meilleur acteur, Colin Firthet, et le meilleur réalisateur, Tom Hooper. Le Discours d'un roi s'est aussi imposé dans la catégorie meilleur scénario original. Les critiques de la presse spécialisée ont fusé pour souligner que le jury de cette édition a privilégié le classicisme à des œuvres originales et audacieuses, à l'instar de The Social Network de David Fincher. Sans surprise non plus, Natalie Portman a été désignée meilleure actrice pour son rôle de danseuse étoile schizophrène dans l'émouvant Black Swan de Darren Aronofsky. L'actrice, actuellement enceinte, a remercié le réalisateur qu'elle a qualifié de «leader courageux et visionnaire», mais c'est au chorégraphe du film, Benjamin Millepied, dont elle attend un enfant, qu'elle a réservé le plus beau compliment : «Merci de m'avoir donné le rôle le plus important de ma vie.» Rien pour Hors-la-loi L'Algérie, qui était en lice dans la catégorie du meilleur film étranger avec Hors-la-loi de Rachid Bouchareb, est revenue bredouille de cette 83e cérémonie des oscars. Finalement, c'est la réalisatrice danoise Susan Bier, avec son drame In a better world, qui a remporté la statuette convoitée par l'Algérie. Le film qui a suscité les polémiques dès sa sortie propose une fascinante réflexion sur l'éducation, l'enfance, la virilité en traçant le portrait de deux familles. En fait, tel qu'il est souligné dans le synopsis, le film relate l'histoire d'Anton, un médecin qui partage son existence entre son foyer installé dans une ville paisible du Danemark et son travail dans un camp de réfugiés en Afrique. Il est séparé de sa femme, Marianne, et tous deux songent à divorcer. Leur fils aîné, Elias, âgé d'une dizaine d'années, se fait brutaliser à l'école par certains de ses camarades, jusqu'au jour où un autre garçon, Christian, décide de prendre sa défense. Des liens étroits se tissent bientôt entre les deux camarades. Mais quand Christian implique Elias dans un acte de vengeance particulièrement risqué, où des vies humaines sont en jeu, leur amitié s'en trouve durement éprouvée. Dans des mondes que tout oppose, ces enfants et leur famille seront appelés à faire des choix difficiles entre vengeance et pardon. De nombreux critiques ont salué le talent de la réalisatrice danoise en soulignant notamment que «son caractère féminin inscrit beaucoup de sensibilité à ses œuvres mais sans jamais tomber dans la mièvrerie, avec subtilité, nuance et sobriété. Dans des situations assez extrêmes, elle offre toujours une attention compassionnelle à ses personnages. Plus important encore, elle nous raconte de véritables histoires, ses scénarios sont aboutis, il y a un début, un milieu, une fin. Son cinéma est capable de nous divertir tout en nous faisant réfléchir et ressentir. C'est assez simple mais efficace, c'est ce que l'on attend du cinéma». Consolations et déceptions The Social Network a toutefois remporté l'Oscar du scénario adapté, une victoire attendue pour Aaron Sorkin. Le film a également reçu un trophée pour son montage et sa bande son. Quant à The Fighter, le film nommé sept fois, il a valu un oscar à Christian Bale et à Melissa Leo dans les catégories de meilleur second rôle masculin et féminin. Toy Story 3 a sans surprise été désigné meilleur film d'animation. Par ailleurs, le grand déçu de cette édition est sans conteste Inception. Ce film, nommé huit fois, ne s'est imposé que dans les catégories techniques (mixage et montage son, effets spéciaux et cinématographie). Quant au grand perdant de cette 83e édition, c'est True Grit, le western des frères Coen, qui est reparti les mains vides malgré dix nominations.