Synthèse de Sihem Ammour L'incroyable aventure d'un jeune orphelin musulman natif des bidonvilles de Bombay, Slumdog Millionaire, a déferlé tel un tsunami, dimanche dernier, sur la 81ème cérémonie des Oscars et en a raflé huit, dont le plus convoité, celui du meilleur film remis au producteur Christian Colson, qui a déclaré à l'assistance : «Quand nous avons démarré, nous n'avions pas de stars, pas de puissance ni de muscles. Nous n'avions pas assez d'argent pour faire ce que nous voulions. Mais nous avions un script qui a rendu fou d'amour tous ceux qui l'ont lu. Nous avions la passion et la foi, et quand on a ces deux choses, tout est possible», a lancé le producteur. Slumdog Millionaire, réalisé par Dany Boyle, a ainsi régné sur l'univers de paillettes et de luxe de Hollywood en remportant huit statuettes, dont celles du meilleur réalisateur, du scénario, de la photographie, du montage et du mixage sonore ; deux revenant au compositeur indien A. R. Rahman pour la musique et la chanson originales. Adapté du roman de l'écrivain et diplomate indien Vikas Swarup «Q&A», Slumdog (littéralement le bâtard des bidonvilles) raconte l'histoire de Jamal Malik, qui participe à la version locale de l'émission «Qui veut gagner des millions ?» Deux autres statuettes, celle de la meilleure actrice et du meilleur acteur ont respectivement été remportées par Kate Winslet et Sean Penn. Cinq ans après son oscar du meilleur acteur grâce à son personnage de père vengeur dans Mystic River, Sean Penn a effectué le doublé en obtenant le même prix pour le personnage de Harvey Milk, pionnier des droits des homosexuels assassiné il y a 30 ans. Après cinq nominations infructueuses, Kate Winslet, l'inoubliable Rose de Titanic, a enfin décroché le précieux oscar de la meilleure actrice grâce au Liseur où elle incarne une ancienne gardienne de camp nazi. L'émotion était aussi fortement présente au théâtre Kodak lorsque Heath Ledger, décédé en janvier 2008 à l'âge de 28 ans, a été distingué par l'oscar du second rôle masculin au titre de Batman, le chevalier noir dans lequel il jouait le diabolique Joker. Pénélope Cruz est, elle, devenue la première Espagnole oscarisée pour le second rôle féminin dans Vicky Cristina Barcelona de Woody Allen. La statuette de l'œuvre en langue étrangère a été attribuée au film japonais Departures, l'histoire d'un violoncelliste qui devient embaumeur après la faillite de son orchestre. L'oscar du film d'animation est allé à Wall-E, fable du studio Pixar, qui raconte l'histoire d'un petit robot compacteur de déchets, seul sur une terre abandonnée des humains et recouverte de débris, tombant amoureux d'un robot femme. Man On Wire, relatant l'exploit du funambule français Philippe Petit qui avait marché entre les tours du World Trade Center en 1974, a reçu l'oscar du documentaire. Le grand perdant de cette soirée est sans conteste l'Etrange histoire de Benjamin Button. Nominé 13 fois, il n'a remporté finalement que trois oscars techniques : direction artistique, effets visuels et maquillage. L'acteur américain Jerry Lewis a, quant à lui, reçu un oscar d'honneur au titre de ses activités humanitaires. «Pendant la plus grande partie de ma vie, j'ai pensé que faire le bien pour quelqu'un ne voulait pas dire que l'on serait remercié pour cet acte de bonté, du moins jusqu'à maintenant», a déclaré le comique qui fêtera en mars ses 83 ans. Hier, le Premier Ministre britannique Gordon Brown a déclaré dans un communiqué de Downing Street que «le triomphe de Slumdog Millionaire, ajouté à l'oscar de la meilleure actrice pour Kate Winslet, est un succès fantastique pour l'industrie cinématographique britannique». De son côté, l'Inde s'est félicitée, hier, du succès du film, à travers un message de félicitations du Premier ministre Manmohan Singh à toute l'équipe de Slumdog Millionaire où il écrit : «Ils ont rendu l'Inde fière.»